"Noémie dit oui" et "Burning Days" : nos reco ciné du 26 avril

Noémie dit oui

Il y a quelque chose d’impropre dans le titre de ce film qué­bé­cois. À moins de l’entendre comme une anti­phrase pro­vo­cante… Car, si Noémie, son héroïne de 15 ans, se livre à la pros­ti­tu­tion sous la hou­lette d’un petit voyou désin­volte, cela après avoir fui le centre qui l’hébergeait depuis trois ans, elle n’en reste pas moins rétive et indomp­table. Ce que montre bien d’ailleurs Geneviève Albert, la réa­li­sa­trice de cette chro­nique natu­ra­liste sans com­pro­mis (scènes de passes glau­quis­simes dans un hôtel imper­son­nel à la clé). Sa camé­ra reste ain­si judi­cieu­se­ment col­lée à elle, contre, tout contre son corps minus­cule et ses furies majus­cules. Révélant la force vitale de ce per­son­nage hyper atta­chant, ain­si que le talent impres­sion­nant de Kelly Depeault, sa jeune inter­prète. Nul doute qu’on la reverra !

Noémie dit oui, de Geneviève Albert.

Burning Days

Il est tou­jours dan­ge­reux de remettre en cause l’ordre éta­bli. Ce que va décou­vrir Emre, un jeune pro­cu­reur inflexible qui vient d’être nom­mé dans une petite ville recu­lée de Turquie. Là même où règnent cor­rup­tion, clien­té­lisme et machisme débri­dé – la rou­tine ! –, mais aus­si viri­li­té toxique, homo­pho­bie décom­plexée et vio­lences sexuelles. Noir, c’est noir : le film d’Emin Alper, sélec­tion­né à Cannes l’an der­nier, frappe par sa vir­tuo­si­té et son mélange de registres (on passe de la comé­die à la ter­reur et du wes­tern au thril­ler), comme par l’audace des thèmes qui tra­versent son intrigue hale­tante (notam­ment les méfaits du popu­lisme). Couronné de prix à l’international, Burning Days a été accu­sé de « pro­pa­gande LGBT » par le gou­ver­ne­ment turc (alors que le mot homo­sexua­li­té n’est jamais pro­non­cé dans le film et que ça n’est pas son sujet). CQFD.

Burning Days, de Emin Alper.