Le documentaire de Léa Bordier, diffusé à partir de mercredi sur la plateforme France.tv Slash, libère la parole sur un sujet encore trop peu abordé par les femmes.
Le paradoxe est saisissant : alors que l’IVG (interruption volontaire de grossesse) est légale depuis 1975, pourquoi est-il encore si difficile d’en parler ? Léa Bordier, autrice de la websérie Cher corps et du podcast Amours a elle-même avorté à 17 ans et avait, à l’époque, gardé le silence. Elle réalise aujourd’hui ce documentaire en réunissant deux cercles de paroles, avec des jeunes femmes concernées qui reviennent sur leur expérience, par voie instrumentale ou médicamenteuse. Yvana, Youna ou encore Crystal racontent, face caméra, leur IVG. L’une était étudiante, l’autre souffre d’endométriose, une autre encore a pâti de son éducation catholique.
Preuve en est que la légalisation de cette procédure médicale ne l’a pas pour autant banalisée et n’a pas libéré la parole : selon ces témoignages, le secret s’inscrit pleinement dans cette pratique. Ce tabou participe d’une stigmatisation qui perdure, en dépit de la loi : un sentiment de “honte” qui semble anachronique, mais qui reste instillé par les proches ou le corps médical. “Je ne m’étais jamais sentie aussi seule,” témoigne l’une des jeunes femmes. Après quelques jours, “j’avais plus le droit d’être triste, il fallait que je passe à autre chose”, se souvient une autre.
Les IVG sont liées, dans 70 % des cas, à des échecs contraceptifs : bien souvent, c’est la femme, plus que son conjoint, qui se sent “défaillante”. Pour combattre la culpabilité, l’une des témoins interrogées a mis au point une stratégie : “J’en parle tout le temps, à tout le monde !” Ces dernières années, le délai légal de l’IVG est passé de douze à quatorze semaines et la constitutionnalisation du droit à l’avortement est dans les tuyaux. Face aux violences gynécologiques et à l’opprobre social, ce documentaire relaie une parole précieuse et encore trop rare.
IVG, le droit d’en parler, sur France.tv Slash, mercredi 27 septembre à partir de 18 heures.