ÉDITO. Des tomates en février sans besoin de serre, du vin de Bordeaux produit dans le Cotentin et une chaleur saharienne dans les villes du sud de la France dès le mois de mai. C'est ce à quoi pourrait ressembler le territoire métropolitain français à l'horizon 2011, selon les projections les plus pessimistes mais désormais les plus réalistes des climatologues.
Jeudi 4 mai, le Conseil national de la transition écologique (CNTE) – qui regroupe représentants de collectivités territoriales, ONG, syndicats, patronat et des parlementaires – a adopté un nouvel avis proposant « de retenir, pour la trajectoire d’adaptation au changement climatique, l’hypothèse générale d’un réchauffement global de 3 °C d’ici à la fin du siècle, croisant 1,5 °C en 2030 et 2 °C en 2050 ». Les différentes zones du globe n'étant pas sur pied d'égalité face à ce réchauffement, le CNTE précise que la France métropolitaine sera impactée plus durement que la moyenne, avec +4°C. Mais les Outre-mer ne seront pas épargnés non plus : ainsi, « Saint-Pierre-et-Miquelon ira au-delà de + 4 °C » a affirmé Ronan Dantec, sénateur Europe Ecologie Les Verts membre du CNTE, rapporte Le Monde.
Cet avis s'inscrit dans la lignée des propos tenus ces derniers mois par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, qui appelle à sortir du « déni » afin d'anticiper et de préparer le pays à cette vertigineuse hausse des températures. Pour le ministre interrogé par l'AFP, il ne s'agit pas de renoncer aux « ambitions climatiques » du pays mais : « Nous devons agir comme si tout dépendait de nous, mais nous devons nous adapter en mesurant que tout ne dépend pas de nous. »
On saluera ici l'effort de lucidité gouvernemental. Et attendons désormais les immenses efforts d'adaptation nécessaires à une vie sous la fournaise et sous les catastrophes naturelles, puisque les deux vont de pair.