Fin août, le gouvernement a décidé de prolonger les deux dernières centrales à charbon françaises jusqu'à la fin 2024, afin d'éviter tout risque de coupure d'électricité. De quoi énerver Nicolas Nace, chargé de campagne pour la transition énergétique au sein de l'ONG Greenpeace France.
« Le 24 août, le gouvernement a annoncé la prolongation des deux dernières centrales à charbon françaises jusqu’à la fin 2024 [elles auraient dû cesser de fonctionner l’an dernier, ndlr] afin d’éviter tout risque de coupure électrique cet hiver. Pour cela, il a publié un décret qui augmente temporairement le plafond des émissions de gaz à effet de serre (GES), comme il l’avait déjà fait l’an dernier.
La différence, c’est que, cette année, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité [RTE] nous dit qu’il y a beaucoup moins de tensions : la consommation est moins élevée, la production d’énergies renouvelables est plus importante, le nucléaire revient à un niveau plus acceptable… Et pourtant, le gouvernement décide de prolonger ces deux centrales [situées à Saint-Avold, en Moselle, et à Cordemais, en Loire-Atlantique]. C’est un très mauvais signal.
Lorsqu’il était candidat en 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à fermer ces centrales avant la fin de son premier quinquennat. Là, on voit qu’on n’a pas atteint notre objectif et qu’en plus les seuils prévus d’émission de GES ne sont pas tenus. Et ça, c’est dû à l’absence d’une vraie stratégie énergétique, qu’il s’agisse des retards sur les énergies renouvelables, des moyens de stocker l’électricité, des politiques de sobriété ou de la rénovation thermique des logements… Cette décision montre l’échec de ce qui était prévu.
Elle révèle aussi le double discours du gouvernement et d’Emmanuel Macron. D’un côté, on nous dit qu’on veut être la première grande nation à sortir des énergies fossiles. De l’autre, à la première difficulté potentielle, on prolonge les centrales à charbon. Et c’est assez cynique que le gouvernement ait décidé de publier ce décret – alors qu’il n’y avait aucune urgence – au moment où beaucoup de villes françaises vivaient le plus grand pic de la canicule, conséquence de l’inaction climatique mondiale. »