Attractivité professionnelle, prise en charge des mineur·es étranger·es isolé·es, gouvernance financière et politique de la Protection de l'enfance… Une nouvelle instance de dialogue entre l’État et les département rendra ses conclusions, cet été, pour sauver un secteur en crise.
Le gouvernement et les départements ont lancé le 12 décembre cinq "chantiers" pour améliorer une Protection de l'enfance en crise et tenter d'apaiser les tensions apparues ces derniers mois, notamment au sujet des mineur·es étranger·es isolé·es. Le premier chantier concerne "l'amélioration de l'attractivité" du secteur de la Protection de l'Enfance, qui peine aujourd’hui à recruter. Le deuxième s'intéressera aux "réponses" apportées aux enfants nécessitant des prises en charge particulières, notamment dans le domaine "médico-social et sanitaire", indique dans un communiqué l'association des Départements de France (DF)
Troisième chantier : la prise en charge des Mineur·es non accompagné·es étranger·es (MNA), alors que les départements demandent l'aide de l’État face à la montée des flux migratoires. Les deux derniers chantiers, eux, concernent les mineurs délinquants et "la gouvernance financière et politique" de la protection de l'enfance. Les conclusions seront partagées et diffusées avant l'été, précise le communiqué publié à l'issue d'une réunion d'une nouvelle "instance de dialogue"; qui a réuni cinq ministres et des représentants de DF, sous l'égide de la secrétaire d’État à l'Enfance Charlotte Caubel."Le Gouvernement et les départements s'accordent sur la nécessité de trouver des réponses nécessairement coordonnées à cette situation difficile de la protection de l'enfance", ajoute ce communiqué.
Des dispositifs saturés
De son côté, le gouvernement reconnaît que, "malgré des moyens financiers en forte hausse de part et d'autre, l'augmentation en nombre et en complexité des situations rencontrées font peser sur l'aide sociale à l'enfance une forte charge". "Pour faire face à une situation explosive, il faut que chacun assume ses responsabilités et que l’État assume les siennes dans les domaines qui relèvent de sa compétence : politique migratoire, santé mentale et
psychiatrique, protection judiciaire et faits de délinquance", estime, pour sa part, François Sauvadet, président (UDI) des Départements de France.
Les départements estiment que le placement de délinquants dans l'Aide Sociale à l'Enfance et la prise en charge d'enfants porteurs de handicaps ou de troubles mentaux fragilisent des structures conçues pour venir en aide à des enfants en danger dans leur famille. Par ailleurs, plusieurs d'entre eux ont annoncé, depuis octobre, faire une pause dans l'accueil des mineurs isolés étrangers dans la Protection de l'Enfance, arguant de dispositifs saturés.
La secrétaire d’État à l'Enfance Charlotte Caubel s'était dite prête en octobre à envisager une "renationalisation" de la Protection de l'enfance, comme le réclament des défenseurs·seuses des droits des enfants. Sa déclaration avait suscité l'indignation de l'Assemblée des départements, compétents en la matière. Lors du congrès des départements en novembre à Strasbourg, la Première ministre Élisabeth Borne avait alors voulu calmer le jeu en débloquant une enveloppe de 100 millions d'euros pour la Protection de l'enfance et en annonçant la création de cette instance de dialogue État-départements, qui s'est donc réunie,
pour la première fois, le 12 décembre. Instance qui s'appuiera sur des groupes de travail paritaires, auxquels seront associées "les associations gestionnaires d'établissements et de services, et les représentants des jeunes eux-mêmes, à leurs travaux", promet le gouvernement.