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Photo : LOIC VENANCE / AFP

“Où sont les hommes qui sou­tiennent #MeToogarçons ?” : le sou­tien des fémi­nistes et le silence des hommes face aux témoignages

Alors que le hashtag #MeTooGarçons prend de l’ampleur depuis les révélations de l’acteur Aurélien Wiik, jeudi 22 février, de nombreuses militantes féministes soutiennent et encouragent sans ambages la libération de la parole. Mais on peine toujours à entendre les hommes…

“C’est si difficile et courageux de reconnaître qu’on a été victime de violences sexuelles. Tout mon soutien à ceux qui témoignent ; je pense aussi à tous ceux qui ne le peuvent pas, à ceux qui ont oublié, à ceux qui en sont morts.” Ce sont les mots de l’autrice et journaliste féministe Victoire Tuaillon, postés dimanche sur X. Ils font référence à la récente vague de libération de la parole d’hommes victimes de violences sexuelles, sous le hashtag #MeTooGarçons, lancé jeudi 22 février par l’acteur français Aurélien Wiik. 

Jeudi dernier, à la veille de la cérémonie des César 2024, alors que le cinéma français est de nouveau secoué par une vague #MeToo depuis les accusations de Judith Godrèche à l’encontre des réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon, Aurélien Wiik révèle, dans plusieurs stories postées sur Instagram, avoir été abusé par son agent et d’autres membres de son entourage entre ses 11 et 15 ans. Le comédien de 43 ans, qui a porté plainte à 16 ans contre son agent, met en lumière un milieu où les violences sexuelles sont systémiques, évoquant des “dîners piégés organisés par des vieux avec plusieurs mineurs” ou encore “du chantage contre des rôles”. “Jusqu’à 25 ans, on m’a proposé des rôles en échange de faveurs. On a tenté de me droguer souvent”, révèle-t-il encore. 

“Les garçons du cinéma se réveillent”

Aurélien Wiik s’est ensuite directement adressé aux agresseur·euses : “Tremblez, votre tour viendra. Vous savez qui vous êtes. Les garçons du cinéma se réveillent”, lance-t-il, encourageant alors l’émergence d’un #MeToogarçons. Ses paroles ont, semble-t-il, été entendues puisque depuis, des dizaines d’hommes ont repris ce hashtag sur les réseaux sociaux. Le directeur de casting, Stéphane Gaillard, a d’ailleurs créé l’adresse mail, [email protected], pour recueillir et recenser les témoignages des victimes. 

Sous le hashtag #MeTooGarçons, la plupart des hommes dénoncent des abus qu’ils ont subis mineurs, et ce, pas seulement dans le milieu du cinéma. Des anonymes, comme cet homme qui témoigne sur X avoir été abusé par son cousin de 18 ans lorsqu’il avait 6 ans. “Dans la famille, c’était l’omerta. Je n’ai jamais arrêté de me sentir sale et coupable de ne pas avoir réagi. Ça revient de temps en temps dans ma tête”, raconte-t-il. Mais aussi des hommes politiques, à l’instar du député LFI de Loire-Atlantique, Andy Kerbrat qui témoigne sur X avoir été abusé lorsqu’il était enfant par un homme, mort aujourd’hui. 

A l’image du tweet de Victoire Tuaillon, on retrouve sous le hashtag, parmi les nombreux témoignages de victimes, de nombreux messages de soutien, de militantes féministes notamment. “Bravo à vos témoignages courageux de #MeToogarçons”, a réagi ainsi la députée écologiste de Paris, Sandrine Rousseau sur X. “ENFIN, vous. #MeToogarçons. Je vous vois. Je vous crois. Vos récits sont tous aussi insupportables, et intolérables que ceux des filles. Votre genre n’y change rien : une agression reste une agression. Un viol reste un viol. Fille ou garçon, PERSONNE ne devrait avoir à vivre ça”, tweete de son côté l’autrice féministe Axelle Jah Njiké. Citons aussi les mots de l’influenceuse et militante féministe Sindy : “J’voudrais apporter toute ma force aux hommes qui témoignent courageusement.”

Avalanche de soutiens 

Une avalanche de soutiens qui tranche avec les réactions timides, voire le silence écrasant –et pire encore, parfois la minimisation ou la négation des faits – des hommes lorsque des femmes et des hommes dénoncent les violences et abus dont elles et ils ont été victimes. Sur X, un internaute déclare ainsi avoir été victime à 7 ans d’un homme en situation de pouvoir et de domination. “Jamais une femme n’a nié ou minimisé la douleur que j’exprimais, déclare-t-il. Les seuls qui ont ri sont des hommes.”

Un soutien féminin inversement proportionnel à celui des hommes pour dire aux femmes “On vous croit”. Un silence d’autant plus assourdissant, d’ailleurs, depuis le poignant discours de Judith Godrèche vendredi soir sur la scène des César. Seule une toute petite poignée de professionnels du milieu ont soutenu publiquement la comédienne. Parmi eux, le réalisateur Thomas Cailley, le comédien Emmanuel Noblet ou encore l’acteur Grégoy Montel ont déclaré leur soutien sur leurs réseaux sociaux ou dans les médias. 

“L’ampleur de Metoo est due au courage des victimes qui ont parlé et à un soutien massif des femmes et des féministes”, a rappelé la sénatrice socialiste Laurence Rossignol sur X, posant ensuite une question essentielle : “Où sont les hommes qui soutiennent #MeToogarçons ?”

Lire aussi I César : #MeToo du cinéma français, où sont les hommes ?

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