La suppression, à la rentrée 2019, des filières L, ES et S et le passage des mathématiques en spécialité non obligatoire augmentent les inégalités entre les filles et les garçons dans cette matière, selon neuf associations et sociétés savantes.
Une réforme qui anéantit « brutalement plus de vingt-cinq ans d’efforts ». Dans un communiqué publié mardi, neuf sociétés savantes et associations de mathématiques (l’Association des professeurs de mathématiques de l’enseignement public, l’association Femmes et Mathématiques, la Société mathématique de France…) estiment que la réforme du lycée menée en 2019 par Jean-Michel Blanquer « a considérablement aggravé les inégalités filles-garçons dans la formation mathématique en filière générale ».
Depuis la rentrée 2019, les filières L, ES et S ont disparu. Les mathématiques sont enseignées comme une spécialité en première et en terminale, en dehors du tronc commun. S’appuyant sur des notes d’information de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) datant de mai et décembre 2021, les signataires soulignent qu’en terminale « seulement 27 % des filles en 2021 ont un enseignement de mathématiques de plus de 6 heures hebdomadaires contre 45 % avant la réforme ».
« Alors que la part des filles en terminale S progressait régulièrement depuis 1994, la part des filles dans l’enseignement de spécialité mathématiques en terminale est redescendue au-dessous du niveau de 1994, chutant de près de 8 points après deux ans de mise en place de la réforme. […] Ce décrochage est encore plus édifiant en première générale, où près de la moitié des filles abandonne les mathématiques en fin de seconde en 2021, alors qu’elles étaient jusqu’en 2018 environ 83 % à poursuivre un enseignement de mathématiques », s’inquiètent ces différentes organisations.
Des conséquences « désastreuses »
Selon elles, les conséquences de cette réforme sont « désastreuses tant pour l’avenir des filles que pour la formation en mathématiques de l’ensemble des citoyennes et citoyens ».
Cela signifie qu'il y aura de moins en moins de femmes dans les études scientifiques après le lycée, où elles ne sont déjà pas nombreuses, privant la société « d’une part importante de jeunes scientifiques pour faire face aux nouveaux enjeux économiques, technologiques et environnementaux ». Les métiers de l'enseignement, très fortement féminisés, risquent également « de subir de plein fouet le défaut de formation dû à l’abandon massif des mathématiques par les filles en première ».
Ces organisations estiment « déraisonnable » que les politiques continuent de considérer que les mathématiques peuvent être réservées aux élèves motivé·es « à un âge où les choix peuvent n’avoir que peu de lien avec l’orientation future ». L'absence de cette matière a un effet, selon elles, « ultra élitiste ». Avant de conclure, amères : « Alors que dans les études internationales les plus récentes, la France se trouve actuellement parmi les derniers des pays de l’OCDE en mathématiques à l’école et au collège, on ne peut que s’inquiéter de l’avenir. »