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28 février 2020 : Adèle Haenel se lève et quitte la cérémonie, après que Roman Polanski a reçu prix. © Nasser Berzane/Abaca

César 2020 : l'année qui a tout changé

La 46ème grand-​messe du ciné­ma fran­çais se dérou­le­ra le 12 mars et sera pré­sen­tée par Marina Foïs devant une salle pro­ba­ble­ment vide. Un an après la crise qui a pous­sé la direc­tion des César vers la sor­tie, un an après la céré­mo­nie mar­quée par le départ fra­cas­sant d’Adèle Haenel, l’institution a tota­le­ment revu son fonc­tion­ne­ment. Causette vous raconte les cou­lisses de cette mue vers la démo­cra­tie, qui n’a pas tou­jours été un long fleuve tranquille.

Le geste, habi­té, intense, reste en mémoire. Un an après, per­sonne n’a oublié cet ins­tant sus­pen­du où Adèle Haenel a quit­té la Salle Pleyel. C’est là que se dérou­lait la 45e céré­mo­nie des César, le 28 février 2020. Cette céré­mo­nie, souvenez-​vous, c’était quelque chose. Manifs fémi­nistes à l’extérieur, ambiance plom­bée à l’intérieur… Et un nom syno­nyme de toutes les ten­sions : Roman Polanski et ses douze nomi­na­tions pour J’accuse. Quand le rideau tombe, la France ne parle plus que d’Adèle se levant de son siège lors de la vic­toire de Polanski pour le César de la meilleure réa­li­sa­tion. Une atti­tude mythi­fiée quelques jours plus tard dans Libération par la plume de Virginie Despentes : « On se lève et on se casse. » Si le grand public a rete­nu cette image, elle n’était, en fait, que la par­tie visible de l’iceberg. Depuis plu­sieurs semaines, déjà, le milieu du ciné­ma se déchi­rait et les César, l’institution qui récom­pense les films de l’année, était en train d’exploser. Le déto­na­teur ? Une sombre his­toire de non-​dits et de mar­raines snobées.

En effet, chaque année, quelques semaines avant la grande soi­rée, a lieu le dîner des révé­la­tions. Un évé­ne­ment spon­so­ri­sé par Chanel, qui se tient dans des endroits chi­cos. Les jeunes acteur·rices distingué·es doivent s’y rendre accompagné·es de l’artiste de leur choix. L’an der­nier, les choses ne se sont pas pas­sées comme pré­vu. « On s’est ren­du compte qu’il n’y avait pas d’égalité de trai­te­ment, qu’en gros il y avait les grandes et les petites révé­la­tions : ceux qui pou­vaient venir avec leur chien comme par­rain ou mar­raine, car leur seule pré­sence sou­riait à l’Académie, et ceux à qui on disait non », se sou­vient la comé­dienne Marina Foïs. 

Deux mar­raines refusées

Tout part d’un comé­dien, Jean-​Christophe Folly, sélec­tion­né pour son rôle dans le film L’Angle mort. Il trans­met une liste de per­son­na­li­tés sur laquelle figure l’écrivaine Virginie Despentes. En l’absence de réponse des orga­ni­sa­teurs, il se décide à la contac­ter « via des amis com­muns ». Elle dit oui. De son côté, l’Académie, pour­tant pré­ve­nue, ne dit rien. « Trois jours avant le dîner, on a fini par me répondre non, mais sans me four­nir d’explication, pour­suit Jean-​Christophe Folly. Comme je n’avais per­sonne avec qui me rendre au dîner, je n’y suis pas allé. » Le bouche-​à-​oreille fonc­tionne vite et une autre his­toire vient cor­ro­bo­rer les soup­çons de cen­sure. L’acteur Amadou Mbow, sélec­tion­né pour Atlantique, de Mati Diop, sou­hai­tait venir accom­pa­gné de la réa­li­sa­trice Claire Denis, qui n’a, en fait, jamais été sol­li­ci­tée. « En pleine vague de pro­tes­ta­tion fémi­niste, ce sont deux femmes impor­tantes qui sont refu­sées aux César, c’était un peu fou comme situa­tion », tacle la pro­duc­trice Marie-​Ange Luciani. « Cette soi­rée a une vraie dimen­sion artis­tique, ce n’est pas de la repré­sen­ta­tion, mais un moment où de jeunes acteurs viennent se racon­ter et choi­sissent un ou une artiste pour les accom­pa­gner, enchaîne Marina Foïs. Un jeune acteur qui demande Despentes, ça m’intéresse. Ce refus, c’était nul et comme on n’est pas des loques, ça a réagi et c’était très sain. On ne s’en pre­nait pas à une per­sonne, mais à un sys­tème. Et on a tou­jours le droit de remettre en cause les sys­tèmes. »

Il y avait tout de même une per­sonne à la tête de ce sys­tème : Alain Terzian, 71 ans, patron de l’Association pour la pro­mo­tion du ciné­ma (APC), qui cha­peaute les César, depuis 2003. Un homme pas très aimé à en croire les témoi­gnages en off qui le qua­li­fient de « cham­pion du fait du prince ». Malgré un com­mu­ni­qué dans lequel l’Académie « pré­sente ses sin­cères excuses », rien n’y fait. À l’heure où la socié­té pense éga­li­té, diver­si­té, le fonc­tion­ne­ment très « ancien monde » d’une Académie dont les ins­tances ne se renou­vellent pas, ne passe plus. Devant la polé­mique, la direc­tion des César démis­sionne le 13 février, quelques jours avant la fameuse céré­mo­nie. L’institution n’a plus de chef. Il faut tout reconstruire. 

Plus de can­di­da­tures féminines

Fin février, une direc­tion par inté­rim est nom­mée. Charge à elle et à sa pré­si­dente, la pro­duc­trice Margaret Menegoz – elle aus­si par inté­rim –, de mener une refonte des sta­tuts sous la hou­lette du Centre natio­nal du ciné­ma (CNC). L’organisme n’a pas de moyen de pres­sion sur l’Académie, qui est gérée par l’APC, mais il joue les média­teurs. « Deux cri­tères jugés essen­tiels et irré­fra­gables ont été posés : la démo­cra­tie totale, c’est-à-dire la par­ti­ci­pa­tion de tous les membres pour élire des repré­sen­tants, et la pari­té immé­diate », décrypte Sandrine Brauer, copré­si­dente du col­lec­tif 50/​50, qui œuvre pour l’égalité et la diver­si­té dans le ciné­ma et a par­ti­ci­pé aux dis­cus­sions. On vous passe les détails mais, à un moment, les choses ont mal tour­né, l’ancienne équipe a joué solo et le CNC a « lâché l’affaire », comme le résume l’un de ses membres. Deux textes voient le jour. L’honneur est sauf puisqu’ils incluent la pari­té. C’est fina­le­ment celui por­té par l’ancienne équipe qui recueille les votes des membres de l’Académie, le 9 juillet 2020. 

Les bases d’un fonc­tion­ne­ment plus démo­cra­tique sont posées. Les 4 313 membres de l’Académie à jour de coti­sa­tion (les professionnel·les qui votent pour choi­sir les films) sont appelé·es à se por­ter candidat·es pour être élu·es au sein de l’assemblée géné­rale de l’APC, laquelle sié­ge­ra pen­dant quatre ans. Cette assem­blée, com­po­sée de 164 per­sonnes issues des 21 branches pro­fes­sion­nelles, doit dési­gner ensuite par­mi ses membres 44 administrateur·rices, élu·es pour sié­ger au sein du conseil d’administration de l’APC pen­dant deux ans.

L’enjeu cen­tral, c’est de faire adve­nir des can­di­da­tures fémi­nines. En cou­lisses, des voca­tions se forgent : « Je votais depuis quelques années, mais j’ai eu envie de par­ti­ci­per au chan­ge­ment, de ne pas res­ter pas­sive par rap­port à ce qui se pas­sait, se sou­vient l’actrice Maud Wyler, qui se pré­sente dans la branche inter­pré­ta­tion. C’est une ques­tion de pou­voir et de qui l’exerce, et je vou­lais que ce renou­veau donne lieu à une ouver­ture tan­gible. » Même son de cloche du côté de la comé­dienne Andréa Bescond, qui se rap­pelle avoir vou­lu « appor­ter sa part de pen­sée à l’intérieur d’un sys­tème jusqu’à pré­sent très contrô­lé par des hommes ». Dans la branche « autres col­la­bo­ra­tions tech­niques », la direc­trice de cas­ting Nathalie Chéron convainc ses cama­rades de se lan­cer. « On man­quait de filles, qui évi­dem­ment se disaient toutes qu’elles n’étaient pas légi­times. Mais c’était le moment d’y aller », commente-​t-​elle. De son côté, Marina Foïs, éga­le­ment can­di­date, ne compte pas être seule pour ten­ter de chan­ger les choses. Elle prend son télé­phone et incite Corinne Masiero à se pré­sen­ter. L’interprète de Capitaine Marleau sur France 3, qui trouve que le ciné­ma n’est « pas fran­che­ment le fer de lance des chan­ge­ments de socié­té », accepte et rédige sa pro­fes­sion de foi. Il souffle un air de chan­ge­ment. Mais, par­fois, le vent tourne. 

Les papys font de la résistance

Lundi 14 sep­tembre, la pro­cla­ma­tion des 164 élu·es par vote élec­tro­nique (sous contrôle d’huissier) a lieu. Maud, Nathalie, Corinne et les autres font par­tie de l’aventure. Une sur­prise de taille les attend. Comme le pré­voyait une petite ligne des sta­tuts, qu’à peu près per­sonne n’a lue, dix-​huit « membres de droit » de l’APC sont tou­jours là au sein d’un « conseil de sur­veillance ». Un peu comme si, au moment d’emménager, vous retrou­viez les anciens pro­prios cachés dans une vieille malle au gre­nier. Coucou… on reste ! La rai­son de cette lon­gé­vi­té digne d’Highlander ? Le fait d’avoir obte­nu de pres­ti­gieuses récom­penses, un Oscar par exemple, dans leur car­rière. Le texte tran­si­toire per­met­tait à ces aînés de res­ter, sans pas­ser par la case élec­tion, à condi­tion d’en faire la demande écrite avant le 31 juillet 2020. Comble du comble : sur les dix-​huit à faire de la résis­tance, on trouve seize papys, dont Polanski ! « Quand ce truc est sor­ti du cha­peau, j’ai eu envie de crier : “Bon les gars, ça suf­fit, non ? Vous avez bien pro­fi­té. Faut tour­ner la page main­te­nant”, s’agace la comé­dienne Andréa Bescond, qui fait par­tie des 164 élu·es de l’assemblée géné­rale. J’ai failli démis­sion­ner. » Le bateau tangue, mais ne coule pas. Tout le monde serre les dents et se fixe un objec­tif : élire le conseil d’administration et la nou­velle pré­si­dence de l’APC. Ce n’est que par cette étape démo­cra­tique que les règles du jeu pour­ront chan­ger. « On a bai­gné dans un cli­mat de défiance pen­dant quelques jours, raconte l’un des élu·es. On était tous dans un état de para­noïa total. On a héri­té de tel­le­ment d’opacité. » 

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Manifestations fémi­nistes devant la Salle Pleyel.
© Marie Magnin/​Hans Lucas 

La pre­mière assem­blée géné­rale de l’APC, orga­ni­sée le 29 sep­tembre, se déroule dans une ambiance « stu­dieuse », selon les participant·es. Outre les vingt et un binômes pari­taires qui forment le conseil d’administration de l’APC, l’assemblée élit aus­si un nou­veau duo à sa tête, le seul en lice. La pré­si­dente s’appelle Véronique Cayla, elle a diri­gé Arte, elle en impose. « C’est une tête », souffle Maud Wyler. Le vice-​président se nomme Éric Toledano. Un homme « très à l’écoute des nou­velles idées », se féli­cite la pro­duc­trice des Films Grand Huit, Pauline Seigland, la ben­ja­mine du CA. Il a signé avec son com­plice, Olivier Nakache, des suc­cès comme Intouchables, Hors Normes ou la série évé­ne­ment d’Arte (avec le concours de Véronique Cayla, d’ailleurs) En thé­ra­pie. L’attelage plaît. Cinéma popu­laire et ciné­ma d’auteur, un homme et une femme : on coche toutes les cases. Un bureau, com­po­sé de six per­sonnes (dont Cayla, Toledano et l’agente des stars Élisabeth Tanner) est dési­gné le 15 octobre. La nou­velle équipe se met au tra­vail « dans la joie et avec une belle éner­gie col­lec­tive, se réjouit Marina Foïs, élue au conseil d’administration. Ce sont des gens qui bossent tout le temps et qui ont déjà du pou­voir, donc ils n’ont pas besoin d’en avoir plus. Leur enga­ge­ment a à voir avec le ciné­ma. Je ne suis pas dans les Bisounours quand je dis ça, parce que les Bisounours, ce n’est pas notre réa­li­té du moment ».

Lors de cette AG, la direc­tion pro­pose de réunir des groupes de tra­vail afin de remuer enfin le mam­mouth. Réforme des sta­tuts, du règle­ment, mode de pré­sen­ta­tion des films, orga­ni­sa­tion de la céré­mo­nie 2021 et réflexion sur les évé­ne­ments asso­ciés comme le dîner des révé­la­tions : tout est remis à plat ou presque. Certains repères demeurent. Pas ques­tion de renon­cer à la grande remise des prix. Pour la nou­velle direc­tion, qui a décli­né notre demande d’interview, il faut main­te­nir le rendez-​vous. Dans ces réunions, la parole cir­cule. Corinne Masiero a par­ti­ci­pé à celle sur la céré­mo­nie, jus­te­ment. Elle se sou­vient d’une atmo­sphère feu­trée, « pas du tout ambiance AG d’intermittents ou “gilets jaunes” », mais garde en tra­vers de la gorge la prise de parole d’un mec « clai­re­ment venu du Moyen Âge », qui a fait une sor­tie sur les femmes dont on attend avant tout « les com­pé­tences » et cri­ti­qué l’attitude d’Adèle Haenel. « C’est nor­mal qu’il y ait des oppo­si­tions, concède la comé­dienne. On n’est pas un par­ti avec un Politburo. » Et le dos­sier Polanski dans tout ça ? A‑t-​il été réglé ? Le sujet jugé « annexe » par beau­coup conti­nue de gêner aux entour­nures. Interrogés par Le Parisien, le 13 jan­vier der­nier, sur le fait que le cinéaste, évin­cé du conseil d’administration, reste mal­gré tout membre de l’Académie alors qu’il est exclu des Oscars, Cayla et Toledano ont bot­té en touche. « Pour moi, le ciné­ma fran­çais conti­nue d’accepter des choses inac­cep­tables, estime Pauline Seigland. L’examen de conscience n’a pas été clai­re­ment fait. » Tout le monde n’est pas d’accord, mais les avis s’expriment. Rien que ça, c’est un sacré changement. 

Opération “purge”

Le seul moment (un peu) hou­leux a eu lieu lors de l’assemblée géné­rale extra­or­di­naire du 10 novembre, orga­ni­sée par écrans inter­po­sés. Ce jour-​là, la nou­velle assem­blée diri­geante vote pour la modi­fi­ca­tion des sta­tuts et la fin de l’article per­met­tant à cer­tains de demeu­rer « membres de droit » dans les ins­tances sans être élus. Certains anciens parlent de « purge ». Des attaques aux­quelles les membres actuel·les répondent que si les anciens veulent se pré­sen­ter lors du pro­chain scru­tin de renou­vel­le­ment des ins­tances diri­geantes, ils le peuvent tout à fait. « Ce qu’il faut com­prendre, c’est que la nou­velle direc­tion a vite réglé le pro­blème des membres his­to­riques avec un vote, rap­pelle Marina Foïs. La ques­tion se serait posée même s’il n’y avait pas eu Polanski d’ailleurs. On ne peut choi­sir la royau­té et la démo­cra­tie. On ne pou­vait pas avoir une élec­tion et des “membres his­to­riques”. Mais ça ne les empê­che­ra pas d’être élus la pro­chaine fois s’ils se pré­sentent. Encore une fois, c’est un sys­tème qu’on a mis par terre et qu’on essaie de reconstruire. »

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Marina Foïs lors de la pré­sen­ta­tion de la 46ème céré­mo­nie des Césars.
© Sabine Villiard/​Canal+

Le pou­voir ne stagne plus, il a désor­mais voca­tion à tour­ner. De futurs sta­tuts sont d’ailleurs en cours d’écriture. Ils devraient être mis en place fin 2021. Parmi les mesures concrètes vali­dées par le conseil d’administration figure l’augmentation du nombre de membres de l’Académie, celles et ceux qui votent pour les films, dans l’objectif d’amener plus de pari­té et de diver­si­té. Il y avait urgence à ouvrir les portes de la cita­delle. « Une de nos pre­mières actions a été d’intégrer de nou­veaux pro­fils, plus jeunes, plus fémi­nins et issus d’horizons divers », avance Marie-​Ange Luciani, membre du conseil d’administration. Elle espère que ce bras­sage per­met­tra de « renou­ve­ler les regards por­tés sur la créa­tion ». 

Si le nom des votant·es a tou­jours été confi­den­tiel, on sait tout de même que les mecs y sont ultra-​majoritaires : 65 % contre à peine 35 % de femmes. Pire, si on regarde dans le détail les chiffres par col­lèges de métier – don­nées qui cir­culent peu mais aux­quelles Causette a pu jeter un œil –, cer­taines pro­fes­sions sont bien loin de la pari­té. Dans la caté­go­rie réa­li­sa­tion, par exemple, on compte 80 % d’hommes. Chez les producteur·rices, les femmes ne sont que 29 %. Enfin, côté auteur·rices, elles ne sont que 20,5 %. Pour les acteur·rices, par exemple, il fal­lait avoir tour­né dans cinq films ces cinq der­nières années et tenu un rôle de pre­mier plan. Désormais, trois par­ti­ci­pa­tions suf­fisent. Les révé­la­tions ain­si que les réalisateur·rices/producteur·rices des courts-​métrages et des films d’animation nom­més lors des trois édi­tions pré­cé­dentes ont aus­si été invité·es à voter à leur tour. Au total, 412 nou­velles recrues, majo­ri­tai­re­ment fémi­nines, ont rejoint l’Académie.

Les nouveaux·elles élu·es de l’assemblée géné­rale ont aus­si mené leur propre tra­vail de recru­te­ment. « Fin octobre, juste avant la fin des can­di­da­tures, j’ai émis l’idée de faire paraître un com­mu­ni­qué dans la presse pour qu’un maxi­mum de per­sonnes de la pro­fes­sion puisse pos­tu­ler, explique Maud Wyler. On m’a répon­du qu’on n’avait pas les moyens humains de tout trai­ter. » La comé­dienne fait sa part du bou­lot. Alors qu’elle tourne la série Voltaire, mixte, qui raconte l’arrivée de filles – tiens, tiens – dans un lycée de gar­çons en 1963, elle sug­gère à sa par­te­naire, Léonie Souchaud, de faire une demande d’adhésion. « J’ai envoyé ma can­di­da­ture et les lettres de mes mar­raines : Maud, Nina Meurisse et Ludivine Sagnier, raconte la jeune femme de 18 ans, qui fait par­tie des nouveaux·elles membres. J’ai reçu un mail m’annonçant que j’étais accep­tée et j’ai eu des codes d’accès pour le site des César et pour la pla­te­forme de vision­nage des films. J’ai pas­sé des heures à regar­der les pho­tos des soi­rées et une chose m’a frap­pée : l’omniprésence des hommes blancs. »

Dans le mille, Léonie ! Si le com­bat pour la pari­té a fait un pas de géant, niveau diver­si­té, il y a encore du bou­lot. « Quand vous regar­dez la liste des membres des ins­tances et de l’Académie, il faut y cher­cher la diver­si­té, encore trop rare, et c’est dom­mage, car ce n’est pas à l’image de ce qu’est réel­le­ment le ciné­ma fran­çais. Le risque est celui d’un ciné­ma qui ne sait pas évo­luer avec son temps, se désole Isabelle Giordano, nou­velle membre de l’assemblée géné­rale de l’APC. Ça n’est d’ailleurs pas propre aux César, c’est par­tout. » Le sujet fait figure de « prio­ri­té » pour la direc­tion, qui réflé­chit à des poli­tiques plus inclu­sives. Les groupes de tra­vail doivent se réunir après la cérémonie. 

Deneuve reca­lée

La soi­rée, c’est LE grand enjeu du moment. Un der­nier conseil d’administration doit se tenir dans les jours à venir pour vali­der les ultimes déci­sions. A prio­ri, tout roule. Marina Foïs a été choi­sie par Canal+ pour ani­mer la soi­rée, pré­vue le 12 mars à l’Olympia. Les membres du conseil d’administration auraient aimé le savoir avant que ça sorte dans la presse, mais après une petite expli­ca­tion, tout s’est arran­gé. Roschdy Zem endos­se­ra le cos­tume de pré­sident. L’actrice ­coécrit ses sketches avec Laurent Lafitte et Blanche Gardin, ce qui devrait être gage de bonnes vannes. Elles seront sans doute balan­cées devant une salle vide, Covid oblige. La pré­pa­ra­tion de l’événement reste un sujet sen­sible. Le 18 décembre der­nier, les administrateur·rices ont appris que lors de la soi­rée un César d’honneur serait remis à Catherine Deneuve. « Il y a eu un silence, raconte un par­ti­ci­pant à Causette. Puis quelqu’un a fini par deman­der si c’était vrai­ment une bonne idée de récom­pen­ser celle qui avait cosi­gné la tri­bune sur la “liber­té d’importuner” *. D’autres per­sonnes lui ont don­né rai­son. La direc­tion n’avait pas anti­ci­pé le truc, pas vu le pro­blème. » Démocratie oblige, même jeune et bal­bu­tiante, l’option Deneuve a été annu­lée et il a été deman­dé aux participant·es de for­mu­ler des pro­po­si­tions. Canal+, qui dif­fuse la soi­rée, et les membres du bureau ont évi­dem­ment leur mot à dire. Mais pour la pre­mière fois, le cas­ting aura fait l’objet d’une concer­ta­tion. À l’heure où nous bou­clons, le nom de l’heureux·euse élu·e n’a pas été dévoi­lé. À Causette, on a voté pour Adèle Haenel.

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