La mesure, prévue par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire promulguée en 2020, a pour ambition de réduire les milliers de tonnes de déchets produits par les enseignes de restauration rapide.
Plus de cuiller à glace à usage unique, plus de verre en carton : à partir de dimanche 1er janvier, les enseignes de fast-food ont l'interdiction de proposer de la vaisselle jetable pour les repas consommés sur place. La restauration rapide a eu presque trois ans pour s'y préparer puisque la mesure fait partie de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire promulguée en février 2020.
Enjeu : réduire les milliers de tonnes de déchets produits par les fast-foods. Selon les chiffres de militant·es écologistes, l'industrie de la restauration rapide génère en France « 180 000 tonnes de déchets d’emballages et de vaisselle jetable par an, dont 55 % pour la consommation sur place », écrivent-ils dans une tribune publiée dans Le Journal du Dimanche (JDD) début décembre.
Pour les associations de défense de l'environnement, c'est une bonne nouvelle… Si les fast-foods jouent le jeu jusqu'au bout : « Si on est sur du plastique réutilisable mais qui au bout de deux ou trois lavages devra être remplacé, on n'est clairement pas sur une mesure environnementalement ambitieuse », remarque, au micro de France 3 Alice Elfassi, responsable juridique de Zero Waste France. Comme en réponse, le géant McDonald's précise à Challenges avoir opté dès octobre 2021 dans plusieurs restaurants tests pour du tritan, un dérivé du plastique jugé comme « très rigide et résistant suffisamment au lavage à 60 degrés ». La chaîne précise 50% des commandes, soit un million de client·es par jour, concernent des repas pris sur place.
Manque de bonne volonté de certaines enseignes ?
Challenges souligne que des investissements « colossaux » ont été réalisés pour repenser la chaîne de lavage dans ces enseignes de fast-food mais prévient déjà que malgré le délai qui leur a été laissé pour se préparer, toutes ne seront pas prêtes. « L’entrée en vigueur tombe mal puisque nous sommes impactés de plein fouet par la crise énergétique et l’augmentation des prix des matières premières », prévient ainsi Maurizio Biondi, PDG de Big Fernand. Les cinq activistes écologistes membres de diverses associations qui signent la tribune du JDD y font part de leurs inquiétudes : « Si certains acteurs de la restauration rapide font preuve de bonne volonté, d’autres se mobilisent de manière plus ou moins discrète depuis des semaines pour minimiser la portée de cette mesure. Ou ne "croient" pas à l’entrée en vigueur du dispositif, compte tenu du contexte rendu difficile par la crise énergétique. D’autres, enfin, ne semblent tout simplement pas au courant et risquent fort de louper l’échéance du 1er janvier. »
Dans un tweet, Brune Poirson, ancienne secrétaire d’État à Transition écologique aujourd'hui reconvertie dans le privé (elle est directrice développement durable du groupe hôtelier Accord), s'est félicitée du déploiement d'autres mesures votées par la loi anti-gaspilage qu'elle avait portée. Ainsi, un « nutriscore » de l'impact environnemental des vêtements et des produits alimentaires va apparaître dans les prochains mois et 2023 sera l'année de l'harmonisation des consignes de tri sur l'ensemble du territoire.
Le 15 décembre dernier, c'est le bonus réparation pour les produits du quotidien qui a été officialisé : il prévoit une aide financière de 10 à 45 euros, selon l'objet, pour faire réparer un appareil électroménager chez un réparateur agréé QualiRépar, dont on peut trouver la liste ici. « Pour ces produits électriques et électroniques, une enveloppe de financement de 410 millions d’euros est prévue sur la période 2022–2027 », précise le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Pour l'heure, 400 magasins et 700 réparateur·rices à domicile sont labellisé·es QualiRépar et leur nombre est amené à augmenter « dans les prochains mois » indique le ministère.