Dirigeant Virginie Efira et Melvil Poupaud d'une main de maître, Valérie Donzelli s'aventure pour le meilleur dans le drame psychologique avec l'adaptation du roman du même nom d’Éric Reinhardt.
On ne l’attendait pas vraiment là. Valérie Donzelli, pétillante cinéaste réputée pour ses comédies joliment foutraques, s’aventure ici dans le drame psychologique… À mille lieues de ses fables précédentes, L’Amour et les Forêts, son sixième long-métrage librement adapté du roman du même nom d’Éric Reinhardt, lui permet ainsi d’explorer les mécanismes complexes de l’emprise et de la manipulation au sein d’un couple. Pour le meilleur : soutenue par Audrey Diwan (L’Événement) au scénario et par Laurent Tanguy à la photo, elle livre son film le plus intense et le plus accompli.
Précisément, son récit met en scène Blanche (Virginie Efira, remarquable de nuances), une prof de français qui croit rencontrer LE grand amour en croisant le chemin de Grégoire, un soir de fête. Les liens se tissent, rapidement. Un peu trop peut-être. Balayant ses appréhensions, la douce Blanche s’éloigne de sa sœur jumelle (double rôle pour Virginie !) et de sa mère aimante, change de région, met au monde deux enfants… et se retrouve prise au piège d’un Grégoire possessif et dangereux (Melvil Poupaud, justement inquiétant). La honte, la peur, puis la dépression s’installent. Heureusement, juste à côté, il y a la forêt. Là même où elle trouvera peut-être le moyen de respirer…
C’est peu dire que l’on retient son souffle le long de ce douloureux parcours d’émancipation (le film tisse sa toile sous forme de flash-back et de retours au présent), comme happé·es par le jeu si fin, si inventif, si pertinent, qui se déploie entre les plans, les lieux et les lumières (image inoubliable que cette voiture en forme de prison qui s’enfonce dans la nuit noire). Aussi beau que puissant, ce nouvel opus est décidément détonant.
L’Amour et les Forêts, de Valérie Donzelli. Sortie le 24 mai.