Pour les dix ans de Causette, Marie-Hélène Lahaye a accepté de nous écrire depuis le turfu, tel qu’elle l’imagine. Bienvenue en 2029.
![Marie-Hélène Lahaye : «En 2029, les femmes choisissent librement leurs conditions d’accouchement» 1 98 marie helene lahaye © Woush.be](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/02/98-marie-helene-lahaye-©-Woush.be_-684x1024.jpg)
Chère Causette,
Aujourd’hui, en 2029, les femmes sont enfin respectées quand elles accouchent. Une bataille contre les patriarches de la profession de gynécologue-obstétricien et une mobilisation de la ministre de la Santé ont été menées pour mettre fin aux pratiques médicales dont beaucoup étaient inutiles et douloureuses pour les femmes.
Lorsque les féministes se sont soulevées contre les violences obstétricales, il y a dix ans, presque toutes les futures mères accouchaient dans des grands hôpitaux, de façon standardisée, alignées chacune dans des petites pièces, où elles étaient réduites à la passivité et au silence, où elles étaient surveillées depuis une salle de contrôle.
À ce moment-là, de nombreuses femmes étaient victimes de gestes violents et humiliants et la plupart étaient tenues dans l’ignorance de ce qu’était réellement un accouchement. Beaucoup d’entre elles en sortaient meurtries au corps et à l’âme.
Mais la révolution a eu lieu ! Aujourd’hui, les femmes ne sont plus réduites à leur sexe ou à leur utérus, mais sont considérées comme des êtres humains doués de raison et de discernement, capables de poser des choix librement consentis. Y compris pour leur accouchement. La question qu’elles se posent n’est plus « dans quel hôpital je vais accoucher ? », mais « quelles conditions d’accouchement je veux ? ». Elles choisissent librement, en fonction de leurs convictions et de leur personnalité, entre toutes les méthodes qui sont aujourd’hui à leur disposition : accouchement à domicile, en maison de naissance, en plateau technique accompagnées d’une sage-femme libérale, à la maternité ou dans tout autre lieu qui leur convient le mieux. Si elles choisissent d’accoucher à l’hôpital, que ce soit pour des raisons médicales, pour avoir accès à la péridurale ou parce que la médicalisation les rassure, elles y sont traitées avec le plus grand respect, comme partout ailleurs.
Chaque femme est a priori considérée comme capable de mettre son enfant au monde et elle reçoit toute l’information et les encouragements pour y parvenir au mieux. Elle est reconnue par toutes et tous comme voulant le bien de son bébé, en toutes circonstances, y compris lorsque ses choix et ses souhaits ne correspondent pas à ceux des soignants ni aux habitudes culturelles de la société dans laquelle elle vit.
Dans tous les cas, les sages-femmes, obstétriciens et professionnels de la santé se mettent, en toute humilité, au service de la femme qui accouche, en faisant preuve d’une bienveillance inconditionnelle et d’un soutien indéfectible, en perturbant le moins possible le processus biologique de la naissance. Ils ne posent aucun acte qui ne soit pas indispensable et demandent toujours l’accord de la future mère.
Chaque naissance est reconnue par la société et par tous les soignants comme un moment heureux, extraordinaire, fondamental dans le parcours de vie des femmes. L’accouchement est un événement qui ne peut plus, sous aucun prétexte, être gâché.
En toute sororité.
Marie-Hélène Lahaye est militante féministe, autrice du livre Accouchement : les femmes méritent mieux (Éd. Michalon, 2018) et du blog Marie accouche là (Marieaccouchela.blog.lemonde.fr).