3 questions à Charline Delporte, présidente du Centre national d’accompagnement familial et de formation face à l’emprise sectaire (Caffes).
Causette : La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) n’apparaît plus dans les compétences du gouvernement. Faut-il s’en inquiéter ?
Charline Delporte : C’est un très mauvais signal. La Miviludes existe depuis vingt ans et elle fonctionnait plutôt bien, bénéficiant de relais dans tous les ministères. Depuis 2017, priorité a été donnée à la lutte contre la radicalisation au détriment du suivi des mouvements sectaires. Or, si vous ne suivez pas le fait sectaire tous les jours, vous perdez le fil. Pourtant, il y a une vraie remise en route de ces mouvements. Le Covid a donné une caisse de résonance à des théories à caractère pseudothérapeutiques ou complotistes.
L’état est-il en train de se désengager de ce sujet ?
C. D. : J’essaie de le dire de manière subtile, mais, oui. Pour moi, nous devons garder la Miviludes coûte que coûte, car quand le chat n’est pas là, les souris dansent. Malheureusement, l’état n’a pas compris que son désengagement pouvait donner un blanc-seing aux mouvements sectaires. Il y a un manque de connaissances sur ce sujet. Nous, les associations de terrain, tentons d’apporter un maximum d’informations, mais il faut plus de monde, de la formation et une continuité dans le suivi des dossiers.
Vous plaidez pour que la Miviludes devienne une autorité indépendante. Qu’est-ce que cela changerait ?
C. D. : Tout ! Cela permettrait à la Miviludes de travailler tranquillement et de manière continue sans subir les pesanteurs politiques ou se trouver paralysée à chaque changement de gouvernement. Le phénomène concerne 500 000 personnes dans le pays, et ce flou ne profite qu’aux organisations à caractère sectaire.