Plusieurs maires et élu·es de gauche somment le gouvernement de développer l'hébergement d'urgence des enfants sans toit dans une tribune diffusée dimanche sur les réseaux sociaux.
À deux jours de l’hiver et alors que plusieurs départements ont récemment déclenché leur plan Grand Froid pour faire face à la baisse des températures, plusieurs maires et élu·es de grandes villes de gauche tirent la sonnette d’alarme concernant le sort des enfants à la rue. Ils·elles somment le gouvernement d’agir au plus vite dans une tribune diffusée sur les réseaux sociaux dimanche 18 décembre.
« Monsieur le Ministre, tiendrez-vous votre engagement pour les enfants qui dorment dehors ? » interpellent ainsi les signataires le ministre Olivier Klein, chargé de la Ville et du Logement. Les élu·es déplorent en effet qu'il n'ait pas tenu l’engagement qu’il avait pris en septembre lorsqu’il avait exprimé la « volonté » du gouvernement qu’ « il n’y ait pas d’enfants à la rue » cet hiver. Le ministre avait également précisé « travailler collectivement à la résorption de cette situation ».
À 48 heures de l'échéance, les signataires de cette tribune, parmi lesquel·les Anne Hidalgo (PS), Grégory Doucet (EELV), Eric Piolle (EELV) ou encore Jeanne Barseghian (EELV), maires de Paris, Lyon, Grenoble et Strasbourg, estiment que la promesse n'a pas été tenue. Ils·elles assurent que « des centaines d'enfants » dorment encore « dans des conditions indignes et chaotiques » dans les rues de leur ville, les bidonvilles, les squats, ou encore au sein des équipements municipaux mis à disposition.
En octobre, les associations de défense des sans-abris avaient estimé à environ 2 000 le nombre d’enfants sans toit en France. À Strasbourg, par exemple, cela concernerait 150 enfants selon la maire Jeanne Barseghian.
« Triple réaction »
La baisse récente des températures a entraîné la mise en œuvre du plan Grand Froid pour héberger davantage de personnes sans domicile à Paris et en Île-de-France, ainsi que dans le Grand-Est, la Normandie et la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les maraudes ont également été « renforcées » dans 53 départements. À l'heure actuelle, quelque 200.000 places d'hébergement d'urgence sont ouvertes, dont 45.000 en Île-de-France.
Des initiatives insuffisantes aux yeux des élu·es de gauche qui demandent une « triple réaction » au gouvernement. C’est-à-dire avant tout, la mise en place « de toute urgence » d’un plan universel d’hébergement d’urgence de l’ensemble de ces enfants. « Un plan d’hébergement immédiat, digne, compatible avec la scolarisation et la vie familiale, et ce, qu’importe leur situation administrative », précisent les élu·es qui demandent aussi « l’augmentation durable des moyens alloués à l’hébergement d’urgence » ainsi que la mise en place « d’une politique de rénovation et de réquisition de logements ».
Des inquiétudes également partagées par les associations de défense des personnes à la rue et mal-logées. Dans un communiqué diffusé le 14 décembre, le collectif des Associations Unies – qui réunit 39 associations de lutte contre les exclusions de logement -, alertait ainsi sur « un record de demandes non pourvues au 115 sur certains territoires ». Le 5 décembre 2022, 5 014 personnes ont ainsi appelé le 115 sans obtenir de places d’hébergement selon le collectif. 56 % de ces demandes concernaient des familles, dont 1 345 enfants.
Lire aussi I De plus en plus de mères avec enfants à la rue