2. WAHOU ∏Anne Francoise Arbillot
Karin Viard (Catherine) et Bruno Podalydès (Oracio) dans Wahou ! © UGC DISTRIBUTION

La sélec­tion ciné Causette du mer­cre­di 7 juin

Une comé­die feel good de Bruno Podalydès avec Karine Viard, une autre plus aigre-​douce d'Ilan Klipper avec Camille Chamoux et des por­traits de femmes venus du ciné­ma étran­ger : ce mer­cre­di, vous avez un large choix en salles !

Wahou !

Est-​ce parce que l’on sait Bruno Podalydès (Dieu seul me voit, Adieu Berthe, Comme un avion) ama­teur de jeux de mots et de cou­si­nages mali­cieux (sous la tutelle d’Hergé et d’Alain Resnais, ses « oncles » de BD et de ciné­ma) que le métier des deux héros de sa nou­velle comé­die – agent·es immobilier·ères – nous met d’emblée la puce à l’oreille… Vendeuse et ven­deur de biens, Catherine (Karin Viard, géniale) et Oracio (Bruno Podalydès, indis­pen­sable) le sont en effet, et plu­tôt deux fois qu’une ! D’abord, parce qu’elle et il se sont don­né pour mis­sion de pro­vo­quer le coup de cœur ultime chez leurs clients, celui qui leur fera dire « Wahou ! » en décou­vrant leur future pro­prié­té. Ensuite, parce que cet aimable tan­dem sert de fil conduc­teur à un film rayon­nant d’humanité. Un film… qui fait du bien, à tout point de vue.

Nul hasard, dès lors, s’il ordonne son intrigue mutine, voi­lée çà et là de mélan­co­lie, autour de deux biens, jus­te­ment : une « grande mai­son bour­geoise datant du XIXe, ter­rain pis­ci­nable, vue RER » et un trois-​pièces « dans un pro­gramme neuf, situé en plein Triangle d’or de Bougival » (une petite com­mune pri­sée des Yvelines). Repères immo­biles d’un récit tout en mou­ve­ments et incer­ti­tudes, telle la vie qui va puis recule, ces deux lieux accueillent chaque visite comme un nou­veau sketch. Une construc­tion en enfi­lade d’autant plus appro­priée qu’elle per­met à une troupe d’ex- cel­lents acteurs (d’Agnès Jaoui à Sabine Azéma ou Isabelle Candelier, et de Roschdy Zem à Eddy Mitchell ou Félix Moati) d’y loger pro­vi­soi­re­ment leur talent avant d’en repar­tir, fugaces et pour­tant inou­bliables. Magique !

Wahou !, de Bruno Podalydès. Sortie le 7 juin.

Règle 34

Voilà un film par­ti­cu­liè­re­ment trou­blant, voire incon­for­table, mais tou­jours cap­ti­vant. Règle 34 dresse en effet le por­trait de Simone, étu­diante en droit le jour, très impli­quée dans la lutte contre les vio­lences faites aux femmes (nous sommes au Brésil, pays aux sta­tis­tiques épou­van­tables en la matière), et cam­girl la nuit, explo­rant tou­jours plus loin ses fan­tasmes sado­ma­so­chistes der­rière son écran. Une pente ver­ti­gi­neuse qu’elle croit pou­voir maî­tri­ser… ou pas. Car Simone est une femme noire, ce qui est loin d’être un détail vu le pas­sé escla­va­giste du Brésil et le machisme débri­dé d’un Bolsonaro. Salué par un Léopard d’or au Festival de Locarno, ce long-​métrage fon­ciè­re­ment poli­tique intrigue donc aus­si bien sur le fond, inter­ro­geant avec audace la loi, les règles et leurs limites, que sur la forme, puisqu’il par­vient à être à la fois céré­bral et physique.

Règle 34, de Julia Murat. Sortie le 7 juin.

Le Processus de paix

Ils s’aiment, mais ne se sup­portent plus, mais ne veulent pas se sépa­rer… parce qu’ils s’aiment mal­gré tout. Marie et Simon, la qua­ran­taine « bobo », vont donc éta­blir une liste de règles afin de bas­cu­ler de la guerre à la paix. Tout du moins essayer. Tel est l’argument de départ de cette comé­die aigre-​douce, un peu barge, qui dis­sèque de façon contem­po­raine les affres de la vie à deux (plus enfants). Jalonnée de dis­putes, d’engueulades et autres prises de bec explo­sives, elle pour­rait las­ser (le débit mitraillette de Camille Chamoux, très impli­quée dans l’écriture du scé­na­rio, est par­fois éprou­vant)… Sauf qu’elle plaide avec vigueur (et humour) pour le droit des femmes à par­ler fort et à se mettre en colère, pre­mier bon point. Et qu’elle donne à Jeanne Balibar et Laurent Poitrenaux l’occasion de nous réga­ler dans des seconds rôles savoureux. 

Le Processus de paix, d’Ilan Klipper. Sortie le 7 juin.

Camila sor­ti­ra ce soir

C’est d’abord l’histoire d’une ado­les­cente dont l’horizon, brus­que­ment, se res­treint. On découvre Camila, jeune fille rebelle, juste avant qu’elle ne rejoigne Buenos Aires et sa grand-​mère malade avec sa sœur et sa mère. Dès l’instant où elle intègre le lycée pri­vé, bour­geois et réac­tion­naire de son nou­veau quar­tier, la lumière change, l’atmosphère aus­si. De plus en plus oppres­sante et incon­for­table. Pas une seconde, pour­tant, notre inté­rêt ne décline. Parce que Camila sor­ti­ra ce soir raconte aus­si l’histoire d’une révolte en marche. Finement dosée, cette chro­nique d’une éman­ci­pa­tion fémi­niste (sur fond de lutte des classes, très mar­quée en Argentine) se révèle hyper cohé­rente. Grâce, notam­ment, à l’utilisation judi­cieuse, très fluide, des espaces clos (le lycée et l’appartement de la grand-​mère)… jusqu’à la scène finale, libératoire !

Camila sor­ti­ra ce soir, d’Ines Maria Barrionuevo. Sortie le 7 juin.

My Love Affair with Marriage

En sou­rires et chan­sons, ce film d’animation let­ton raconte l’histoire fou­gueuse de Zelma, petite fille indo­cile qui gran­dit au bout du bout de la Russie, à l’heure où elle était encore sovié­tique, avant de démé­na­ger en Lettonie. Là même où l’on prit soin de la domp­ter, à grand ren­fort d’injonctions sociales et de contes de fées, pour lui apprendre à deve­nir une bonne épouse com­mu­niste… Sauf que le corps vaillant de Zelma et son cer­veau tout aus­si affû­té auront bien du mal à se confor­mer à cet « idéal » de dou­ceur et de sou­mis­sion. Entre décons­truc­tion et recons­truc­tion, My Love Affair with Marriage convoque un bes­tiaire joli­ment ima­gi­naire et de savants cours de neu­ro­bio­lo­gie, mais oui, pour pimen­ter ce par­cours de rési­lience plein d’humour et de luci­di­té. Et c’est ain­si que Zelma, double pro­bable de la réa­li­sa­trice, se maria deux fois et n’eut pas d’enfants.

My Love Affair with Marriage, de Signe Baumane. Sortie le 7 juin.

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