Le mouvement de désobéissance civile a planté, dans la nuit du samedi 13 au dimanche 14 août, des légumes assoiffés dans plusieurs trous des greens limougeauds. L’occasion de dénoncer le passe-droit des golfs, qui peuvent arroser leur pelouse en pleine sécheresse.
Une plantation toute symbolique pour dénoncer un privilège jugé « indécent » aux yeux du collectif de militants écolos. Dans la nuit de samedi à dimanche, des activistes d'Extinction Rebellion ont mis le boxon sur le green de deux golfs de la région de Limoges. À l'intérieur des trous plutôt habitués à des balles blanches, ils ont planté des légumes assoiffés avec l'objectif de « poser les bonnes questions sur quelles activités sont soutenables dans un monde en pleine urgence climatique », expliquent t‑ils sur leur page Facebook. En dépit d'un mois de juillet éminemment aride, « l’arrosage des greens de golf est toujours autorisé par dérogation préfectorale en raison du coût d’entretien de ces terrains luxueux » dénoncent les défenseur·ses de l'environnement. En outre, « l'accaparement de l’eau pour un loisir de privilégiés » est inacceptable pour Extinction Rebellion.
Si l’action menée par les militant·es a été fugace, les jardinier·es des golfs ayant rapidement retiré les plantations sauvages selon le quotidien Le populaire du Centre, elle reste emblématique. L'apanage dont bénéficie les golfs suscite de vives réactions au sein de la classe politique. « Il est interdit de remplir les piscines, de laver sa voiture, d’arroser son potager, mais les golfs, eux, doivent simplement réduire leur consommation d’eau », dénonce sur Twitter le député LFI Hendrik Davi. Le maire EE-LV de Grenoble, Éric Piolle, s'est révolté sur le plateau de BFM TV en arguant : « Quand on ne peut plus rien arroser nulle part, que tout le monde manque d’eau et que nos pelouses sont jaunes, pourquoi peut-on arroser encore les greens de golf ?».
76 départements « en crise »
La France fait en ce moment face à la sécheresse la plus conséquente qu'elle ait connu depuis 1959. La quasi-totalité du territoire de l'Hexagone a été, vendredi 12 août, touchée par des restrictions d’eau, avec 76 départements placés en situation de « crise ». Particulier·es, collectivités, industriel·les ou encore agriculteur·ices sont soumis·es aux « contrôles sécheresse » sous l’autorité des préfets compétents.
Cette vague de sécheresse alarmante, intensifiée par les épisodes caniculaires, divise les secteurs d'activité (tourisme, sport et loisirs, agroalimentaire, énergie etc.) sur l'emploi et l'affectation de l'eau devenue précieuse. À titre d'exemple, le 16 juillet, quatre cents mètres cubes d'eau ont été volés dans une réserve destinée aux pompiers, par les responsables d'un club de moto-cross en Ardèche.
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