0319029
Benoît Poelvoorde dans "Normale", d'Olivier Babinet

Benoît Poelvoorde : « J'ai beau ne pas avoir d'enfant, y a rien à faire, ça vient natu­rel­le­ment de les prendre sous son aile »

Il est merveilleusement drôle et touchant en père veuf, malade, un peu geek et mal élevé, d’une ado dans Normale, le joli film rêveur d’Olivier Babinet en salles mercredi 5 avril. Rencontre avec Benoît Poelvoorde, qui dit préférer « parler fort plutôt que parler de lui », mais se prête gentiment au jeu de l’interview…

Causette : Qu’est-ce qui vous a séduit dans l’histoire de cette collégienne prenant soin de son père, veuf et malade ? Que le film ne cherche jamais à s’apitoyer… ou que le père, votre personnage, élève sa fille à grand renfort de pizzas et de films d’horreur ?
Benoît Poelvoorde : En fait, j’ai rencontré Olivier [Babinet, le réalisateur, ndlr] avant même d’avoir lu son scénario. Et j’ai quasiment dit oui à l’issue de cette rencontre tellement le bonhomme m’a plu ! Il y a quelque chose de gentil, de bienveillant chez lui, c’est rare dans le cinéma, c’est un truc qui me touche. Et puis la cohérence de son discours… Il a fait des choix très personnels, très artistiques dans son film. C’est vrai qu’il arrive à aborder son sujet de façon impeccable, alors que le côté « petite fille et mec malade », ça pourrait vite devenir misérabiliste et faire peur. Or pas du tout ! Son héroïne, Lucie, est juste une jeune fille époustouflante et grâce à Justine [Lacroix, sa partenaire de jeu], on y croit ! Il faut dire que la dynamique entre nos deux personnages s’est mise en place très tôt. J’ai voulu faire les castings avec elle. Je l’ai fait gentiment, pour aider. Parce qu’à cet âge-là, ce genre d’exercice est difficile…

Un réflexe très paternel ! Précisément, les liens père-fille structurent tout le film. Or vous n’avez pas d’enfant dans la « vraie vie » : cela vous a fait douter au départ ?
B.P. : Pas vraiment. J’ai déjà été papa dans plusieurs films, et puis j’ai été enfant. J’ai perdu mon père assez jeune, mais j’ai toujours ma maman. J’ai eu la chance d’avoir une mère qui m’a énormément aimé, j’ai donc puisé dans mon quotidien, tout simplement. Et puis, y a rien à faire, ça vient naturellement de protéger une enfant, de la prendre sous son aile. Je vois bien, là, alors que je suis en promo pour le film avec Justine… Je la rassure. Je l’emmène avec moi pour telle ou telle émission de radio alors qu’elle n’est pas invitée, et je lui dis t’inquiète pas ! L’émerveillement qu’elle a, face à tout ça, c’est un peu l’émerveillement que l’on perd en vieillissant. C’est une sorte de relais.

Olivier Babinet, l’auteur-réalisateur de Normale, a pris plaisir à mélanger les genres pour raconter son histoire. Il dit aussi que s’il vous a choisi, c’est parce que vous êtes « un genre à vous tout seul ». Qu’en pensez-vous ?
B.P. : Ah, c’est joli ! C’est un peu comme mon épouse, quand elle me dit que je suis un spécimen. Oui, c’est assez logique que je défende Normale vu que j’ai du mal à m’inscrire dans la norme… Mais qu’est-ce que c’est la norme ? Il m’arrive souvent, par exemple, de siffler quand je fais des courses, pendant des heures, sans m’en rendre compte. Je suis au rayon cornichon et je suis seul dans ma tête. C’est ma femme qui me le fait remarquer, parce que moi c’est mon monde, je m’en fous. A ce sujet, il m’est arrivé un truc très mignon, pendant le tournage de Normale d’ailleurs, enfin pendant que j’étais arrêté. J’étais bien malade, une pneumonie, et j’étais dans un magasin quand une dame s’approche et me dit : « Mais qu’est-ce qui vous arrive ? Vous ne sifflez pas, vous êtes malade ? » Hé bien ça m’a ému ! Tout ça pour dire que je pense que tout le monde est un genre à lui tout seul… et que je préfère siffler dans ma tête plutôt que de porter des écouteurs. Chacun son système pour tenir le coup !

Normale, d’Olivier Babinet. Sortie le 5 avril.

Vous êtes arrivé.e à la fin de la page, c’est que Causette vous passionne !

Aidez nous à accompagner les combats qui vous animent, en faisant un don pour que nous continuions une presse libre et indépendante.

Faites un don
Partager

Cet article vous a plu ? Et si vous vous abonniez ?

Chaque jour, nous explorons l’actualité pour vous apporter des expertises et des clés d’analyse. Notre mission est de vous proposer une information de qualité, engagée sur les sujets qui vous tiennent à cœur (féminismes, droits des femmes, justice sociale, écologie...), dans des formats multiples : reportages inédits, enquêtes exclusives, témoignages percutants, débats d’idées… 
Pour profiter de l’intégralité de nos contenus et faire vivre la presse engagée, abonnez-vous dès maintenant !  

 

Une autre manière de nous soutenir…. le don !

Afin de continuer à vous offrir un journalisme indépendant et de qualité, votre soutien financier nous permet de continuer à enquêter, à démêler et à interroger.
C’est aussi une grande aide pour le développement de notre transition digitale.
Chaque contribution, qu'elle soit grande ou petite, est précieuse. Vous pouvez soutenir Causette.fr en donnant à partir de 1 € .

Articles liés