Pour la philosophe Céline Marty1, la société valorise beaucoup trop le travail. Depuis Kant, la contrainte qu’il induit est considérée comme formatrice de notre volonté et de notre liberté. Et si ses vertus émancipatrices étaient un leurre ?
Causette : Que vous inspire la place qu’occupe aujourd’hui le travail dans nos vies ?
Céline Marty : Cette place est bien trop centrale ! On lui consacre plus de temps, d’énergie et d’attention qu’à n’importe quelle autre activité, notamment de loisir. Sans compter sa dimension existentielle : le travail nous définit en tant qu’individu et nous intègre socialement. À la traditionnelle question « Tu fais quoi dans la vie ? », le métier est la première réponse… Quant à celles et ceux qui ne travaillent pas au sens marchand du terme, ils sont considérés comme des « inactifs » !
La question du choix du métier arrive d’ailleurs très tôt lorsqu’on[…]
- Professeure agrégée de philosophie et autrice de Travailler moins pour vivre mieux. Guide pour une philosophie antiproductiviste (éd. Dunod, 2021).[↩]