« La mobilisation peut être immense », assurait encore récemment Ludovine de La Rochère, présidente de La Manif pour tous (LMPT), lors d’une interview-étape de son marathon médiatique. Depuis des semaines, elle travaille à mobiliser les foules pour la manif du 6 octobre, à Paris, contre l’ouverture de la PMA. Une bataille majeure pour son mouvement, qui a préféré se fondre dans le collectif Marchons Enfants, lequel réunit une quinzaine de structures autour du slogan : « Liberté Égalité Paternité. » C’est que, depuis les grandes manifestations de 2013, le vent a tourné. « Ce qui avait permis le succès de La Manif pour tous, c’était la stratégie iconoclaste de Frigide Barjot, qui avait donné au mouvement un positionnement non confessionnel, homophile et ancré à gauche », rappelle le sociologue Yann Raison du Cleuziou, auteur d’Une contre-révolution catholique. Aux origines de La Manif pour tous (éd.Seuil,2019). Sauf que Frigide Barjot fait désormais cavalier seul. Quant à la droite, qui avait apporté son soutien à LMPT, elle s’apprête à déserter. À l’instar de Christian Jacob, président du groupe LR à l’Assemblée, qui, après avoir battu le pavé en 2013, sera absent le 6 octobre.
Qui donc, alors, pour suivre LMPT ? Essentiellement des « catholiques observants », ces familles conservatrices qui ont permis au mouvement de durer. Mais, même là, « il y a des divisions stratégiques », observe Yann Raison du Cleuziou. Certains aimeraient voir le mouvement se radicaliser, quand d’autres souhaiteraient une convergence avec d’autres luttes. « Beaucoup sont un peu agacés, mais ils n’excluent pas d’aller manifester, poursuit-il. Si la mobilisation prend, ce sera sans doute grâce à la solidité de ce groupe sociologique, pas grâce au leadership de La Manif pour tous. »