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(©Chloe Kritharas)

"Les Cyclades", "La Ligne"… Les sor­ties ciné du mer­cre­di 11 janvier

Au pro­gramme de ce 11 jan­vier, une comé­die solaire et tou­chante avec Les Cyclades, et un film para­doxal, com­plexe et per­cu­tant avec La Ligne.

Les Cyclades

De Laurel et Hardy à La Grande Vadrouille en pas­sant par… Starsky et Hutch, on est toutes et tous capables de citer au moins un exemple de « bud­dy movie » sans réflé­chir. Mais si, vous savez bien, ce « film de potes » boos­té par deux héros insé­pa­rables quoique aux anti­podes l’un de l’autre – comé­die oblige ! Un genre très mas­cu­lin que Marc Fitoussi a sou­hai­té décli­ner au fémi­nin, pour notre plus grand plaisir.

Le réa­li­sa­teur du sémillant Copacabana, mais encore de la réjouis­sante série Dix pour cent, nous entraîne donc dans le quo­ti­dien (très) mou­ve­men­té de Magalie, une jour­na­liste aus­si joyeuse que bor­dé­lique, et de Blandine, une ban­lieu­sarde net­te­ment plus coin­cée, sinon lar­guée depuis son divorce. Contre toute attente, ces deux qua­dras ont été les meilleures amies du monde à l’adolescence. Alors que leurs che­mins se croisent de nou­veau, elles décident – les incons­cientes ! – de faire ensemble le voyage dont elles ont tou­jours rêvé. Direction la Grèce, son soleil, ses îles et… ses galères !

Quand bien même tout concourt au bur­lesque, donc à une pro­me­nade sym­pa­thique dans les codes du genre, on se laisse prendre par ces retrou­vailles dis­so­nantes. D’abord parce qu’elles ne sont pas que drôles : Marc Fitoussi y dis­tille une dose bien­ve­nue de gra­vi­té, voire de cruau­té. La bonne sur­prise vient aus­si du cas­ting : certes, on a déjà vu Laure Calamy (alias Magalie) s’épanouir dans le registre tor­nade, mais elle y est une fois de plus épa­tante, tan­dis qu’Olivia Côte (alias Blandine) lui tient for­mi­da­ble­ment tête, même dans ses silences. Quant à Kristin Scott Thomas (dans le rôle secon­daire quoique exu­bé­rant de Bijou), elle est assu­ré­ment « the cher­ry on the cake » !

Les Cyclades, de Marc Fitoussi

La Ligne

Il est des films plus frap­pants que d’autres, et celui-​là en fait indu­bi­ta­ble­ment par­tie… D’abord parce que Margaret, son héroïne, est une femme qui se bat, phy­si­que­ment, constam­ment, telle une boxeuse à fleur de peau dont chaque coup (don­né ou reçu) raconte un besoin d’amour poi­gnant. Un per­son­nage hors norme, qui met KO bien des sté­réo­types. Ensuite en rai­son de son décor sai­sis­sant, un mélange curieux de lotis­se­ments bor­dés de mon­tagnes, de canaux et de ter­rains vagues qui relève à la fois du wes­tern et de l’espace mental.

Précisément, La Ligne s’ouvre sur l’expulsion de Margaret de la mai­son de sa mère, qu’elle vient d’agresser vio­lem­ment. Une mise à l’écart bien­tôt sui­vie d’une mesure d’éloignement : cette sombre tren­te­naire, aus­si frêle que rageuse (Stéphanie Blanchoud, tota­le­ment magné­tique), n’a plus le droit de s’en appro­cher à moins de cent mètres en atten­dant son juge­ment. Margaret est ban­nie, relé­guée der­rière une ligne fron­tière qui l’obsède et contre laquelle elle vient chaque jour se cogner. Laissant peu à peu entre­voir ses véri­tables bles­sures et le lien névro­tique qu’elle entre­tient avec sa mère défaillante (inter­pré­tée par Valeria Bruni Tedeschi).

Nul juge­ment hâtif pour autant ! Une poi­gnée de per­son­nages atta­chants com­plètent ce « duel » à l’ombre fri­leuse du lac Léman, tan­dis que la musique
– qui fait le lien entre Margaret, com­po­si­trice et chan­teuse, et sa mère pia­niste – révèle, comble ou réchauffe leurs manques. Doucement. C’est dire si le film d’Ursula Meier est para­doxal, jus­te­ment com­plexe et déci­dé­ment percutant.

La Ligne, d’Ursula Meier

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