Les funérailles nationales de Silvio Berlusconi seront célébrées ce mercredi 14 juin, deux jours après son décès à l’âge de 86 ans. Si l’ancien chef du gouvernement italien reçoit depuis une foule d’hommages, il convient de ne pas oublier que si Silvio est mort, restent ses Berlusconneries. Et elles sont nombreuses.
L’Italie observe une journée de deuil ce mercredi 14 juin. Et pour cause, c’est aujourd’hui que se tiennent les funérailles nationales de Silvio Berlusconi, le Cavaliere, décédé lundi à l’âge de 86 ans. Depuis l’annonce de la mort de l’ancien chef du gouvernement, des centaines d’admirateur·trices se pressent pour lui rendre hommage. Devant sa villa de Milan, flottent autant de drapeaux de Forza Italia – le parti politique de droite qu’il a fondé en 1994 -, que d'écharpes de l’AC Milan et de Monza, les deux clubs de football italiens qu’il avait acheté.
« C’était un homme qui n’avait pas peur de défendre ses convictions et c’est précisément son courage et sa détermination qui ont fait de lui l’un des hommes les plus influents de l’histoire de l’Italie », salue ainsi Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement élue en septembre dernier et qui se présente comme l’héritière du centre-droit de Berlusconi. Tandis que le président de la République italienne, Sergio Mattarella, loue « un grand leader politique », « une personne d’une grande humanité et un entrepreneur de succès ».
Dans les médias, on revient aussi sur les « nombreuses conquêtes » féminines de cet homme qui « ne cachait pas son goût pour les jeunes femmes ». On oublie alors bien vite que Silvio Berlusconi a été accusé de prostitution sur mineures il y a moins de quinze ans et que sa longue carrière politique a été émaillée par de nombreuses sorties misogynes, racistes et homophobes. Petit florilège.
La fois où il conseille à une étudiante de se marier avec un homme riche pour sortir de la précarité
Mars 2008. Alors qu’il est invité dans une émission télévisée afin de répondre aux questions de jeunes italien·nes, Silvio Berlusconi suggère à une étudiante de 24 ans d’épouser un millionnaire pour sortir de la précarité. « En tant que père de famille, le conseil que je vous donne est de trouver quelqu’un comme le fils de Berlusconi ou qui n’ait pas de problèmes d’argent. Avec votre sourire, vous pouvez vous le permettre », ajoute-t-il.
La fois où il juge le gouvernement espagnol un peu trop féminin
Un mois plus tard, le chef du gouvernement italien juge le gouvernement espagnol qui vient d’être élu, « trop rose » parce qu’il comprend désormais neuf femmes et huit hommes. Il persiste en déclarant qu’il ne sera de fait « pas facile à gérer ». Charmant.
Les fois où il qualifie Barack et Michelle Obama de « bronzés »
En novembre 2008, le démocrate Barack Obama remporte l’élection présidentielle américaine. Un évènement historique : il devient le premier président noir américain. Pour le féliciter, Berlusconi trouvera des mots à la hauteur de sa réputation : il le salue comme un homme « jeune, beau et même bronzé ». Un « compliment » et une « plaisanterie affectueuse » pour l’Italien qui cultive un hâle Point soleil à faire pâlir celui de Donald Trump, une attaque raciste pour de nombreux médias étrangers. L'année d'après il relance la machine au beau milieu d’un discours prononcé à l’occasion de la fête de son parti à Milan. « Je dois vous porter les salutations d'un homme qui s'appelle, qui s'appelle… attendez, c'était quelqu'un de bronzé : Barack Obama ! […] Vous ne le croirez pas, mais ils sont deux à être allés à la plage pour prendre le soleil parce que même sa femme est bronzée ! », lance-t-il sous les applaudissements amusés d’une salle qui – comme lui – ne voit absolument pas le problème.
La fois où il juge « impossible » d'empêcher les viols car les Italiennes sont « trop belles »
Janvier 2009. Une série de viols vient de se produire en Italie. En réaction, le gouvernement italien envisage de faire porter à 30.000 le nombre de militaires dans les villes. Une peine perdue pour Silvio Berlusconi – alors président du Conseil italien (équivalent de Premier ministre) – qui estime qu’il est « impossible » d’empêcher les viols. En cause selon lui ? La beauté des femmes italiennes. « Il faudrait tellement de soldats puisqu’il y a tellement de belles filles italiennes que cela ne sera jamais possible », juge-t-il. Devant la bronca suscitée par de tels propos, Berlusconi tente un sauvetage miteux en déclarant avoir voulu faire « un compliment » aux femmes italiennes, précisant qu’il ne fallait « jamais perdre le sens de l’humour et de la légèreté ».
La fois où il attaque le physique d’une députée
Le 7 octobre 2009, Silvio Berlusconi est invité à participer à un débat par téléphone dans l’émission télévisée Porta a Porta sur la chaîne publique Reina 1. Au bout du fil, la députée démocrate Rosy Bindi, 58 ans. Les deux protagonistes s’affrontent verbalement lorsque Berlusconi lance à Bindi : « Vous êtes plus belle qu’intelligente ». Une attaque personnelle et profondément sexiste à laquelle la députée répond du tac au tac : « Oui, Président, je suis une femme qui n’est pas à votre disposition ». La réponse de Rosy Bindi devient rapidement un slogan féministe. Si bien que quelques jours plus tard, le quotidien La Répubblica publie une pétition signée par près de 100.000 femmes pour dénoncer le machisme du chef du gouvernement.
La fois où il fait preuve d’homophobie
Silvio Berlusconi n’était pas seulement un habitué des sorties sexistes. En marge d’une visite du salon de la moto à Milan en 2010, le Cavaliere s’illustre par une remarque homophobe : « Comme toujours, je travaille sans arrêt et si de temps en temps, je peux regarder une jolie fille dans les yeux… mieux vaut aimer les jolies filles qu’être gay ».
La fois où il est accusé de prostitution de mineure… mais s’en sort
En 2010, Silvio Berlusconi est accusé d’avoir payé une jeune femme de 17 ans, Karima El-Mahroug, connue sous le pseudo de Ruby, pour avoir des rapports sexuels lors de soirées baptisées « Bunga bunga » – du nom du harem du dictateur libyen Mouamar Kadhafi. La presse italienne et française de l’époque parle alors de « Rubygate », d’orgies et de pouvoir. Derrière le « Rubygate », se cache en réalité de la prostitution de mineures qui a lieu dans le sous-sol d'une villa de Berlusconi près de Milan, aménagé en boîte de nuit avec bar, canapés en cuir blanc et barres de lap dance. Silvio Berlusconi, 73 ans, fait monter des jeunes femmes – souvent mineures et parfois nues – sur l’estrade où elles dansent lascivement jusqu'à ce qu'il choisisse avec laquelle il souhaite avoir des relations sexuelles tarifées.
Lorsque l’affaire s’ébruite, il tente d’acheter le silence de ces très jeunes femmes mais certaines, à l’image de Ruby, parlent dans la presse italienne. Prostitution de mineures pour la justice, « dîners élégants » et « compétitions de burlesque » pour Berlusconi qui minimise comme à son habitude les faits. Poursuivi pour « prostitution de mineure » et « abus de pouvoir » sur Karima El-Mahroug, Silvio Berlusconi est condamné en juin 2013 à sept ans de prison et d'inégibilité à vie. Il est cependant acquitté en appel deux ans plus tard, les juges estimant que Berlusconi pouvait avoir ignoré l’âge de la jeune femme. La décision est ensuite confirmée par la Cour de cassation.
La fois où il a décidément un problème avec le bronzage
En 2016, Silvio Berlusconi réitère des propos racistes, cette fois à l’encontre de Mario Balotelli. Le joueur italien, dont les parents sont originaires du Ghana, joue alors pour l’AC Milan, dont Silvio est propriétaire. « Nous avons un riche vivier de talents, avec Jérémy Ménez et Mario Balotelli, qui est italien, même s’il a passé trop de temps sous le soleil », lance le proprio du club au micro de Sky Sports. Ce n’est pas la première fois que Silvio Berlusconi tient des propos racistes à l’encontre de ce joueur. Dans une vidéo privée diffusée quelques mois plus tard, on le voit discuter avec plusieurs femmes. Alors qu’il évoque l’ex-compagne du joueur, la mannequin Raffaella Fico, il déclare : « Je vous le dis, une femme qui sort avec un Noir, ça me rend malade. »
La fois où il « blague » sur l’âge de Brigitte Macron
Nous sommes en mai 2017, Emmanuel Macron vient d’être élu président de la République face à Marine Le Pen. Comme nombre d’homologues politiques, Silvio Berlusconi félicite le nouveau président dans une vidéo. « Nous avons là un jeune homme de 39 ans, avec de belles expériences professionnelles derrière lui », estime-t-il avant de vriller. « Et surtout avec une belle-maman qui l’a porté sous son bras depuis qu’il était enfant », poursuit-il faisant référence à l’écart d’âge du couple présidentiel français. Pour rappel, la dernière compagne du Cavaliere, Marta Fascina, avait la moitié de son âge.
La fois où il promet un car de prostituées
En décembre 2022, Silvio n'est plus président du Conseil italien, mais propriétaire de l'AC Monza, club de foot du Nord de la Botte. À quelques jours d'un enchaînement de matchs important, il fait une « promesse » à ses joueurs : « Maintenant la Juve, le Milan et l’Inter arrivent. Si vous gagnez contre une de ces grandes équipes, je ferais venir un bus plein de prostituées. » Comme à son habitude, Berlusconi déclare ensuite que ce n’était « qu’une blague de vestiaire ». Reste qu’après la victoire de son club, il aurait reçu une centaine d’appels lui intimant de respecter « cette promesse ». Preuve s’il en fallait que beaucoup n’ont jamais saisi son douteux « sens de l’humour ».