Marie-​Hélène Lahaye : « En 2029, les femmes choi­sissent libre­ment leurs condi­tions d’accouchement »

Pour les dix ans de Causette, Marie-​Hélène Lahaye a accep­té de nous écrire depuis le tur­fu, tel qu’elle l’imagine. Bienvenue en 2029.

98 marie helene lahaye © Woush.be
© Woush.be

Chère Causette,

Aujourd’hui, en 2029, les femmes sont enfin res­pec­tées quand elles accouchent. Une bataille contre les patriarches de la pro­fes­sion de gynécologue-​obstétricien et une mobi­li­sa­tion de la ministre de la Santé ont été menées pour mettre fin aux pra­tiques médi­cales dont beau­coup étaient inutiles et dou­lou­reuses pour les femmes. 

Lorsque les fémi­nistes se sont sou­le­vées contre les vio­lences obs­té­tri­cales, il y a dix ans, presque toutes les futures mères accou­chaient dans des grands hôpi­taux, de façon stan­dar­di­sée, ali­gnées cha­cune dans des petites pièces, où elles étaient réduites à la pas­si­vi­té et au silence, où elles étaient sur­veillées depuis une salle de contrôle. 

À ce moment-​là, de nom­breuses femmes étaient vic­times de gestes vio­lents et humi­liants et la plu­part étaient tenues dans l’ignorance de ce qu’était réel­le­ment un accou­che­ment. Beaucoup d’entre elles en sor­taient meur­tries au corps et à l’âme.

Mais la révo­lu­tion a eu lieu ! Aujourd’hui, les femmes ne sont plus réduites à leur sexe ou à leur uté­rus, mais sont consi­dé­rées comme des êtres humains doués de rai­son et de dis­cer­ne­ment, capables de poser des choix libre­ment consen­tis. Y com­pris pour leur accou­che­ment. La ques­tion qu’elles se posent n’est plus « dans quel hôpi­tal je vais accou­cher ? », mais « quelles condi­tions d’accouchement je veux ? ». Elles choi­sissent libre­ment, en fonc­tion de leurs convic­tions et de leur per­son­na­li­té, entre toutes les méthodes qui sont aujourd’hui à leur dis­po­si­tion : accou­che­ment à domi­cile, en mai­son de nais­sance, en pla­teau tech­nique accom­pa­gnées d’une sage-​femme libé­rale, à la mater­ni­té ou dans tout autre lieu qui leur convient le mieux. Si elles choi­sissent d’accoucher à l’hôpital, que ce soit pour des rai­sons médi­cales, pour avoir accès à la péri­du­rale ou parce que la médi­ca­li­sa­tion les ras­sure, elles y sont trai­tées avec le plus grand res­pect, comme par­tout ailleurs. 

Chaque femme est a prio­ri consi­dé­rée comme capable de mettre son enfant au monde et elle reçoit toute l’information et les encou­ra­ge­ments pour y par­ve­nir au mieux. Elle est recon­nue par toutes et tous comme vou­lant le bien de son bébé, en toutes cir­cons­tances, y com­pris lorsque ses choix et ses sou­haits ne cor­res­pondent pas à ceux des soi­gnants ni aux habi­tudes cultu­relles de la socié­té dans laquelle elle vit.

Dans tous les cas, les sages-​femmes, obs­té­tri­ciens et pro­fes­sion­nels de la san­té se mettent, en toute humi­li­té, au ser­vice de la femme qui accouche, en fai­sant preuve d’une bien­veillance incon­di­tion­nelle et d’un sou­tien indé­fec­tible, en per­tur­bant le moins pos­sible le pro­ces­sus bio­lo­gique de la nais­sance. Ils ne posent aucun acte qui ne soit pas indis­pen­sable et demandent tou­jours l’accord de la future mère. 

Chaque nais­sance est recon­nue par la socié­té et par tous les soi­gnants comme un moment heu­reux, extra­or­di­naire, fon­da­men­tal dans le par­cours de vie des femmes. L’accouchement est un évé­ne­ment qui ne peut plus, sous aucun pré­texte, être gâché. 

En toute sororité.

Marie-​Hélène Lahaye est mili­tante fémi­niste, autrice du livre Accouchement : les femmes méritent mieux (Éd. Michalon, 2018) et du blog Marie accouche là (Marieaccouchela.blog.lemonde.fr).

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