“Recul majeur”, “15 ans d’échec”, “décision purement politique” : la consternation domine parmi les ONG environnementales après l’annonce du gouvernement d’une mise en “pause” du plan écophyto de réduction de l’usage des pesticides, que réclamait une partie du monde agricole en colère.
Jeudi, pour répondre aux exigences de certains agriculteur·rices, le gouvernement a annoncé la mise en “pause” du plan Écophyto, qui prévoyait la réduction de l’usage des pesticides. De quoi mettre en colère les organisations environnementales. De son côté, Générations futures dénonce “des mesures totalement rétrogrades nous ramenant plus de quinze années en arrière”, selon son porte-parole François Veillerette, dans un communiqué. “Il s’agit d’une erreur politique majeure, car si la question du revenu agricole est une vraie question pour un certain nombre d’agriculteurs, ce n’est pas en sacrifiant l’environnement et les ressources naturelles qu’on réglera ce problème, bien au contraire”, a‑t-il ajouté.
“Aujourd’hui, la FNSEA a gagné, mais ça ne va rien amener au revenu agricole, pas un centime” et “ça permettra de continuer à faire l’agriculture du siècle précédent en gardant toujours plus de produits dangereux sur le marché et en retardant leur retrait de manière cynique”, a‑t-il enfin déclaré.
Cette “pause” a été annoncée par Gabriel Attal, alors que l’État a jusqu’au 30 juin 2024 pour mieux respecter ses trajectoires de baisse de l’utilisation des pesticides et protéger les eaux, sur ordre de la justice administrative. “Cette annonce est donc aussi un refus de se plier à une décision de justice”, a fustigé, auprès de l’AFP, l’ONG Pollinis, une des cinq associations (avec Notre affaire à tous, l’Association nationale de protection des eaux et rivières, Biodiversité sous nos pieds et Aspas) à l’origine de cette procédure judiciaire.
Cette “pause” durera “le temps de mettre en place un nouvel indicateur” pour se substituer à l’actuel, le Nodu, qui mesure l’usage des molécules par les exploitants, contesté par des organisations agricoles, a expliqué Gabriel Attal. Cette mise en place doit se faire en concertation avec les ONG. “Nous rejetterons toute participation à une nouvelle dynamique écophyto dont l’indicateur serait biaisé et donnerait une vision tronquée de la dépendance de l’agriculture française aux pesticides”, a répondu Générations futures.
Pollinis dénonce "une décision purement politique, qui va à l'encontre de la science et du droit et qui ne va pas résoudre les problèmes des agriculteurs", rappelant que "l'effondrement de la biodiversité ne connaît pas de pause".
“Tout ça n’a pas de sens”, déplore enfin Sandrine Bélier, directrice de l’ONG Humanité et Biodiversité. “Certes, il vaut mieux suspendre que d’avoir une stratégie au rabais, mais écophyto est le principal plan qui accompagne les agriculteurs dans leur transition économique”, via le financement de la recherche et des expérimentations.”Mettre en cause ce mécanisme, ça veut dire renoncer à accompagner les agriculteurs dans leurs transitions écologiques”, met-elle en garde.