Tandis que des alertes sont lancées sur la mortalité infantile liée à la pollution de l'air en Europe et sur l'effondrement de la reproduction de certaines espèces animales en raison de la sécheresse, le ministre des Transports Clément Beaune tente d'apaiser sur le projet d'autoroute devant relier Castres à Toulouse.
Face à la mobilisation citoyenne, Clément Beaune annonce vouloir "réduire l'impact" du projet d'A69
« Il est hors de question de faire comme avant », a affirmé le ministre des Transports Clément Beaune à franceinfo ce lundi, au sujet du projet contesté de création d'autoroute entre Toulouse et Castres. Alors que ce week-end a vu déferler à Saix dans le Tarn des milliers d'opposants à l'A69 dans une ambiance déterminée mais festive, Clément Beaune a affirmé qu'il était « possible et souhaitable de réduire les impacts environnementaux » de ce projet jugé par beaucoup inutiles et en contradiction avec l'urgence climatique.
Le ministre a par ailleurs rappelé que son ministère s'était engagé en janvier à passer au crible l'ensemble des projets autoroutiers en cours de développement à l'aune des enjeux environnementaux (lutte contre l'artificialisation des sols, réduction des émissions, désenclavement des territoires, coût des projets). « La réponse sur tous les projets routiers, dont celui-ci, arrivera d'ici le début de l'été », a‑t-il promis.
Mais pour l'heure, rien n'indique que l'A69 ne se fera pas : « C’est un projet spécifique parce qu’il est le projet le plus avancé. Il y a des travaux qui ont commencé, on est dans un État de droit : il y a eu des règles et des procédures et à chaque fois la justice a confirmé ce projet. »
La pollution de l’air tue 1 200 enfants et adolescent·es par an en Europe
Le chiffre, glaçant, provient d'une estimation de l’Agence européenne de l’environnement (AEE), publiée ce 24 avril : dans ses 32 pays membres, 1 200 mineur·es mourraient chaque année à cause de la pollution de l'air, notamment en raison du rejet du dioxyde d'azote (NO2) et des particules fines, qui affectent le développement et les fonctions des poumons des enfants.
« Malgré des progrès ces dernières années, note l'AEE, le niveau des principaux polluants de l'air demeure obstinément au-dessus des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé dans de nombreux pays européens, particulièrement en Europe de l'Est et en Italie. » Ainsi, en 2021, presque 90% de la population urbaine de l'Union européenne a été exposée à des niveaux « dangereux » de dioxyde d'azote et de particules fines, détaille l'AEE.
Pour les enfants, les risques commencent dès la grossesse, avec une exposition à la pollution de l'air des mères qui peut entraîner « un poids faible à la naissance et des risques de naissance avant terme », rappelle l'AEE. Par la suite, les problèmes de développement des poumons peuvent se traduire par des infections respiratoires, des allergies et de l'asthme chronique, qui concerne 9% des enfants et adolescent·es en Europe, affirme l'AEE. Qui demande à protéger en priorité les mineur·es : « Jusqu'à ce que la pollution de l'air soit réduite à des niveaux sûrs, améliorer la qualité de l'air autour d'infrastructures comme des écoles et des jardins d'enfants et durant des activités d'extérieur peut aider à réduire l'exposition des enfants. »
En France, la sécheresse entraîne de lourdes conséquences sur la biodiversité
C'est la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui sonne l'alarme dans un communiqué de presse : la biodiversité des dix espaces naturels en zone humide qu'elle gère en Vendée et Charente-Maritime, a été fortement impactée par la sécheresse du printemps et de l'été 2022.
Premier effet du manque d'eau, note la LPO : « l'absence et/ou la difficulté de développement des végétations terrestres et aquatiques usuelles », avec, dans le même temps, « l'expression d’une végétation inhabituelle ».
En ce qui concerne la faune, la sécheresse a entraîné « une faible reproduction, voire nulle pour certaines espèces ». A titre d'exemple, la LPO cite celui de certaines espèces d'amphibiens ou d'oiseaux d'eau, comme le Chevalier Gambette (-50% d'effectifs nicheurs) et la Guifette noire, « pour laquelle aucune reproduction n’a été observée à la Vacherie, qui concentre pourtant l’essentiel des effectifs du Marais poitevin ». La sécheresse dérègle également la fréquentation de ces zones par les oiseaux migratoires : à Saint-Denis-du-Payré et à la Vacherie, « les effectifs d’oiseaux d’eau en migration étaient 19 fois moins importants en août 2022 qu’en moyenne sur les 5 années antérieures sur le même mois. Cela représente 1200 oiseaux/jour habituellement, contre 64 en 2022. »
La LPO demande, « pour faire face à l’effondrement de la biodiversité, que l’État poursuive la création et l’extension des réserves naturelles nationales et que la politique publique œuvre à la limitation des pressions additionnelles comme la chasse ou les pollutions chimiques partout en France ».