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© Christophe Bouillon / FDC

Cannes 2024 : nos coups de coeur de cette 77e édition

Par-​delà le tour­billon sur­ex­po­sé des films en lice pour la Palme d’or, décer­née ce same­di soir, cette 77e édi­tion abri­tait une mul­ti­tude de pépites, à déni­cher dans plu­sieurs sec­tions paral­lèles, sou­vent plus atten­tives au tra­vail des réa­li­sa­trices et à la cause des femmes. Petite liste sub­jec­tive, non exhaus­tive, en guise de coups de cœur. 

Un cer­tain regard

Vingt Dieux, de Louise Courvoisier

Coup de frais sur la Croisette ! Ce pre­mier film signé Louise Courvoisier, tout juste 28 ans, a été entiè­re­ment tour­né dans son vil­lage natal du Jura avec des comédien·nes non professionnel·les. Un régal d’authenticité et de ten­dresse, qui nous entraîne dans les pas incer­tains de Totone, 18 ans, sacré lous­tic qui, à la suite du décès de son père, doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trou­ver un moyen de gagner sa vie entre deux bals et trois virées avec sa bande de potes. Aussi naïf qu’inconséquent, ce glan­deur sym­pa­thique décide de fabri­quer le meilleur Comté de la région. Il ren­contre alors Marie-​Lise, jeune agri­cul­trice autre­ment plus res­pon­sable et déter­mi­née… pour mieux nous embar­quer dans une épo­pée sen­ti­men­tale savou­reuse. En clair, ce film est à croquer.

Sortie en salles le 11 décembre.

Santosh, de Sandhya Suri

Conçu à la fois comme un thril­ler, un brû­lot poli­tique et un por­trait de femme, Santosh suit le par­cours sidé­ré et assez sidé­rant de Santosh, 28 ans, qui, à la suite du décès de son mari poli­cier, hérite de son poste et devient agente de police. Un détail qui n’en est pas un : l’intrigue se déroule en Inde, où les vio­lences sexuelles et sexistes per­pé­trées contre les femmes sont mon­naie cou­rante. De fait, très vite, Santosh va être ame­née à enquê­ter sur la mort d’une ado­les­cente de caste infé­rieure, vio­lée, démem­brée, puis jetée dans un puits. Hyper réa­liste, ce pre­mier film de fic­tion signé Sandhya Suri, une docu­men­ta­riste recon­nue, reste rivé à son héroïne de bout en bout… et nous avec !

Sortie en salles le 17 juillet.

La Quinzaine des cinéastes

Ma vie, ma gueule, de Sophie Filières

Présenté en ouver­ture de la Quinzaine des cinéastes, Ma Vie, ma gueule est un film post­hume, sa réa­li­sa­trice, la Française Sophie Fillières, étant décé­dée l’an der­nier, à la toute fin de son tour­nage. Il est d’autant plus émou­vant qu’il nous entraîne dans les pas de Barberie Bichette, une héroïne un brin mal­adroite de 55 ans, qui s’interroge beau­coup sur la vie, la mort, le temps qui passe et la pos­si­bi­li­té, ou pas, d’avoir de nou­veaux pro­jets et/​ou de faire de nou­velles ren­contres. Ce pro­bable auto­por­trait, qui oscille tel un funam­bule entre comé­die et tra­gé­die, est por­té de bout en bout par une Agnès Jaoui irré­sis­tible (et des dia­logues non moins exquis).

Sortie en salles le 18 septembre.

La Semaine de la critique

Julie Keeps Quiet, de Leonardo van Dijl 

Accueilli en toute logique à La Semaine de la cri­tique (sec­tion char­gée de faire décou­vrir les pre­miers et deuxièmes longs-​métrages), Julie Keeps Quiet aborde comme rare­ment la ques­tion de l’emprise et des vio­lences sexuelles dans le milieu spor­tif. Tout com­mence dans un club de ten­nis belge répu­té, où l’entraîneur prin­ci­pal est mis à pied à la suite du sui­cide d’une de ses pro­té­gées. Une enquête est en cours, bou­le­ver­sant le quo­ti­dien des autres joueurs et joueuses, dont Julie, 15 ans, star mon­tante du club pour laquelle le ten­nis est bien plus qu’une pas­sion : une rai­son d’être. On ne sait pas exac­te­ment ce qu’elle-même a vécu et pour cause : sou­cieuse de conti­nuer à s’entraîner, jouer et gagner, Julie s’enferme d’emblée dans un silence de plomb… Jusqu’à ce qu’il devienne suf­fo­cant. Dense, ten­du, ce pre­mier film signé Leonardo van Dijl impres­sionne par son sérieux et sa déter­mi­na­tion, rac­cord, de fait, avec sa jeune héroïne.

Sortie en salles cou­rant 2024.

Animale, d'Emma Benestan 

Présenté en clô­ture de cette sec­tion défri­cheuse, ce pre­mier film signé Emma Benestan raconte l’histoire de Nejma, une jeune pro­ven­çale qui veut s’intégrer dans le monde macho des manades et de la tau­ro­ma­chie et rêve de rem­por­ter la pro­chaine course camar­guaise. Mais bien­tôt, alors que la sai­son bat son plein, des dis­pa­ri­tions sus­pectes inquiètent les habitant·es. Très vite la rumeur se pro­page : une bête sau­vage rôde… A la croi­sée du wes­tern et du film fan­tas­tique, Animale a su aus­si se nour­rir du folk­lore local (La Tarasque de Tarascon, monstre hybride qui vivrait sur les berges du Rhône) pour dérou­ler son récit d’épouvante, éton­nam­ment solaire, qui inter­roge les genres à tout point de vue. Son sens du cadre, sa lumière sudiste et le jeu intense d’Oulaya Amamra n’y sont évi­dem­ment pas pour rien…

Sortie en salles le 6 novembre. 

Compétition offi­cielle

Anora, de Sean Baker 

Allez, pour finir, une petit incur­sion dans la com­pé­ti­tion offi­cielle de cette 77e édi­tion du Festival de Cannes… parce qu’elle le vaut bien ! « Elle », c’est Anora, l’héroïne déter, badass, hyper atta­chante, du film du même nom, écrit et réa­li­sé par l’Américain Sean Baker (déjà auteur des for­mi­dables Tangerine et The Florida Project). Cette jeune Cendrillon au pur accent new-​yorkais sur­vit comme tra­vailleuse du sexe (et gogo dan­cer) dans un club, où elle va croi­ser Vanya, fils tota­le­ment imma­ture et à peu près débile d’un couple d’oligarques russes richis­simes. La chance de sa vie, se dit-​elle… Commençant pia­no, ambiance froide, réa­liste, dans un New York gla­cial,  Anora dévie rapi­de­ment de sa route natu­ra­liste pour nous pro­je­ter dans une course-​poursuite génia­le­ment drôle, que ne renie­raient pas les frères Coen. Avec un vrai bonus à la clé : la farce n’est pas seule­ment rieuse, elle est tendre et dit beau­coup des rap­ports de classe dans les Etats-​Unis aujourd’hui, cela sans tom­ber dans la cari­ca­ture. Autrement dit, Anora, fable sub­ti­le­ment écrite et inter­pré­tée (Mikey Madison dans le rôle-​titre est hal­lu­ci­nante), est notre Palme coup de cœur…

Sortie en salles cou­rant 2024.

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