Pour les dix ans de Causette, Guillaume Meurice a accepté de nous écrire depuis le turfu, tel qu'il l'imagine. Bienvenue en 2029.
Salut Causette,
Je t’écris depuis l’ancienne place Théodore-Monod, qui vient d’être rebaptisée du nom du nouveau Prix Nobel d’économie, Bernard Arnault. Depuis le départ volontaire d’Emmanuel Macron et sa nomination en tant que Guide suprême des îles Caïmans, les temps sont troublés.
La semaine dernière, pour calmer les esprits, le président de la République, Cyril Hanouna, a lancé son grand plan « Love and fun ». Depuis, on va de surprises en surprises. Sa dernière idée est de supprimer l’enseignement de la lutte des classes que Jean-Marie Bigard, ministre des Libertés, a proposé de remplacer par celui de la « turlutte des classes ». Le ministre de l’Intérieur, Kaaris, et le garde des Sceaux, Booba, préparent un plan de résolution de conflits sociaux à base d’octogone et de free-fight ; le ministre de l’Éducation, Jean-Marc Morandini, termine en ce moment sa tournée des écoles, tandis que Francis Lalanne vient d’être nommé préfet de police de Paris.
Inutile de te préciser que l’hologramme de Mélenchon est en surchauffe. Il s’en est pris violemment au clone virtuel d’Alain Finkielkraut la semaine dernière. « LA RÉPUBLIQUE, C’EST MOI !! » hurlait l’un. « TAISEZ-VOUS !! » répondait l’autre. Dix-huit personnes ont été admises aux urgences pour des lésions aux tympans. C’est certes dix fois moins que les conséquences du dernier album de reprises des tubes de la Compagnie créole par Jul, mais ça reste préoccupant. De plus, depuis que Poutou a gagné à l’EuroMillions, il se soucie davantage de son futur mariage avec Rihanna que des tentatives de retrouver un peu de justice sociale. Même la CGT a déserté les cortèges pour s’occuper à plein temps de son projet de parc d’attractions « Marx Attaque ». J’ai honte de te l’avouer, mais parfois, Benjamin Griveaux me manque. Il avait le charisme d’un parpaing, mais, au moins, il faisait semblant de se préoccuper des autres.
Mais je ne veux pas t’inquiéter outre mesure. Il y a tout de même des choses rassurantes. La nomination de Mbappé à la tête du Conseil constitutionnel en fait partie. La défaite de Manuel Valls à l’élection du président du club de tricot de La Bourboule aussi. Le mariage de Christophe Castaner et d’Éric Drouet, et le changement de sexe d’Éric « Corinne » Zemmour, également.
Et puis, la montée subite des océans me permet d’être à trois stations de métro de la plage. Cette dernière vient d’ailleurs d’être nommée « François de Rugy », en hommage à celui qui n’a rien fait pour empêcher ça.
Je te laisse en te souhaitant le meilleur pour l’avenir. N’oublie pas, comme le disait Théodore Monod : « L’utopie n’est pas l’irréalisable, mais l’irréalisé. »
Bisous
Guillaume Meurice, humoriste et chroniqueur radio. Il est l’auteur du Moment Meurice, du lundi au vendredi à 17 h 30 sur France Inter.