Georgio Loiseau, le maire de Poses (Eure) a débuté lundi une grève de la faim pour que son fils de douze ans, qui présente des troubles autistiques, obtienne une place d’un institut médico-éducatif.
Le maire Les Républicains de Poses, dans l'Eure, Georgio Loiseau, a débuté lundi 29 mai une grève de la faim devant la cité administrative d'Évreux, préfecture du département, a appris France Bleu Normandie. Avec cette démarche, l’élu veut alerter sur la prise en charge du handicap en France. Aucune structure ne peut accueillir en septembre son fils de 12 ans, Elyes, qui présente des troubles autistiques.
Georgio Loiseau a assuré regretter et déplorer cette grève de la faim, mais « aujourd'hui, il n'y a qu'en faisant du bruit qu'on est entendu », a‑t-il déclaré à France Bleu Normandie. Le maire, qui a également écrit aux député·es, aux sénateur·rices, aux présidents du Conseil département de l'Eure et de la Seine-Maritime, à la présidente de l'Assemblée nationale ou encore au président du Sénat pour alerter sur la situation de son fils et celle d'autres familles, a tiré la sonnette d'alarme au micro de la radio. « On n'a pas le droit de laisser crever des familles comme ça. […] Je n'arrêterai mon mouvement que quand on s'occupera aussi de l'ensemble des enfants qui sont sans solution ».
Georgio Loiseau, maire de Poses depuis 2020, a créé en 2018 la seule unité d'enseignement élémentaire autisme du département, Le Nid bleu. Son fils, Elyes, qui y était scolarisé jusqu'ici et qui aura douze ans à la fin du mois d'août, ne pourra plus être y accueilli à la rentrée prochaine.
Six ans pour obtenir une place
Sa famille a alors cherché une solution pour la poursuite de la scolarité d'Elyes qui ne peut pas être accueilli en Unité localisée pour l'inclusion scolaire (ULIS) car « ses capacités ne sont pas en adéquation avec ce qu'on attend en ULIS » a indiqué Georgio Loiseau. Le maire a alors demandé à la maison départementale des personnes handicapées de l'Eure une orientation en institut médico-éducatif, mais la réponse a été la douche froide : « Il n'y a pas de place ou on vous annonce des délais de deux, trois, quatre, jusqu'à six ans pour obtenir une place », s'émeut Georgio Loiseau, selon France Bleu Normandie. Le maire a également partagé son combat dans une vidéo publiée sur Facebook le week-end dernier.
Depuis qu'il a publié cette vidéo, Georgio Loiseau reçoit « en masse des témoignages de la France entière qui disent que les établissements médico-sociaux sont complètement saturés ». Et il ne faut pas parler au maire du principe d'école inclusive, « c'est du flan » et de « la poudre aux yeux » s'est-il emporté au micro de France Bleu.
Une solution hybride
Face à ce délai d'attente, le maire du village normand a invoqué « le droit à l'éducation jusqu'à seize ans » pour son fils et aimerait bien que « cette obligation soit respectée ». L'unique solution pour le moment est que son fils poursuive ses études à la maison, via le Centre national d'enseignement à distance (Cned). Une situation inenvisageable pour les parents d'Elyes, qui sont en revanche prêt·es à accepter une solution hydride. « Cela pourrait être un temps à l'école, un temps en établissement, il faut réinventer ce système », suggère Georgio Loiseau, car « Elyes a besoin d'être avec d'autres enfants, qui soient comme lui ou non. »
Georgio Loiseau n'a aucun doute qu'une solution soit finalement trouvée pour Elyes, mais il l'assure, il est prêt à aller jusqu'au bout de cette grève de la faim pour mener un combat plus large. « Je le dois à mon fils et à toutes les familles qui sont dans le désespoir. Si je ne le fais pas, qui va le faire ? Mon combat, c'est aussi celui de toutes les familles qui sont en attente de place depuis des années et des années », a‑t-il déclaré au micro de RTL.
Une situation critique pour la prise en charge des autistes adultes aussi
Le 13 avril dernier, un reportage de l'émission envoyé spécial mettait en lumière ce manque de personnel et de place dans les maisons d'accueil spécialisées pour personnes adultes atteintes d'autisme ou de trisomie. Selon le reportage, les aides soignant·es de ces établissements, trop peu nombreux et manquant de temps, n'ont plus une minute pour les activités « d'éveil » et n'ont que très peu de temps pour les gestes d'hygiène. Iels estiment en arriver même, certains jours, à devenir maltraitant·es vis-à-vis des résident·es, faute de pouvoir travailler dans de bonnes conditions.
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