Six lectrices de Causette racontent pourquoi elles ont, un jour, choisi d’envoyer valser la pression sociale autour du Nouvel An.
“Et toi, tu fais quoi pour le 31 ?” Halloween est bien souvent à peine passé que cette question se faufile dans les conversations. Pour certain·es, elle est source d’exaltation et de réjouissances. Pour d’autres, elle s’apparente davantage à un long tunnel ponctué de “Bah, tu ne vas pas le fêter tout·e seul·e quand même ?”, tant fêter le passage à la nouvelle année, ne surtout pas être seul·e le soir du 31 décembre, compte encore parmi les injonctions sociales les plus fortes. Six lectrices de Causette racontent pourquoi elles ont, un jour, choisi d’envoyer valser la pression sociale et ont décidé de boycotter le réveillon du 31. Santé !
Kim, 30 ans, Île-de-France
“Cela fait plusieurs années que je passe le soir du 31, seule chez moi. Quand j’étais plus jeune, le jour de l’an, c’était LA soirée de l’année. Il fallait faire la plus grosse soirée possible, avec le plus de monde possible et le maximum d’alcool fort. C’est presque si on n’invitait pas n’importe qui, du moment qu’ils étaient populaires. C’était beaucoup d’organisation, de pression et, à l’arrivée, pas mal de déception. La soirée ne se passait évidemment pas du tout comme prévu et c’était souvent complètement chaotique. Raison pour laquelle, il y a quatre ans, j’ai décidé d’envoyer valser cette charge mentale et ne plus rien faire du tout. Désormais, je me prépare juste un bon dîner que je mange devant un bon film. Et le 1er janvier, j’organise un brunch avec mes amies. C’est finalement devenu une tradition bien plus importante que la soirée du réveillon. Et puis commencer l’année bien entourée et sans gueule de bois, ça n’a pas de prix.”
Élodie, 26 ans, Normandie
“J’ai décidé d’arrêter de boire de l’alcool il y a quelques mois, car je ne voulais plus en avoir besoin pour faire la fête et m’amuser. C’est pour cette raison que je ne fêterai pas le jour de l’an cette année. S’il y a bien une soirée où l’injonction de boire de l’alcool est vraiment pesante, je trouve que c’est celle-ci. Je sais déjà qu’on va me regarder bizarrement, qu’on ne va pas comprendre pourquoi je suis au jus d’orange lorsque tout le monde trinque au champagne. Je serais la fille pas drôle qui ne sait pas s’amuser. Je préfère donc prendre les devants et boire mon jus d’orange en solo devant une bonne série.”
Émilie, 34 ans, Languedoc
“L’an dernier, je n’ai pas fêté le jour de l’an, mais ce n’était pas tellement par choix. Mon copain m’a largué quelques jours avant, alors que j’avais prévu de le passer avec lui et ses copains. Je me suis donc retrouvée seule le soir du 31. Des amies m’avaient proposé de le faire avec elles, mais j’ai refusé, je n’avais pas la tête à faire la fête et, surtout, je n’avais pas envie de voir des couples s’embrasser une fois les douze coups de minuit passés. J’étais angoissée à l’idée d’être seule, mais étrangement, j’ai adoré ce jour de l’an. J’étais triste de ma séparation bien sûr, mais avec le recul, je réalise à quel point passer cette soirée seule m’a permis de faire le bilan de l’année écoulée et de pouvoir mieux appréhender celle qui arrivait. Finalement, je crois même que c’est comme ça que j’ai pu commencer à faire le deuil de ma relation. Ça fait parfois du bien de se recentrer sur soi.”
Amel, 37 ans, Rhône-Alpes
“Je compte bien ouvrir une bouteille de champagne pour clore cette année qui fut compliquée, mais ce sera en petit comité, avec deux ou trois personnes. Fini les soirées où on ne connaît personne et les 1er janvier où l’on ne peut pas profiter parce qu’on s’est couché au petit matin. Pour ma part, j’ai l’impression que c’est de plus en plus accepté de ne rien vouloir faire ou de faire quelque chose de moins ambitieux. Autour de moi, le fait que je renonce au Nouvel An suscite de moins en moins d’interrogations.”
Lou, 28 ans, Île-de-France
“J’ai grandi, comme beaucoup, je pense, avec l’idée qu’il fallait absolument être invité quelque part le soir du 31 décembre, car cela définit ce que l’on vaut. Là, ça fait un mois qu’on me demande ce que j’ai prévu pour le Nouvel An et, à l’heure actuelle, je ne sais toujours pas. Je trouve qu’il y a des attentes sociales bien trop importantes derrière la soirée du réveillon. Il faut faire quelque chose, car cela veut dire que tu as une vie sociale accomplie et que tu es inséré dans la société. Alors qu’être seul les autres soirs de l’année n’a rien de problématique. J’ai décidé de ne plus provoquer le destin. Peut-être que je ferai quelque chose avec des amis, peut-être que je serai seule, je choisirai au dernier moment et dans un cas comme dans l’autre, ça m’ira très bien.”
Coline, 31 ans, Bretagne
“Avant, je trouvais toujours une excuse pour ne pas avoir à fêter le jour de l’an. Ma famille, les études ou le Covid, par exemple. J’avais honte de dire que je ne voulais rien faire parce que j’avais peur de renvoyer l’image de quelqu’un de renfermé et de pas sociable. Cette année, pour la première fois, j’ai décidé d’assumer ouvertement que je n’aime pas particulièrement cette fête. Je sais que beaucoup ne comprennent pas, mais tant pis. Pour eux, refuser de faire le Nouvel An, c’est un peu comme casser un rite de passage. D’autres au contraire l’ont très bien pris : une copine m’a d’ailleurs avoué qu’elle détestait aussi la pression sociale autour du 31. On a décidé de le passer ensemble cette année. Repas tranquille en perspective.”