Le ministre des Armées a annoncé lundi sur France 2 avoir pris un arrêté permettant aux personnes atteintes du sida d’intégrer la gendarmerie, les sapeurs-pompiers militaires et les forces armées.
Une avancée dans la lutte contre les discriminations. Invité des Quatre vérités de France 2 lundi 8 mai, le ministre des Armées Sébastien Lecornu a annoncé mettre fin au « critère de discrimination par principe » qui interdisait aux personnes séropositives de devenir militaires, et de rejoindre l’armée, la gendarmerie ou certaines brigades de sapeurs-pompiers.
« J’ai pris un arrêté qui va revoir l’ensemble des critères d’aptitudes pour rentrer dans les forces armées », a déclaré le ministre sur la chaîne d’information, ajoutant que jusqu'ici, « le service de santé des armées avait parfois quelques peurs pour nos militaires qui servaient en opération extérieure ». Mais selon le ministre, « ils ont fait un boulot remarquable avec les associations et notamment AIDES [une association française de lutte contre le VIH et les hépatites virales, ndlr] grâce auquel ils ont fait évoluer les protocoles thérapeutiques qui permettent désormais de nous assurer qu’avoir le VIH ne soit pas un critère discriminant pour entrer dans les forces armées », a‑t-il développé. L’arrêté doit être publié dans les prochains jours a précisé Sébastien Lecornu.
L’interdiction était en vigueur depuis les années 1980, lorsque la maladie est apparue. Fin novembre 2022, cette discrimination à l’embauche visant les personnes vivant avec le VIH avait déjà été levée pour les policiers. Le gouvernement avait abrogé par décret l’application du « Sigycop », un dispositif d’évaluation de l’aptitude physique utilisé dans plusieurs métiers de la fonction publique. Cette évaluation, qui était appliquée strictement, était basée sur une cotation de 1 à 6 qui classait comme inaptes les personnes séropositives, selon Libération.
Une demande de Gérald Darmanin
Le débat sur la discrimination à l'embauche des personnes séropositives est revenu à l'ordre du jour le 2 mai dernier lorsque le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin a, via un courrier révélé par le magazine Têtu, proposé à Sébastien Lecornu de faire de même pour les armées et les corps militaires. « Les critères médicaux d’aptitude à l’intégration au sein de la gendarmerie nationale ou des corps militaires de sapeurs-pompiers [à Paris et Marseille, ndlr] ne permettent pas aujourd’hui aux personnes séropositives d’accéder à ces professions », écrivait-il. « Cet état de fait lié au statut militaire et aux contraintes qu’il impose, semble devoir évoluer », a ajouté Darmanin dans son courrier.
Le locataire de la place Beauvau dit en outre souhaiter que le ministère des Armées lance « très rapidement […] les travaux qui permettront de réaliser ces recrutements à très brève échéance », lui demandant un « retour rapide ». Ce qu'a alors fait Sébastien Lecornu. Dans un tweet, le ministre de l’Intérieur a salué ce lundi la décision « de mettre fin à cette interdiction injuste ».
Selon Libération, jusqu’à présent, le ministère des Armées, dont le service de santé régit le recrutement des gendarmes et des pompiers militaires, s’était toujours refusé à modifier le « Sigycop ». Mais, d'après le quotidien, les dernières études scientifiques ont démontré que les personnes séropositives bénéficiant de traitements antirétroviraux ont une charge virale indétectable et ne transmettent pas le VIH.
À lire aussi I “Les années sida, à la mort, à la vie”, un documentaire inédit sur l'épidémie du VIH