C’est une règle quasi-immuable à (quasi) tous·tes les daron·nes séparé·es : une année sur deux, Noël se déroule sans enfants. Il y a celles et ceux qui se couchent, déprimé·es, en position foetale et celles et ceux, qui au contraire, en profitent pour se faire plaisir, ambiance "j’ai de nouveau 25 ans et aucun problème pour me remettre d’une gueule de bois". Sept lectrices racontent leur Noël à Causette.
Celles pour qui Noël n’a plus tout à fait la même saveur
Sina, 47 ans, Île-de-France
"Cette année pour moi, ce sera une année sans Noël. Le 25 décembre, mes enfants seront chez leur père pour la première fois depuis notre séparation. Je redoute ce moment, notamment pour la petite dernière qui a à peine 7 ans. Mais malgré ça on fera quand même le sapin, la lettre au Père Noël et les cadeaux qu’ils auront une semaine après. De mon côté, je serai seule chez moi le soir du 24 décembre. Il y a peu, lors de la dernière fête familiale, un week-end où je n’avais pas mes enfants, ma sœur a abordé le soir du réveillon qui se passera chez elle. Elle nous a demandé si nous étions d’accord avec le thème de cette année, la couleur or. Je n’ai pas osé lui dire que comme je n’aurais pas mes enfants cette année, j’avais décidé de ne pas venir. Comment pourrais-je me rendre à cette fête familiale sans mes enfants ? Je ne peux pas m’y résoudre. Personnellement, Noël a toujours été synonyme de beaux moments en famille. Maintenant c’est devenu insignifiant et insuffisant. J’envie les mères qui parviennent à fêter Noël sans leurs enfants, qui parviennent à être seule le jour de l’anniversaire de leurs enfants, qui parviennent à relativiser. Moi je m’effondre à chaque fois. C’est idiot mais je n’arrive pas à me réjouir en me disant qu’ils seront quand même heureux sans moi. Je sais déjà que je vais ressentir une douleur 24 h avant, puis le jour J et qu’elle commencera à s’atténuer doucement seulement le lendemain, car enfin ce sera passé !"
Élodie, 45 ans, Centre-Val de Loire
"Je suis séparée depuis dix ans et pourtant, la période de Noël sans mes enfants est toujours difficile. Ils sont grands mais ça reste la fête des enfants et sans eux, une année sur deux, cela n’a pas la même saveur. Cette année, ils feront Noël chez moi. Lorsqu’ils sont chez leur père, on le fête la semaine d’avant ou la semaine d’après. Malgré ça, le réveillon du 24 décembre sans eux reste toujours un moment compliqué pour moi. D’ailleurs c’est impossible pour moi d’être seule à cette date. Je vais toujours dans ma famille. Si je ne pleure plus à chaque fois, j’ai toujours besoin de faire un petit facetime avec eux ce jour-là."
Laure, 44 ans, Morbihan
"Depuis ma séparation avec mon ex-compagnon il y a douze ans, je fête Noël avec ma fille une année sur deux. Quand elle était petite et croyait encore au Père-Noël, devoir passer ce moment sans elle m'était vraiment difficile. Pour que le manque soit moins fort le jour J, j’ai pris l’habitude de ne le passer ni en famille, ni en présence d'autres enfants. Ça me rappelle beaucoup trop son absence. Je préférais le faire à deux avec mon compagnon. Mais même comme cela, ce n’a jamais été un vrai moment de joie. Pendant longtemps, je pense avoir vécu ce moment comme un échec personnel qui me renvoyait automatiquement à la séparation et à l’éclatement de ma famille. Aujourd’hui, l’habitude et peut-être le fait qu'elle soit plus grande et moins émerveillée par la magie de Noël me permettent de vivre ce moment moins durement, le cafard est moins présent. Je peux même désormais envisager que d'autres enfants soient présents. Ce qui complique d’autant plus la situation c’est que ma fille a désormais une demi-sœur du côté de son papa et que je culpabilise toujours un peu qu’elle ne puisse pas être avec elle chaque année. C’est pourquoi j’envisage à l’avenir de lui laisser le choix de le fêter tous les ans chez son père. Me concernant, j'avais envisagé un temps de me rendre utile dans une association ce soir-là mais autour de chez moi, rien n'a lieu le 24 au soir. Cette année, j’ai prévu de le fêter avec la famille de mon compagnon, il y aura des enfants de l’âge de ma fille. J’espère que ça ira."
Celles pour qui Noël en solo est une révélation
Justine
"Je ne pensais jamais dire cette phrase un jour mais : vive Noël sans les enfants ! L’an dernier, j'étais sans mes enfants pour la première fois et j'appréhendais énormément de le fêter sans eux. Alors pour la première fois de ma vie, je me suis inscrite à un voyage organisé : un trek dans le désert marocain. Je suis partie au soleil, marcher dans les dunes de Merzouga. C'était juste génial et j'y ai même rencontré l'amour."
Tiffany, 38 ans, région parisienne
"Une année sur deux, mon fils fête Noël avec son père. Donc une année sur deux, je fête Noël avec mes amis. C’est quelque chose que j’ai institué bien avant notre séparation il y a quatre ans. Cela fait dix ans que je préfère passer la soirée du 24 décembre avec des potes, une bouteille de champagne et des jeux de société, plutôt que d’être coincée entre des oncles relous (rire). Quand mon fils est chez moi, on fête Noël dans ma famille et quand il est chez son père, je le fête avec des amis séparés qui n’ont pas non plus leur enfant ce soir-là. On danse, on chante, c’est très joyeux. J’aime bien l’idée d’avoir une année, un Noël traditionnel avec la réunion familiale puis une année, un Noël moins formel. Cette alternative m’a aussi permis de désacraliser cet évènement. Juste après ma séparation, j’ai angoissé à l’idée de passer Noël toute seule sans mon enfant. Aujourd’hui, je n’appréhende plus du tout. J’ai suffisamment d’amis pour en trouver deux ou trois disponibles pour passer un bon moment."
Et celles qui trouvent toujours des compromis
Anne-Laure, 47 ans, Paris
"On est séparé depuis presque dix ans mais jusqu’à présent on a toujours réussi à fêter Noël ensemble, mon ex, mon fils et moi. On a toujours fêté ce moment que tous les trois. En fait, ça n’a jamais été vraiment une option. Dès notre séparation, on a tout de suite été certains de vouloir rester avant tout des parents et on trouvait cela trop triste de ne pas être ensemble à Noël et de laisser l’un de nous tout seul. Ça aurait vraiment été la double peine : on est séparés et en plus on ne fête plus Noël tous les trois.
Ce qui fait que ça marche, c’est qu’aucun de nous n’a refait « sa vie ». Bien sûr, on a eu des histoires d’amour mais rien de vraiment sérieux jusqu'à présent. Il n’y a donc personne qui pourrait ne pas être d’accord avec le fait que l’on fasse Noël ensemble. On échappe à cela. L’autre chose, c’est qu’on s’est toujours très bien entendus et qu’il n’y a aucune ambiguïté entre nous. On a su préserver notre parentalité tout en restant assez distant l’un envers l’autre. Ça nous permet de ne pas tomber dans une relation ambivalente. Nous ne sommes plus un couple mais nous sommes toujours une famille. Il n’y a d’ailleurs pas que Noël. La rentrée en sixième, la rentrée au lycée, les anniversaires, tous ces moments de famille, on est ensemble. Je l’invite même à mon anniversaire ! On a trop besoin de ces moments qui nous lient tous les trois. À Noël, on écoutera comme chaque année les mêmes chansons, on mangera la même chose. Il y a quelque chose de traditionnel et de familial, très réconfortant pour nous."
Karin
"Avec mon ex, nous avons trouvé une solution plutôt équitable. Nos enfants font toujours Noël chez leur papa le 24 décembre au soir et avec moi le 25. Cela a toujours été un bon compromis. Certes ils arrivent bien fatigués le 25 … mais heureux. Et nous aussi."