MES RENDEZ VOUS AVEC LEO 299329
Daryl McCormack et Emma Thompson. "Mes rendez-vous avec Léo", de Sophie Hyde. ©DR

"Mes rendez-​vous avec Léo", "Faces cachées" et "Révolution sida": les pépites ciné du 30 novembre

Au programme cette semaine : une comédie anglaise sur la question du plaisir, un thriller entêtant aux airs de tragédie grecque et un documentaire frontal qui pose un regard sans concession sur la situation actuelle de l'épidémie mondiale.

Mes rendez-vous avec Léo, de Sophie Hyde

Cette comédie anglaise est doublement plaisante. D’une part, Mes rendez-vous avec Léo oscille avec subtilité entre humour, subversion et émotion. Le film dresse d’autre part le portrait de deux personnages attachants qui, précisément, vont se dévoiler autour de la délicate question du plaisir. Une mise à nu initiée par Nancy : cette enseignante à la retraite (et veuve depuis peu) décide en effet de s’offrir, un peu honteuse, les services experts d’un jeune escort boy afin de connaître – enfin – la plénitude sexuelle. Cette rencontre à huis clos surprend jusqu’à la scène finale. Ponctuée de dialogues soignés et troublants, elle parlera à beaucoup de femmes... et d’hommes. Petite précision qui a son importance : l’ex-prof grisonnante est interprétée par Emma Thompson et son partenaire, par Daryl McCormack. Tous deux sont absolutely fabulous !

Faces cachées, de Joe Lawlor et Christine Molloy

Il est des thrillers plus absorbants, plus entêtants que d’autres. Celui-là en fait partie, quand bien même, au départ, il construit son suspense autour d’un thème classique : une vengeance. Sauf que cette quête va prendre une dimension quasi mythologique et c’est là, précisément, que se niche son attrait supplémentaire...

En l’occurrence, Faces cachées s’est choisi pour héroïne Rose, une étudiante qui décide de contacter sa mère biologique, qu’elle n’a jamais connue. La démarche est d’autant moins évidente que la dame, une actrice à succès, ne veut toujours pas nouer de relation avec elle. Rose est tenace : elle finira par la rencontrer et c’est alors que cette mère rétive lui révélera un (lourd) secret, qui poussera la jeune fille à se rapprocher de son père biologique (pas forcément pour lui faire du bien, vous l’aurez compris)... Un père, une mère et une enfant liés par un acte de violence originel : telle est donc la base de cette histoire, qui semble avoir pioché dans les archétypes de la tragédie grecque pour mieux les adapter au monde d’aujourd’hui.

Certes, ce sombre récit a pour cadre une Irlande cotonneuse, silencieuse et figée, propice aux mystères sinon aux mensonges... Mais il s’inscrit aussi résolument dans notre époque post-#MeToo en sondant l’impact des violences sexuelles et le besoin de justice d’une victime. Servi par trois comédien·nes à fleur de peau (Ann Skelly, Orla Brady, Aidan Gillen), Faces cachées s’apparente donc à un thriller à mèche lente, explosif mais subtil.

Révolution sida, de Frédéric Chaudier

Plusieurs chiffres ponctuent le récit de Révolution sida. L’un d’entre eux frappe davantage : alors que l’on compte 37 millions de malades du sida à travers le monde, seuls 17 millions ont accès aux soins. Cette inégalité dérange d’autant plus Frédéric Chaudier, le réalisateur de ce documentaire enlevé, que l’on a pris la mauvaise habitude de vivre avec... Parce que cette maladie apparaît pour beaucoup comme une vieille histoire, chahutée par d’autres urgences sanitaires, plus récentes et plus rémunératrices ? Ou parce que, comme le rappelle l’un des témoins interviewés, « trente-cinq ans après le début de l’épidémie, le VIH reste probablement la maladie la plus stigmatisée au monde » ? Les deux, mon capitaine !

Voilà ce que nous révèle – nous remet en mémoire, plutôt – ce film frontal (et pour cause, 690 000 personnes sont mortes du sida en 2019, est-il rappelé). Traversé par une multitude d’intervenants, artistes engagés dans la lutte contre le sida, responsables d’institutions internationales, cadres politiques chargés de la santé publique ou chercheurs issus des cinq continents, il nous balade d’Afrique du Sud en Russie, de Chine en Thaïlande et des États-Unis (ceux de Trump) au Brésil. Un tourbillon de visages et de paroles qui jamais ne nous noie. Car même si les problèmes diffèrent (le commerce du sang en Chine, la pauvreté endémique en Afrique du Sud, la criminalisation de l’homosexualité et de l’usage de la drogue en Russie), l’enjeu reste têtu et juste : dénoncer l’abandon de ces populations touchées par le sida... Mais aussi la gouvernance mondiale en matière de santé, qui semble trop souvent privilégier les intérêts commerciaux à l’intérêt général.

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