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"À nos enfants", de Maria de Medeiros ©Mémento Films

"Ils sont vivants" et "À nos enfants", les deux pépites ciné à voir ce 23 février

Dans les salles ce mer­cre­di : une his­toire d'amour entre la veuve d’un poli­cier et un migrant ira­nien dans la jungle de Calais et la rela­tion tumul­tueuse d'une mère et sa fille qui essaie depuis des mois d’avoir un enfant avec sa com­pagne dans le Brésil de Bolsonaro.

Ils sont vivants, de Jérémie Elkaïm.

Le coup de foudre impro­bable, dans l’enfer de la « jungle de Calais », entre Béatrice, veuve d’un poli­cier sym­pa­thi­sant FN, et Mokhtar, ensei­gnant ira­nien arri­vé clan­des­ti­ne­ment en Europe… Le sujet était poten­tiel­le­ment casse-​gueule. Mais Ils sont vivants, le pre­mier film de Jérémie Elkaïm − bien qu’il ait cos­cé­na­ri­sé pas mal de ceux de Valérie Donzelli −, happe rapi­de­ment. Inspirée d’une his­toire vraie, celle de Béatrice Huret qu’elle a racon­tée dans un livre, Calais mon amour, cette vibrante fic­tion, qui adopte une forme ardente pour conter un élan impé­rieux, relate un double par­cours de libé­ra­tion. Un peu celui de Mokhtar et beau­coup celui de Béatrice, au départ pri­son­nière de ses pré­ju­gés et de son milieu, sinon des lois françaises.

Le fil­mage immer­sif d’Elkaïm sai­sit au mieux la sur­prise de Béatrice face à la bru­ta­li­té de la « jungle » (alors qu’elle vit juste à côté), tout comme le jaillis­se­ment inopi­né de son désir pour Mokhtar, dont la beau­té et le par­cours la bou­le­versent. De fait, ce côté rugueux, urgent, sans fard, empêche le récit de som­brer dans la romance neu­neu. Par ailleurs, l’intensité des scènes de sexe, sin­gu­liè­re­ment la pre­mière où Béatrice redé­couvre le plai­sir phy­sique, est d’une rare jus­tesse. Bien sûr, l’interprétation de Marina Foïs, superbe d’abandon, par­ti­cipe pour beau­coup de la puis­sance poli­tique de l’ensemble. Reste qu’un film qui sou­tient que l’amour est plus fort que la haine ne peut être que salu­taire. Singulièrement aujourd’hui.

Voir la bande annonce du film : 

À nos enfants, de Maria de Medeiros

C’est un film enga­gé, qui fait dia­lo­guer ses thé­ma­tiques − la mater­ni­té, l’homosexualité, la démo­cra­tie – avec intel­li­gence. C’est aus­si un film bien­ve­nu, puisqu’il a été tour­né au Brésil en 2018, entre les deux tours de l’élection pré­si­den­tielle qui a per­mis à Jair Bolsonaro d’accéder au pouvoir… 

Adapté d’une pièce de théâtre, À nos enfants raconte la rela­tion conflic­tuelle entre Véra, qui a com­bat­tu la dic­ta­ture dans les années 1970 et coor­donne à pré­sent un orphe­li­nat pour enfants séro­po­si­tifs à Rio, et sa fille Tania, qui se pré­pare à deve­nir juge et, sur­tout, essaie depuis des mois d’avoir un enfant avec sa com­pagne. C’est peu de dire qu’un fos­sé s’est creu­sé entre elles : Véra, pour­tant ardente défen­seuse des liber­tés, a du mal à accep­ter l’homosexualité de sa fille (et plus encore qu’elle ait recours à la PMA)… 

En dépit d’un fil­mage un peu lisse, le nou­vel ouvrage de Maria de Medeiros, actrice-​réalisatrice por­tu­gaise aux mul­tiples registres, retient très vite l’attention. Par l’acuité de ses ques­tions, d’abord. Par la force de convic­tion de ses comé­diennes, ensuite (Laura Castro, qui est l’autrice de la pièce ori­gi­nelle, inter­prète Tania ; Marieta Severo qui est une icône au Brésil, inter­prète Véra). Et par le mes­sage qu’il délivre, enfin : en dépit de leurs dif­fé­rences, les pro­ta­go­nistes choi­sissent de croire aux ver­tus du dia­logue. Est-​ce un hasard si ce mes­sage est trans­mis par deux femmes… dans un pays qui subit plus que jamais, aujourd’hui, la double peine du machisme et du sexisme ?

Voir la bande annonce du film : 

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