Capture d’écran 2023 05 30 à 11.24.13
Georgio Loiseau et son fils Elyes © Capture d'écran d'une photo de son compte Facebook

Handicap : le maire d'un vil­lage nor­mand en grève de la faim pour son fils autiste

Georgio Loiseau, le maire de Poses (Eure) a débu­té lun­di une grève de la faim pour que son fils de douze ans, qui pré­sente des troubles autis­tiques, obtienne une place d’un ins­ti­tut médico-éducatif. 

Le maire Les Républicains de Poses, dans l'Eure, Georgio Loiseau, a débu­té lun­di 29 mai une grève de la faim devant la cité admi­nis­tra­tive d'Évreux, pré­fec­ture du dépar­te­ment, a appris France Bleu Normandie. Avec cette démarche, l’élu veut aler­ter sur la prise en charge du han­di­cap en France. Aucune struc­ture ne peut accueillir en sep­tembre son fils de 12 ans, Elyes, qui pré­sente des troubles autistiques.

Georgio Loiseau a assu­ré regret­ter et déplo­rer cette grève de la faim, mais « aujourd'hui, il n'y a qu'en fai­sant du bruit qu'on est enten­du », a‑t-​il décla­ré à France Bleu Normandie. Le maire, qui a éga­le­ment écrit aux député·es, aux sénateur·rices, aux pré­si­dents du Conseil dépar­te­ment de l'Eure et de la Seine-​Maritime, à la pré­si­dente de l'Assemblée natio­nale ou encore au pré­sident du Sénat pour aler­ter sur la situa­tion de son fils et celle d'autres familles, a tiré la son­nette d'alarme au micro de la radio. « On n'a pas le droit de lais­ser cre­ver des familles comme ça. […] Je n'arrêterai mon mou­ve­ment que quand on s'occupera aus­si de l'ensemble des enfants qui sont sans solu­tion ».

Georgio Loiseau, maire de Poses depuis 2020, a créé en 2018 la seule uni­té d'enseignement élé­men­taire autisme du dépar­te­ment, Le Nid bleu. Son fils, Elyes, qui y était sco­la­ri­sé jusqu'ici et qui aura douze ans à la fin du mois d'août, ne pour­ra plus être y accueilli à la ren­trée prochaine.

Six ans pour obte­nir une place 

Sa famille a alors cher­ché une solu­tion pour la pour­suite de la sco­la­ri­té d'Elyes qui ne peut pas être accueilli en Unité loca­li­sée pour l'inclusion sco­laire (ULIS) car « ses capa­ci­tés ne sont pas en adé­qua­tion avec ce qu'on attend en ULIS » a indi­qué Georgio Loiseau. Le maire a alors deman­dé à la mai­son dépar­te­men­tale des per­sonnes han­di­ca­pées de l'Eure une orien­ta­tion en ins­ti­tut médico-​éducatif, mais la réponse a été la douche froide : « Il n'y a pas de place ou on vous annonce des délais de deux, trois, quatre, jusqu'à six ans pour obte­nir une place », s'émeut Georgio Loiseau, selon France Bleu Normandie. Le maire a éga­le­ment par­ta­gé son com­bat dans une vidéo publiée sur Facebook le week-​end dernier.

Depuis qu'il a publié cette vidéo, Georgio Loiseau reçoit « en masse des témoi­gnages de la France entière qui disent que les éta­blis­se­ments médico-​sociaux sont com­plè­te­ment satu­rés ». Et il ne faut pas par­ler au maire du prin­cipe d'école inclu­sive, « c'est du flan » et de « la poudre aux yeux » s'est-il empor­té au micro de France Bleu.

Une solu­tion hybride

Face à ce délai d'attente, le maire du vil­lage nor­mand a invo­qué « le droit à l'éducation jusqu'à seize ans » pour son fils et aime­rait bien que « cette obli­ga­tion soit res­pec­tée ». L'unique solu­tion pour le moment est que son fils pour­suive ses études à la mai­son, via le Centre natio­nal d'enseignement à dis­tance (Cned). Une situa­tion inen­vi­sa­geable pour les parents d'Elyes, qui sont en revanche prêt·es à accep­ter une solu­tion hydride. « Cela pour­rait être un temps à l'école, un temps en éta­blis­se­ment, il faut réin­ven­ter ce sys­tème », sug­gère Georgio Loiseau, car « Elyes a besoin d'être avec d'autres enfants, qui soient comme lui ou non. »

Georgio Loiseau n'a aucun doute qu'une solu­tion soit fina­le­ment trou­vée pour Elyes, mais il l'assure, il est prêt à aller jusqu'au bout de cette grève de la faim pour mener un com­bat plus large. « Je le dois à mon fils et à toutes les familles qui sont dans le déses­poir. Si je ne le fais pas, qui va le faire ? Mon com­bat, c'est aus­si celui de toutes les familles qui sont en attente de place depuis des années et des années », a‑t-​il décla­ré au micro de RTL.


Une situa­tion cri­tique pour la prise en charge des autistes adultes aussi

Le 13 avril der­nier, un repor­tage de l'émission envoyé spé­cial met­tait en lumière ce manque de per­son­nel et de place dans les mai­sons d'accueil spé­cia­li­sées pour per­sonnes adultes atteintes d'autisme ou de tri­so­mie. Selon le repor­tage, les aides soignant·es de ces éta­blis­se­ments, trop peu nom­breux et man­quant de temps, n'ont plus une minute pour les acti­vi­tés « d'éveil » et n'ont que très peu de temps pour les gestes d'hygiène. Iels estiment en arri­ver même, cer­tains jours, à deve­nir maltraitant·es vis-​à-​vis des résident·es, faute de pou­voir tra­vailler dans de bonnes conditions. 

À lire aus­si I Troubles du neu­ro­dé­ve­lop­pe­ment : le gou­ver­ne­ment demande votre avis sur la stra­té­gie d'action publique à venir

Partager
Articles liés
113 societe la bise 1 camille besse pour causette

Le bai­ser som­mé de se réinventer

La distanciation physique nous a obligé·es à nous priver de baisers, de bisous, de câlins.,Céline Hess Halpern, autrice de « L’Éloge du baiser », décrypte pour Causette le sens et la puissance de ce geste dont il est si difficile de se passer.

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.