L’une ne sera jamais mère, l’autre l’est devenue très jeune, sans l’avoir choisi. Maternal a pour héroïnes deux femmes que tout oppose, a priori : Paola, douce religieuse nouvellement affectée dans un couvent à Buenos Aires, et Luciana, l’une des mères adolescentes fougueuses auprès desquelles Paola intervient.
Est-ce à dire qu’elles vont s’affronter pendant une heure et demie ? Eh non ! Ce premier film de fiction, réalisé par la documentariste italienne Maura Delpero, est beaucoup plus subtil que cela. Maternal pulvérise gentiment – mais sûrement – les stéréotypes manichéens dans lesquels la tradition judéo-chrétienne enferme les femmes depuis trop longtemps. Paola n’est pas une sainte, pas plus que Luciana n’est une dévergondée sans cervelle. Ni pute ni soumise, en gros ! Mieux, l’une et l’autre vont carrément s’entraider (aux côtés d’une troisième comparse dénommée Fatima). Une démarche qui va permettre à chacune de repenser son rapport à la maternité…
Car là est l’essentiel : Maternal, le bien nommé, est un film qui interroge avant tout cet instinct que d’aucuns appellent maternel. Toute femme doit-elle le posséder ? Et puis ça veut dire quoi « être une bonne mère », au fond ? Telles sont les (bonnes) questions qui jalonnent ce huis clos jamais pesant. Grâce en soit rendue à la mise en scène de Maura Delpero. Aussi sobre qu’inspirée, elle met en valeur le jeu vibrant des comédiennes, pas forcément professionnelles. Du coup, un entêtant parfum de vérité transcende son récit, tour à tour drôle et poignant. Alléluia.