Une ancienne jeune footballeuse passée par le centre de formation de l'Olympique lyonnais accusait le club de "discrimination sexuelle". Ce mercredi, le tribunal judiciaire de Lyon lui a donné raison.
D'après des informations relayées par France Inter, le tribunal judiciaire de Lyon a condamné ce mercredi l'Olympique lyonnais pour "discrimination sexuelle" à la suite d'une plainte déposée par une ancienne joueuse passée par le centre de formation du club. La jeune femme a fréquenté l'Olympique lyonnais quand elle avait 15 ans, en 2017. Elle dénonçait dans sa plainte l'absence de convention pour les jeunes filles qui entrent à l'académie, convention qui encadre pourtant le parcours des garçons. Aujourd'hui condamné, le club devra versé 3 500 euros de dommages et intérêts à son ancienne élève.
Cette absence de convention a entraîné un manque de garanties visant à protéger la jeune fille, aujourd'hui âgée de 21 ans, de la même manière que ses camarades masculins. "Une telle convention, dont la durée peut varier entre une et 5 saisons au maximum, offre un certain nombre de garanties au bénéficiaire notamment en cas de résiliation intervenue comme en l’espèce à l’initiative du club", affirme le jugement consulté par France Inter. Or, la loi du 27 mai 2008 "prohibe en son article premier, au titre des discriminations directes, les situations dans lesquelles, sur le fondement de son sexe, une personne est traitée de manière moins favorable qu'une autre ne l'est, ne l'a été ou ne l'aura été dans une situation comparable".
Pour preuve de l'impact de cette discrimination, le tribunal pointe notamment du doigt l'évincement de la jeune joueuse, qui lui a été annoncé par téléphone. Une convention aurait obligé le club à lui signifier la résiliation de son contrat par un lettre recommandée avec accusé de réception au plus tard 30 jours avant la fin de la saison. Il ne fait dès lors aucun doute pour le tribunal que l'ancienne footballeuse "n’a donc pas bénéficié de telles garanties réservées aux garçons". Le jugement ajoute que "ses parents se sont donc vus informer téléphoniquement qu’elle ne serait pas conservée dans les effectifs de l’équipe la saison suivante sans qu’aucun accompagnement particulier ne lui soit offert du point de vue de sa scolarité".
D'après Slim Ben Achour, l'avocat de l'ex-joueuse, interrogé par France Inter, "cette décision est une décision majeure pour le football français, en premier lieu féminin, puisque il condamne un club très important en football féminin". Il poursuit : "Les familles remettaient physiquement les jeunes filles au début de la saison sans qu'il n'y ait jamais de dispositions obligatoires contraignant le club sur la santé, sur l'alimentation, sur l'éducation, sur la scolarisation, ce qui est totalement illégal au sein de la République française. Les jeunes filles doivent avoir absolument les mêmes droits que les garçons. Et cette norme impérieuse, qui est pourtant assez simple, n'était pas respectée par le plus grand club féminin de football en France et probablement le plus grand club du monde féminin".
Outre cette accusation de discrimination désormais jugée en sa faveur, la joueuse soupçonne l'Olympique lyonnais de l'avoir évincée pour lui faire payer le fait d'avoir contribué à la révélation de possibles agressions sexuelles par un encadrant, aujourd'hui mis en examen. Le club rétorque quant à lui que la jeune fille a été remerciée en raison de ses résultats sportifs, jugés décevants, et qu'aucun engagement de durée n'avait par ailleurs été pris. "Avec tout ce que l'on fait pour le football féminin depuis des années, nous avons très mal vécu de nous retrouver attaqués sur ce terrain-là. Nous considérons être un centre de formation mixte, où garçons et filles s'entraînent régulièrement ensemble " avait rétorqué, au mois d'août, auprès de France Inter, Vincent Ponsot, le Directeur général du football à l'Olympique lyonnais.
En guise de défense, le club avait souligné l'inexistence en 2017 de convention prévue pour les filles au niveau de la Fédération française de football. Depuis, un arrêté du 19 juin approuve désormais la mise en place de conventions type de formation pour les apprenties footballeuses. Toutefois, le tribunal de Lyon a estimé dans son jugement que l'Olympique lyonnais aurait pu prendre l'initiative d'un tel accord : "il convient de relever que les dispositions de la charte de football, si elles n’imposent la signature d’une convention de formation que pour les garçons, n’interdisent nullement la signature d’une convention offrant des droits similaires pour les filles" ni d'offrir "y compris en dehors de tout cadre conventionnel, des garanties équivalentes aux filles et aux garçons".
Le club a annoncé "prendre acte" de ce jugement, mais se dit ""très surpris de la décision qui [lui] reproche de ne pas avoir fait signer en 2017 une convention de formation à la joueuse, convention qui n’a été autorisée par arrêté ministériel qu’en juin 2023", et pour laquelle il affirme avoir "milité pendant plusieurs années".