Six médecins refusant de régler leur cotisation pour réclamer la dissolution du Conseil national de l'Ordre des médecins sont inculpé·es à Nantes, six autres, jugé·es à Foix ont été condamné·es le 10 mars à la payer.
Depuis plusieurs années, une fronde de médecins s’organise pour réclamer la dissolution du Conseil national de l’Ordre des médecins. Aujourd’hui, une douzaine d’entre elles et eux refusant – en signe de protestation – de payer leur cotisation sont poursuivi·es par la justice ou condamné·es.
Le Conseil national de l’Ordre des médecins, kézako ? Cette institution privée, fondée en 1940 sous le régime de Vichy, est censée garantir la déontologie des praticien·nes de santé. Or, elle est régulièrement critiquée pour ses positions jugées rétrogrades, comme son opposition à l’allongement du délai légal d’accès à l’IVG, légalisé en mars 2022. Elle a également été épinglée par un rapport alarmant de la Cour des comptes en 2019.
Plusieurs collectifs de soignant·es – MIOP, SNJMG, Pour une médecine engagée, unie et féministe (Pour une M.E.U.F), aux côtés du SMG, syndicat progressiste mais minoritaire de la médecine générale – accusent aussi, dans un communiqué, l’Ordre des médecins de renforcer les inégalités d’accès aux soins : « Il est contre le tiers payant et s’accommode du dépassement d’honoraires. Les plus vulnérables en font les frais », analyse Aurélie Godineau, 44 ans, généraliste en Ariège, condamnée pour refus de paiement de cotisations et membre du collectif Pour une M.E.U.F. Ces collectifs reprochent aussi à l’organisme professionnel une complicité avec des médecins agresseurs. Dans le cas du chirurgien Joël Le Scouarnec, condamné à quinze ans de prison pour viols et agressions sexuelles sur mineur·es, « l’Ordre des médecins, qui était au courant, l’a protégé au nom de la confraternité et il a continué à exercer », alerte Aurélie Godineau.
Cette révolte des praticien·nes contre ce puissant organisme corporatiste reste pour l’instant marginale : six médecins refusant de régler leur cotisation sont inculpé·es à Nantes, six autres (dont Aurélie Godineau), jugé·es à Foix (Ariège), ont été condamné·es le 10 mars à la payer. Mais cette rebuffade symbolique sert surtout à alerter : si une dissolution avait été proposée jadis, par François Mitterrand, les collectifs attendent aujourd’hui que les politiques se mobilisent.