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Un commissariat de police (Frédéric BISSON/Flickr)

Paris : un poli­cier pro­vi­soi­re­ment sus­pen­du après avoir insul­té de « pute » la vic­time d’une agres­sion sexuelle

Un poli­cier a été sus­pen­du à titre conser­va­toire, mar­di à Paris, après que des pro­pos où il insulte une plai­gnante ont été enre­gis­trés par mégarde sur le répon­deur de cette dernière.

Se faire insul­ter de « pute » et de « grosse pute » par un poli­cier, sur son répon­deur, après un dépôt de plainte ? C’est ce qui est arri­vé à Élodie (le pré­nom a été modi­fié), une pro­fes­seure de 34 ans, rap­porte Mediapart.

La tren­te­naire a racon­té au média d’investigation avoir por­té plainte pour agres­sion sexuelle, dans la nuit du 4 au 5 février, au com­mis­sa­riat des Vet VIe arron­dis­se­ments de Paris. Après une soi­rée dans un bar avec une amie, la jeune femme a ren­con­tré un groupe de per­sonnes dans la rue et l’un d’eux l’a, selon son témoi­gnage, agres­sé sexuel­le­ment, lui cares­sant la vulve avec ses doigts. 

Selon Élodie, la prise de plainte s’est bien pas­sée. Le len­de­main, un poli­cier qui ne l’avait pas accueillie lors de son dépôt, l’a appe­lée pour lui deman­der de com­plé­ter son témoi­gnage. Il lui a lais­sé un mes­sage sur son répon­deur. Mais ce der­nier a mal rac­cro­ché le télé­phone. La vic­time a alors enten­du un échange entre plu­sieurs membres des forces de l’ordre remet­tant en cause ce qui lui est arri­vé. Sur l’enregistrement, récu­pé­ré par Mediapart, elle se fait ain­si trai­ter à plu­sieurs reprises de « pute », notam­ment parce qu’elle refuse la confron­ta­tion avec son agres­seur pré­su­mé. Ce qui est son droit. La jeune femme a expli­qué au média d’investigation avoir déjà subi une confron­ta­tion pour des vio­lences conju­gales dans ce même com­mis­sa­riat et en gar­der un violent souvenir.

À lire aus­si I Accueil des femmes vic­times de vio­lences : la pré­fec­ture de police publie enfin les résul­tats catas­tro­phiques du rap­port com­man­dé en 2018

Après avoir décou­vert ce mes­sage, Élodie s’est de nou­veau ren­due au com­mis­sa­riat pour signa­ler cet inci­dent. Les poli­ciers pré­sents lui ont assu­ré qu’ils allaient faire remon­ter à leur hié­rar­chie ce qu’il s’est pas­sé. Mais, sans réponse de la part de la police, la jeune femme a sai­si l’Inspection géné­rale de la police natio­nale (IGPN). L’IGPN l’a enten­due mar­di et la jeune femme a dépo­sé plainte pour injures. Le par­quet de Paris doit désor­mais qua­li­fier les faits et déci­der si une réponse pénale doit être apportée.

Le poli­cier sus­pen­du à titre conservatoire

Dans un com­mu­ni­qué de presse, dif­fu­sé ce même 15 février, Didier Lallement, le pré­fet de police de Paris, affirme condam­ner « fer­me­ment les pro­pos inad­mis­sibles tenus par un poli­cier à l'égard d'une vic­time d'agression sexuelle ». Il assure avoir « immé­dia­te­ment sai­si l'IGPN et deman­dé la sus­pen­sion à titre conser­va­toire du fonc­tion­naire concer­né ».

Marlène Schiappa, inter­ro­gée à ce sujet par Franceinfo, s'est dit « pro­fon­dé­ment cho­quée ». « J'imagine la vio­lence pour cette jeune femme qui a le cou­rage d'aller sol­li­ci­ter les forces de l'ordre et qui se retrouve avec un tel mes­sage sur son répon­deur, c'est odieux, j'en ai la chair de poule pour elle », a ajou­té la ministre délé­guée char­gée de la citoyenneté. 

Gérald Darmanin a quant à lui esti­mé, sur Europe 1, ce mer­cre­di, que « ce mon­sieur n'a plus sa place dans la police natio­nale » et qu'il « a sali toutes les femmes qui essaient de dépo­ser plainte alors que l'on a tout inté­rêt à leur dire de venir dans les com­mis­sa­riats pour le faire ». Avant d'ajouter : « Il a sali et a cra­ché sur l'uniforme de la République et de ses 250.000 autres col­lègues poli­ciers et gen­darmes, qui tous les jours font un tra­vail, je crois, for­mi­dable au ser­vice de nos concitoyens. »

À lire aus­si I Violences sexuelles : les plaintes bon­dissent de 33% en 2021

L'accueil des vic­times et la prise en charge des plaintes au sein des com­mis­sa­riats sont lar­ge­ment cri­ti­qués depuis plu­sieurs années par de nom­breuses plai­gnantes, comme le sou­ligne l'essor du hash­tag #DoublePeine. En 2021, un rap­port de Nous Toutes, mon­trait aus­si que par­mi les 3496 témoi­gnages recueillis, 66% fai­saient état d'une mau­vaise prise en charge par les forces de l'ordre au moment du dépôt de plainte. 

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