Cette semaine, le nouveau Sophie Letourneur interroge la longévité du couple hétérosexuel. Et le documentaire de Steffi Niederzoll revient sur l’affaire Reyhaneh Jabbari, cette jeune Iranienne pendue en 2014 après sept années de prison à Téhéran pour le meurtre de l’homme qui avait tenté de la violer.
Partir, c’est ne trouver que soi-même au bout de la route. C’est, hélas, ce qui attend un couple de bobos espérant réenchanter son quotidien lors d’une escapade romantique en Italie, loin de leur enfant en bas âge et de la grisaille parisienne. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil de Sicile. Sauf que Sophie Letourneur, aux manettes de ce road-movie, s’attache à faire capoter tout espoir de rédemption conjugale, puisque derrière chaque Airbnb défraîchi rôde le souvenir des ex d’antan, que le fantasme des vieilles pierres se révèle forcément décevant et que les paysages s’avèrent invariablement encombrés de touristes, au lieu de s’offrir aux esthètes en goguette. Dans un décor de carte postale et face à ses névroses, le couple se désagrège peu à peu. Ce duo au bord de la sortie de route, mi-horripilant, mi-attachant, est ici campé par la cinéaste, avec le bagou qu’on lui connaît, en ménage avec le chanteur Philippe Katerine, échevelé comme jamais.
Énorme, son précédent long-métrage, sorti en 2019, mettait en scène Marina Foïs et Jonathan Cohen aux prises avec les affres de la grossesse. Ici, cahin-caha, au gré d’un badinage en apparence anodin, les embardées du film interrogent à la fois un tourisme low cost déceptif et la longévité du couple hétérosexuel. Sans oublier un clin d’œil au film éponyme de Rossellini, Voyage en Italie (1954), maître étalon du breakup movie ! C.G.
Voyages en Italie, de Sophie Letourneur. Sortie le 29 mars.
Sept hivers à Téhéran
Le poids des mots, le choc des images, l’acuité du combat. À la fois intime et politique, Sept hivers à Téhéran revient sur l’affaire Reyhaneh Jabbari, cette jeune Iranienne pendue en 2014 après sept années de prison à Téhéran pour le meurtre de l’homme qui avait tenté de la violer. Constitué en partie d’images et de sons enregistrés clandestinement par ses proches, ce documentaire-enquête sensible et percutant parvient aussi bien à dresser le portrait de Reyhaneh, magnifique de courage et de dignité (les séquences où l’on entend sa voix sont bouleversantes), que celui de sa famille, qui continue de se battre, aujourd’hui encore, contre la peine de mort et pour les droits des femmes en Iran. On en sort à la fois dévasté·e et galvanisé·e : le combat continue, plus que jamais. A.A.
Sept hivers à Téhéran, de Steffi Niederzoll. Sortie le 29 mars.