Le groupe paroissial Féminisme en Église, qui œuvre depuis 2020 à interroger la place de la femme au sein de l'institution catholique, a été exclu, mardi, de la paroisse Saint-Pierre de Montrouge à Paris.
Une exclusion jugée « brutale ». Ce jeudi, le groupe paroissial Féminisme en Église a réagi, sur les réseaux sociaux, à son exclusion de la paroisse Saint-Pierre de Montrouge, dans le 14e arrondissement de Paris, expliquant « pein[er] à comprendre ce qui lui est exactement reproché ».
Dimanche dernier, le 3 avril, ce groupe, qui oeuvre depuis septembre 2020 pour « proposer un espace de dialogue, d'enseignement et de partage autour de la place des femmes dans l'Église », a organisé une « messe féministe » au sein d'une chapelle privée. « L'ensemble des lectures a été dit par des femmes et leur commentaire a été proposé par une théologienne. En accord avec le droit canonique, l'eucharistie a été célébrée par un prêtre. Au cours de la célébration, les participant·es ont prié pour l'égale dignité de toutes et tous, ainsi que pour l'unité de l'Église », explique-t-il dans un communiqué.
Mais depuis lundi, il se retrouve pris dans « une vague de haine sur les réseaux sociaux organisée par des groupes proches de la mouvance traditionnelle ». Une polémique qui a conduit le curé de la paroisse, le Père Denis Branchu, à exclure Féminisme en Église, évoquant une « publicité dont [la paroisse] se serait bien passée »
La place difficile des femmes
Sur le site de la paroisse Saint-Pierre de Montrouge, le prêtre affirme ne pas avoir été mis au courant de cette initiative, ni que le logo du lieu a été utilisé. Il ajoute que le prêtre qui a célébré l'eucharistie, originaire de Nice, n'avait « aucune mission » dans le diocèse de Paris. « Les réseaux sociaux se sont emparés de l’événement et ont répandu la nouvelle que la paroisse avait organisé cette célébration inopportune », a‑t-il ajouté. Le groupe Féminisme en Église affirme, lui, avoir agi « avec la même transparence envers M. Branchu que depuis sa création », ayant préalablement annoncé l'événement sur son site et via sa liste de diffusion, auquel il est abonné.
Le curé estime que de « beaux moments ont été partagés et des remarques pertinentes ont été utiles », mais que « cette équipe, jeune, a sans doute manqué d’expérience et de discernement ». L'organisation de cette célébration « a montré les limites de ce groupe », selon lui, ajoutant n'avoir « sans doute pas su les accompagner comme il le fallait ». De son côté, le groupe paroissial se dit « attristé de constater que l'institution catholique cède à des agitateurs, plutôt que d'initier un dialogue avec un groupe qui réunit des dizaines de personnes chaque mois pour réfléchir à l'avenir de l'Église ».
Une décision qui rappelle la difficile place des femmes dans l'institution catholique, dominée par les hommes, comme nous l'avaient expliqué sept d'entre elles, qui, en 2020, avaient déposé leur candidature à plusieurs fonctions qui leur sont interdites au sein de l’Église. La violence des réactions reçues après l'organisation de la messe montre, en tout cas, pour les membres du groupe Féminisme en Église « la pertinence de leur démarche ». Et les encourage « à persévérer dans leurs actions ».