Militant de la lutte contre le sida, le Dr Kpote intervient depuis une vingtaine d’années dans les lycées et centres d’apprentissage d’Île-de-France comme « animateur de prévention ». Il rencontre des dizaines de jeunes avec lesquel·les il échange sur la sexualité et les conduites addictives. Ce mois-ci, il raconte le féminisme à leur corps défendant de jeunes filles vénères.

"Ce jour-là, j’intervenais dans une classe de seconde dans un quartier populaire de la petite couronne. Elle est arrivée en retard, du haut de ses 15 ans, les cheveux plaqués aussi noirs que son regard, le masque sur le menton, un chewing-gum faisant valser ses maxillaires. Sûre de son fait, elle m’a épargné les excuses bidon d’usage et nous a gratifiés d’un large sourire, expression hautement séditieuse en période de dépression virale. La prof l’a recadrée sur le bon port du masque, qu’elle a remonté pour quelques secondes, son nez refusant de s’y coller.
Comme j’évoquais les inégalités dans la sexualité, elle s’est lancée sans même s’échauffer, affirmant que c’était les femmes qui étaient les plus discriminées. Une réalité qu’elle avait intégrée et que son frère n’oubliait pas de lui rappeler, depuis ce jour où on l’avait déclarée de « sexe féminin » sur le livret de famille.
L’assignation du genre à la naissance en fonction des organes génitaux, on était justement en train d’en causer. « Si le bébé a un pénis,[…]