Avec Les Herbes sèches, le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan livre une œuvre hypnotique et mélancolique dans laquelle il emmène le spectateur dans l'hiver glacial d’Anatolie (Turquie).
Il y a le cadre, d’abord, impressionnant : un collège en milieu rural, saisi en plein hiver dans un village reculé d’Anatolie. Il y a la rencontre aussi, entre deux hommes sans qualités, célibataires et frustrés, et une femme brisée (Merve Dizdar a reçu le prix d’interprétation féminine à Cannes pour ce rôle) : il et elles sont enseignant·es, plus ou moins résigné·es. Et puis il y a ces questions existentielles (quel sens donner à sa vie ? Quelle attitude adopter, l’action ou le repli ?), qui traversent comme souvent le cinéma de Nuri Bilge Ceylan à coups de dialogues serrés, très incarnés, et de longs plans-séquences. Est-ce parce que de nouvelles thématiques, très post-#MeToo, s’invitent dans la réflexion (deux jeunes filles accusent ainsi les deux profs hommes de « gestes déplacés ») ? On ne voit absolument pas passer les 3 h 17 de ce grand film profond.
Les Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan. Sortie le 12 juillet.
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