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© Gift Habeshaw / Unsplash

Répression, menace du droit du sol… les asso­cia­tions inter­pellent le gou­ver­ne­ment face à ses pro­jets pour l’immigration

De nom­breuses asso­cia­tions se disent inquiètent face à une poten­tielle remise en cause du droit du sol et une loi immi­gra­tion à la “ligne direc­trice” répressive.

Dans un cour­rier par­ve­nu lun­di à Élisabeth Borne, un col­lec­tif d’une soixan­taine de signa­taires – dont les res­pon­sables de SOS racisme, la Ligue des droits de l’homme, l’historien Benjamin Stora, ou encore l’autrice Alice Zeniter – demande la sup­pres­sion des amen­de­ments au pro­jet de loi sur l’immigration. “Ces amen­de­ments venus de la droite séna­to­riale visent à remettre en cause le droit du sol pour les enfants nés en France de parents étran­gers”, argu­mente le col­lec­tif dans sa lettre à la Première ministre. 

Au cœur de ce “recul pas­sé lar­ge­ment inaper­çu”, selon les dires du col­lec­tif, deux articles du pro­jet de loi, intro­duits en mars par la com­mis­sion des lois du Sénat, où débute lun­di l’examen du pro­jet de loi sur l’immigration. Le pre­mier, l’article 2 bis, “sup­prime l’automaticité de l’acquisition de la natio­na­li­té fran­çaise lorsqu’un jeune né en France de parents étran­gers atteint sa majo­ri­té”, car il “intro­duit une mani­fes­ta­tion de la volon­té afin de deve­nir fran­çais”. Le second, l’article 2 ter, empêche quant à lui “l’accès à la natio­na­li­té de ces mêmes jeunes nés en France de parents étran­gers s’ils ont été condam­nés, et ceci quelle que soit l’infraction, à une peine d’emprisonnement égale ou supé­rieure à six mois, non assor­tie d’une peine de sur­sis”, détaille le cour­rier. Les membres du col­lec­tif se disent “inquiets, car, à ce stade, le gou­ver­ne­ment n’a dépo­sé aucun amen­de­ment de sup­pres­sion de ces dis­po­si­tions, au risque de les légi­ti­mer” et demandent au gou­ver­ne­ment de “dépo­ser des amen­de­ments de sup­pres­sion de ces dis­po­si­tions qui nous ren­ver­raient à un temps napo­léo­nien”.

Ces mesures “pro­fon­dé­ment “dés­in­té­gra­trices” et repre­nant “des antiennes de l’extrême droite”, selon les signa­taires, ne sont pas les seules à inquié­ter. D’autres asso­cia­tions de défense des per­sonnes immi­grées tirent éga­le­ment la son­nette d’alarme face au reste des mesures pré­vues dans ce pro­jet de loi immi­gra­tion, qu’elles voient comme une “accu­mu­la­tion de mesures répres­sives” et contraires aux “prin­cipes huma­nistes”. “L’accumulation des mesures répres­sives, sécu­ri­taires, est deve­nue la ligne direc­trice”, explique Fanélie Carrey-​Conte, secré­taire géné­rale de la Cimade, inter­ro­gée lors d’une confé­rence de presse de trente-​cinq asso­cia­tions et col­lec­tifs de sans-​papiers à Paris. Le texte, défen­du par les ministres de l’Intérieur Gérald Darmanin et du Travail Olivier Dussopt, pré­voit une bat­te­rie de mesures des­ti­nées à faci­li­ter les expul­sions des étran­gers auteurs de troubles à l’ordre public, un volet inté­gra­tion notam­ment pour les tra­vailleurs sans-​papiers, ain­si qu’une réforme du sys­tème d’asile.

Où sont l’accueil, la soli­da­ri­té ? À quel moment va-​t-​on par­ler des drames aux fron­tières, des per­sonnes qui vont conti­nuer à mou­rir sur les par­cours migra­toires ?” a ajou­té Fanélie Carrey-​Conte, esti­mant que le pro­jet de loi n’est “pas à la hau­teur des enjeux”. Dans un com­mu­ni­qué com­mun, les trente-​cinq asso­cia­tions qui par­ti­ci­paient à la confé­rence de presse ont appe­lé les par­le­men­taires “à reje­ter ce texte et enfin avoir le cou­rage d’adopter une poli­tique res­pec­tueuse des droits fon­da­men­taux”. Pour l’heure, l’examen de ce pro­jet de loi a débu­té cet après-​midi. Il sera débat­tu à par­tir du 11 décembre à l’Assemblée natio­nale et “sera pro­ba­ble­ment pire à la fin” de son exa­men, ana­lyse l’ancien ministre socia­liste Benoît Hamon, qui dirige désor­mais l’ONG Singa, œuvrant à l’inclusion socioé­co­no­mique des réfugié·es. Si le gou­ver­ne­ment “veut une majo­ri­té, c’est for­cé­ment par un dur­cis­se­ment” après un accord avec “la droite, voire l’extrême droite”, anticipe-​t-​il.

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