L’équipe de France féminine de football a fait son entrée en lice en Coupe du monde féminine de football face aux Jamaïcaines hier. Tenues en échec par les Reggae Girlz (0-0), les Bleues ont pu compter sur leurs supporters·trices venu·es en nombre au Café Oz de Denfert Rochereau. Causette a suivi le match à leurs côtés.
Les Bleues auraient aimé commencer leur Mondial de football d’une autre manière ! L’équipe de France de Hervé Renard a été tenue en échec ce dimanche par les « Reggae Girlz », l’équipe nationale de la Jamaïque, 0-0. Les Françaises ont tout de même pu compter sur le soutien de leurs 500 supporters·trices présents·es à Allianz stadium à Sydney (Australie) mais également de celleux qui sont resté·es en France, à plus de 15000 km de là. Certain·es étaient sans doute derrière leurs écrans, d’autres sont allé·es dans les bistrots et les pub, comme au Café Oz à Denfert Rochereau (XIVème arrondissement de Paris) où les fans des Bleues étaient nombreux·ses. Ce pub est d’ailleurs réputé pour son ambiance décontractée et sa décoration, rappelant l’Australie et la Nouvelle-Zélande. À l’occasion du match des Françaises, le Café Oz s’est mis aux couleurs de la France : drapeaux tricolores accrochés au bar, affiches « Fiers d’être Bleues » sur les murs.
Il est 12h, le coup d’envoi est imminent ! La trentaine de supporters·trices s’installent devant les écrans géants. Maillots de l’équipe de France enfilés, maquillage bleu blanc rouge sur les joues, frites et hamburger sur les tables, iels entonnent la Marseillaise à l’unisson avec les Bleues avant le coup d’envoi.
Installées confortablement, Lyna, Khadija et Ernestine font leur pronostic. « Je pense qu’elles vont gagner 2-1 », lancent Lyna et Khadija, deux joueuses amatrices de football. « Je ne vois pas les Jamaïcaines marquer contre nous. Pour moi, il y aura 2-0 pour les Bleues », estime Ernestine, vêtue du maillot de l’équipe de France floqué à son nom. Enthousiastes pour cette Coupe du Monde, les trois fans de foot regrettent le manque d’engouement de la part des Français·es pour la compétition. « Niveau ambiance c’est assez discret en France, le décalage horaire n’aide pas [les rencontres du tournoi sont diffusées entre 03h et 13h, ndlr]. Plus les Bleues vont progresser dans le tournoi, plus il y aura de l’engouement. Heureusement, on a de la chance d’avoir des bars qui diffusent les matchs », assure Lyna.
Une première période en demi-teinte
Le match débute sous les encouragements et les sifflets des supporters·trices. Les chants envahissent le Café Oz : « Allez les Bleues ! Allez les Bleues ! » À la 10e minute, Amel Majri envoie le ballon sur un long coup franc, la défenseure Wendie Renard dévie de la tête mais la Jamaïcaine Chantelle Swaby dégage en urgence la balle. Alors que le match a commencé depuis quelques minutes, des spectateurs·rices arrivent et s’installent face aux écrans géants. Juliette rejoint son amie Laura, arrivée pile au coup d’envoi. Elles ne sont pas très « branchées football » plutôt adeptes du handball : « On soutient avant tout le sport féminin ! Je trouve qu’il n’y a pas assez de visibilité concernant les disciplines sportives », précise Juliette trempée par la pluie. « J’espère qu’elles vont gagner cette coupe ! », sourit Laura qui garde un œil attentif sur l’écran.
Le temps passe, toujours aucun but. Les Françaises ont des occasions mais elles n’arrivent pas à les concrétiser : à la 28e minute, après une faute de Drew Spence (Jamaïque) sur Eugénie Le Sommer (n°9), Amel Majri tire le coup franc et l'enroule directement sur la numéro 9 qui n'arrive pas à ajuster sa reprise de la tête. « Oh la vache ! », lance une supportrice. Les « Reggae Girlz » profitent du manque de réalisme des Françaises pour les mettre en danger et faire frissonner de peur leurs supporters·trices. Leur attaquante Khadija Shaw est un réel poison pour la défense française : avec sa vitesse et sa taille (1m82), elle provoque quelques tachycardies du côté des fans des Bleues à chaque fois qu’elle s'approche des cages françaises. À quelques minutes de la mi-temps, la jeune joueuse frappe la balle sur coup franc et frôle les cages de la gardienne française Pauline Peyraud-Magnin. Les fans ont tremblé d’effroi face à cette occasion jamaïcaine. « Heureusement ! Je l’ai vue au fond des filets, moi !» indique Aliette, soulagée que le score soit resté à 0-0.
Des supporters·trices dubitatifs·ves
« Pour l’instant c’est décevant au niveau du jeu. J’ai l’impression que les joueuses sont un peu stressées et ont du mal à entrer dans la compétition », analyse Aliette qui est venue avec son groupe d’amis·es. Chapeau sur la tête et visage fermé, Caro partage l'avis que son amie. « J'espérais voir les Bleues marquer durant les 20 premières minutes de jeu, souffle-t-elle. Les Jamaïcaines sont en bloc, donnent tout sur le terrain et sont très dangereuses ! Alors que les Françaises perdent des ballons, se font bouger lors des duels », estime la joueuse de hockey sur gazon.
Certains·es supporters·trices sont sorti·es du Café Oz pour débriefer la première période. Parmi elleux se trouve Candice Prévost, ancienne joueuse de l'équipe de France de football et du Paris Saint-Germain. Elle estime que chaque premier match d’une compétition comme la Coupe du monde est toujours difficile. « C’est toujours un enjeu de rentrer dans la compétition. Les joueuses françaises ont aussi les épaules lourdes avec tout ce qui s'est passé avant le Mondial 1. Ajoutez à cela les absences de certaines à cause de blessures : Marie Antoinette Katoto (attaquante), Delphine Cascarino (attaquante), Selma Bacha (latérale gauche) qui sera disponible pour le prochain match (face au Brésil). Elles auraient apporté quelque chose offensivement », explique Candice Prévost vêtue d’un maillot de l’équipe de France. Le match reprend dans quelques secondes, on regagne sa place sans traîner.
Une seconde période pleine d’espoir
Dès les premières minutes de la seconde période, Caro donne de la voix et parle aux joueuses de l’équipe de France comme si elle était au bord du terrain à la place du sélectionneur Hervé Renard. « Allez les filles ! On continue le pressing à deux ! », « Balance la balle ! Cassez les lignes les filles », crie-t-elle. À chaque occasion des Bleues, elle jaillit de sa chaise, habitée par sa passion du football. 66e minute : la frappe de Kadidiatou Diani semble aller au fond mais passe juste à côté des cages jamaïcaines. « L’illusion d’optique de dingue », lâche Caro. Les minutes s’écoulent, les Bleues montent en puissance et ne lâchent rien. Dans le café, on continue d’encourager, de siffler et taper sur les tables.
À la 89e minute, on croit à la délivrance : Kadidiatou Diani dévie le ballon de la tête mais il vient s’écraser sur la barre transversale aux grand dam des supporters·trices. L’arbitre Maria Carvajal siffle la fin de la rencontre. Frustré·es par le match nul, les fans des Bleues applaudissent tout de même leurs joueuses. Prochain match pour les Bleues : samedi 29 juillet à 12h face aux Brésiliennes. « La France va gagner ! Ça va être un bon match, ça va jouer des deux côtés ! », prédit Lyna, sourire aux lèvres.
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- L'équipe de France a changé de sélectionneur à quatre mois du Mondial. Corinne Diacre a été limogée laissant la place de sélectionneur à Hervé Renard[↩]