Alors, comment ça va mieux, depuis la réouverture des salles ? On continue à se faire plaisir avec deux très belles sorties ce mercredi, Promising Young Woman d'Emerald Fennell et Balloon de Pema Tseden.
Promising Young Woman, changer la donne
« Pour que la peur change de camp ! ». S’il est un slogan qui motive l’héroïne choc de Promising Young Woman, c’est bien celui, fameux, du mouvement #MeToo ! Ancienne étudiante pleine d’avenir, reconvertie en serveuse pour cause de passé traumatique (d’où le titre du film, évidemment ironique), la très intelligente Cassie mène, de fait, une croisade singulière la nuit. Séduisante et déterminée, elle traque alors les violeurs en puissance. Dans les bars, dans les boites, dans la rue… histoire de leur régler leur compte. A la croisée du thriller et de la comédie noire, ce « revenge movie » écrit et réalisé par Emerald Fennell (autrice de la saison 2 de Killing Eve), offre un contre-emploi génial à Carrey Mulligan. Dans la tristesse comme dans la jubilation, l’actrice britannique (révélée dans Drive) étincelle.
Voir la bande annonce :
Balloon, merveilleusement gonflé
Parfois, le cinéma nous enchante. Parfois, il décille notre regard. Et parfois, comme dans Balloon, il produit ces deux effets en même temps. C’est plus rare, plus gonflé, mais totalement exaltant.
Embarquement immédiat : cette merveille de film chinois nous projette dans les années 80, au cœur des plaines tibétaines, là-même où une petite communauté d’éleveurs a bien du mal à concilier ses traditions avec la politique de l’enfant unique mise en place par Pékin. Ici, la contraception est taboue. Au mieux, les enfants soufflent dans les préservatifs distribués par les autorités pour en faire des ballons (d’où le titre…) ! Seule Drolkar, jeune mère de 3 garçons, va oser remettre en cause ces règles ancestrales. Affrontant le regard désapprobateur de son mari et de ses proches, elle va même demander conseil à la femme médecin du dispensaire de la ville voisine lorsqu’elle apprend qu’elle est à nouveau enceinte. Le tout début d’un beau récit d’émancipation, à la fois poétique et tonique. Très.
Car attention, Balloon n’a rien d’un film ethnologique, austère sinon barbant. Loin de là. Certes le dépaysement est de mise, accentué encore par la douceur contemplative de certaines séquences. Mais cette chronique d’une communauté coupée du monde est aussi jalonnée de plans colorés, joyeux, taquins. En clair, si son réalisateur – lui-même d’origine tibétaine – ne minore jamais la gravité de son sujet, il le fait avec élégance, assumant volontiers un ton amusé. Résultat : on s’attache profondément à ses personnages, si loin, si proches… finalement.