Hier après-midi, un homme a jeté une bouteille explosive dans le centre LGBTI de Touraine à Tours sans faire de blessé. Il s’agit de la sixième attaque qui vise ce centre depuis le début de l’année.
Une enquête est ouverte par le parquet de Tours après l’attaque lundi 22 mai, autour de 15h30, du centre LGBTI de Touraine à Tours. Un homme a jeté une bouteille en plastique remplie d'un mélange d'acide et d'aluminium dans le local tourangeau, alors que deux salarié·es et une bénévole se trouvaient à l’intérieur, selon La Nouvelle République. Iels ont pu s’échapper avant qu’elle n’éclate.
C'est la sixième fois en deux mois et demi que le centre est attaqué. Des plaintes ont été déposées par le personnel présent. L'administrateur du centre, Ash Claveau raconte à La Nouvelle République : « En partant, l'homme a crié à mes collègues sur place "bon courage" », a‑t-il indiqué. « On craignait pour l’intégrité physique de nos bénévoles et de nos usagers. Cette attaque en plein jour prouve qu’il y a une véritable volonté de nuire », s'est inquiété Ash Claveau au quotidien.
Un soutien politique
La police est intervenue dix minutes après l'attaque, mais il n'y a eu aucune interpellation. L'assaillant avait déjà pris la fuite. Patrice Latron, le préfet d'Indre-et-Loire, s'est également rendu sur place tout comme « Emmanuel Denis, le maire de Tours et le député Charles Fournier », a confirmé Asch Claveau à La Nouvelle République avant de s'alarmer : « On a clairement les nerfs à vif. Notre plus grande crainte, c'était que l'on s'attaque aux personnes directement. C'est maintenant le cas. »
Pour le député écologiste de Tours Charles Fournier, qui a réagi via un communiqué publié sur Twitter, avec ce sixième acte d’intimidation, « un cap a été franchi avec le jet d’un engin explosif comprenant de l’acide et de l’aluminium jeté en plein après-midi dans les bureaux […] ». Charles Fournier a affirmé que « les autorités locales vont se mobiliser pour protéger l'association et ses membres », et a appelé les habitant·es de Tours à manifester leur solidarité lors de la Marche des Fiertés qui se tiendra le 17 juin prochain dans la ville, « pour dire non à la LGBTIphobie ».
Dans la nuit du 21 avril puis du 13 mai, le centre avait déjà subi deux autres attaques. La porte avait été brisée et la boîte aux lettres fracassée, selon Libération. Cette fois-ci, l’agression a eu lieu en plein jour, mettant potentiellement en danger les personnes présentes.
Dans son rapport annuel publié le 16 mai, l’association SOS Homophobie alertait quant à la hausse de 28 % des agressions physiques LGBTphobes et la hausse de 27% de la haine transphobe entre 2021 et 2022. Le service statistique du ministère de l’Intérieur recense, lui, une augmentation de 3 % en 2022 par rapport à 2021 des atteintes envers les personnes LGBTQ +, avec plus de 4 000 plaintes enregistrées, en majorité des diffamations ou injures, selon une étude publiée le 17 mai.
Des agressions homophobes en série
Cette attaque s'inscrit donc dans un contexte plus large d'agressions contre la communauté LGBTQ+ partout en France. D'après France 3, la semaine dernière, c’est un centre LGBT de Nantes qui a été visé par une attaque homophobe et transphobe. La vitrine de leur local a été taguée. Plusieurs croix celtiques, symbole d'extrême droite, les mots « Stop aux folies » LGBT ainsi que les lettres XX et XY, une façon de rejeter les personnes trans ou intersexes, y ont été peintes.
Par cinq fois, en 2022, les locaux de l'association nantaise avaient ainsi fait l'objet de dégradations. Des attaques similaires ont également été constatées sur la vitrine du local nantais abritant les associations Attac, Ligue des Droits de l'Homme, La Libre Pensée et Amnesty International. Face à la montée de la haine homophobe et transphobe, le gouvernement va présenter « avant l’été » un plan pour mieux lutter contre les violences anti-LGBTQ +.
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