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La sélec­tion ciné du 8 décembre

Trois belles sor­ties ce mer­cre­di avec Si demain, de Fabienne Godet, Lingui, les liens sacrés, de Mahamat-​Saleh Haroun et Une femme du monde, de Cécile Ducrocq.

Voyage voyage

Tout com­mence par une dis­pa­ri­tion. Une chambre dans la pénombre, une femme qui se réveille seule : son com­pa­gnon est par­ti, sans un bruit, et il ne revien­dra plus. Esther, tren­te­naire éma­ciée, comme esso­rée, va alors se perdre dans les gouffres de l’alcool et de la dépres­sion. Jusqu’au jour où elle reçoit ano­ny­me­ment un car­net, un jour­nal intime écrit vingt ans plus tôt par une jeune fille dont l’histoire fait écho avec la sienne. Heureux coup de pouce du des­tin ? Poussée par Elena, sa meilleure amie, Esther décide d’en retrou­ver l’autrice, afin de connaître la fin de l’histoire, mais aus­si, peut-​être, d’entamer son retour à la vie.

On voyage beau­coup dans le nou­veau film de Fabienne Godet, et ça n’est pas la moindre des qua­li­tés de ce road-​movie fémi­nin, aus­si rare qu’attachant. Bien sûr, le périple d’Esther est géo­gra­phique, tou­jours plus au sud, vers la lumière, entre Angers et le Portugal. Mais tan­dis qu’elle tâtonne, s’égare puis se déploie dans des pay­sages essen­tiel­le­ment soli­taires, sa quête prend ­évi­dem­ment une dimen­sion intime. 

Peu importe que l’on devine l’ultime rebon­dis­se­ment du scé­na­rio : ce qui compte, ici, c’est la lente renais­sance de cette femme bles­sée (sobre­ment incar­née par Julie Moulier). Et ce qui se dit sur l’amitié, véri­table force motrice de ce beau récit d’émancipation (Lucie Debay est remar­quable dans le rôle dif­fi­cile d’Elena…). À la fois roma­nesque et modeste, Si demain confirme le talent sin­gu­lier de Fabienne Godet, qui n’aime rien tant que racon­ter des his­toires de résilience. 

Si demain, de Fabienne Godet.

Voir la bande annonce du film : 

Son corps est à elle 

L’histoire est racon­tée sim­ple­ment, elle n’en demeure pas moins bru­tale. Le nou­veau film de Mahamat-​Saleh Haroun (dûment sélec­tion­né à Cannes cette année) suit au plus près le com­bat cou­ra­geux d’une mère et de sa fille ado­les­cente, enceinte et qui veut avor­ter… Un com­bat mené envers et contre tous dans les fau­bourgs de Ndjamena, capi­tale d’un Tchad très pieux. De fait, l’avortement y est inter­dit et puni. Autant dire que Lingui est une œuvre enga­gée. Joliment fil­mée, quoiqu’un peu raide par­fois, elle nous parle de soli­da­ri­té fémi­nine et dénonce de façon expli­cite ce sys­tème patriar­cal qui veut à tout prix contrô­ler le corps des femmes. La démarche mérite qu’on lui prête atten­tion… sur­tout au vu du nombre minus­cule de films afri­cains sur nos écrans.

Lingui, les liens sacrés, de Mahamat-​Saleh Haroun.

Voir la bande annonce du film : 

La tête haute

On ne voit qu’elle. Et pas seule­ment parce qu’elle porte un imper­méable doré tout au long de ce film aux cou­leurs de l’hiver. En effet, Laure Calamy est sidé­rante de pré­sence et d’énergie dans le rôle de Marie, tra­vailleuse du sexe grande gueule, farou­che­ment indé­pen­dante, qui se bat pour payer une école et un ave­nir à son fils de 17 ans. Concrète, déter­mi­née, elle donne une épais­seur rare à son per­son­nage, loin des cli­chés misé­ra­bi­listes – ou gla­mou­ri­sants – qui collent (sou­vent) à la peau des « belles de nuit » au ciné­ma. Certes, le scé­na­rio de Cécile Ducrocq n’épargne pas Marie, entre la crise d’ado cara­bi­née de son fils et les aléas d’un métier évi­dem­ment dif­fi­cile. Mais Laure Calamy insuffle une liber­té nou­velle à ces situa­tions par­fois un peu conve­nues. La tête haute, quoi qu’il arrive.

Une femme du monde, de Cécile Ducrocq. 

Voir la bande annonce du film :

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