Selon le dernier baromètre du Conseil représentatif des associations noires (Cran) publié le 14 février par franceinfo et Le Parisien, la quasi-totalité des personnes noires ou métisses de France estiment avoir été au moins une fois victimes de discriminations sur le territoire métropolitain français. Des chiffres présentés ce mercredi 15 février à l’Assemblée nationale.
Les discriminations envers les personnes noires en France n'est plus une réalité impalpable. Dans un sondage réalisé par l'Ipsos à la demande du Conseil représentatif des associations noires (Cran) et dévoilé en exclusivité par franceinfo et Le Parisien le 14 février, 91% des personnes noires ou métisses d’ascendance noire habitant en métropole française s'estiment victimes de discriminations. Une étude que Patrick Lozès, président du Cran, présente à l'Assemblée nationale ce mercredi 15 février.
À la question « diriez-vous que dans votre vie de tous les jours, vous personnellement, vous êtes victime de discrimination raciale… ? », posée dans ce sondage, seulement 9% des personnes noires ou métisses d’ascendance noire ont répondu « jamais » alors qu’iels sont 44% à avoir répondu « de temps en temps » et 25% « souvent ». Des résultats sur lesquels est revenu le président du Cran, invité de la matinale de franceinfo ce mercredi 15 février : « C'est un chiffre que l'on ne peut pas laisser sans réponse. J'en appelle aux pouvoirs publics à répondre politiquement, institutionnellement à la demande de justice et la demande de respect que bafouent quotidiennement les discriminations et le racisme en France. »
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Cette enquête a été réalisée en ligne et par téléphone du 10 au 26 novembre 2022 sur deux groupes de personnes. Le première partie de cette étude concerne un échantillon de 807 personnes représentatif de la population française noire ou métisse d’ascendance noire âgée de 18 ans et plus. La deuxième partie concerne un échantillon de 1608 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, à partir duquel ont été extrait·es les répondant·es correspondant à des minorités religieuses, sexuelles et autres minorités visibles. La méthode des quotas a été utilisée pour cette étude.
Des discriminations dans l’espace public
C'est un « racisme du quotidien » qui s'exprime clairement. D'après les personnes interrogées, 41% ont répondu être victimes de discriminations dans les espaces publics (la rue ou les transports en commun). Mais aussi au travail (31 %), dans les gares, les aéroports ou aux frontières (18 %), ainsi qu'à l’école ou à l’université (14 %). Dans la plupart des cas, ces discriminations se traduisent par « une attitude dédaigneuse, méprisante, irrespectueuse » selon 58 % des concerné·es, et pour 53% d'entre eux·elles par une difficulté à l’embauche et une injustice lors des études.
Contrôles au faciès
D'après l’enquête, les personnes noires et métisses ascendantes noires sont toujours deux fois plus contrôlées par la police que la population française dans son ensemble. 49% d’entre elles déclarent avoir été contrôlées au moins une fois. Alors que ce chiffre n’est que de 23% pour le reste de la population française.
« L’étude ne se contente pas d‘interroger le racisme à l’égard des Noirs : nous avons un volet qui concerne les autres minorités », a précisé le Cran. En effet, l'étude met l'accent sur le rejet familial subi par les autres minorités. Un tiers (31%) des Français·es affirment qu'ils réagiraient « mal » si leur enfant épousait une personne noire, ou de même sexe (36%) et jusqu'à 46% si cette personne est d'origine maghrébine. L'étude montre également que 64 % des Français·es ont été victimes d’une discrimination liée à leur apparence, leur âge, leur milieu social, leur sexe, leur religion, leur pays d’origine, ou leur orientation sexuelle.
Lors de la présentation de ces chiffres à l’Assemblée nationale ce mercredi 15 février, le Cran souhaite proposer plusieurs pistes de lutte contre le racisme. Patrick Lozès abordera notamment la création d’un observatoire du racisme en France. « Il s’agirait d’une réelle instance dotée de moyens qui pourra, plus régulièrement que nous, publier des données sur ce phénomène, le mesurer, pour mieux lutter contre », argumente-t-il au Parisien.
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