Selon les recherches du doctorant Théo Delemazure, un député homme a prononcé en moyenne 40 % de mots de plus qu’une députée femme depuis le début de la législature en juin dernier.
En moyenne, les hommes députés parlent plus que leurs collègues féminines au sein de l’hémicycle, a rapporté « Chez Pol », mercredi 25 janvier. La newsletter politique hebdomadaire de Libération s’est intéressée au travail de Théo Delemazure, doctorant à Paris-Dauphine, qui a compilé les comptes-rendus de séances publiques et comptabilisé ainsi le nombre moyen de mots prononcés par les élu·es du palais Bourbon depuis le début de la législature en juin jusqu’en décembre. Selon ses calculs, « un député homme a prononcé en moyenne 40 % de mots de plus qu’une députée femme depuis le début de la législature », indique-t-il sur son blog. Le chercheur souligne également que « parmi les vingt députés les plus bavards, seules trois sont des femmes ».
Selon lui, aucun groupe politique de l’Assemblée n’échappe à cette disparité, à part le groupe Écologiste, qui est également le seul à compter plus de femmes que d’hommes dans ses rangs. Parmi les raisons pouvant expliquer cette surreprésentation de la parole masculine, le chercheur note « les interruptions » qui proviennent « beaucoup plus souvent » de députés hommes que de femmes. Plus précisément, le nombre moyen d’interruptions par député·es est « presque deux fois plus élevé » pour les hommes que pour les femmes. « Seules deux députées sont des femmes parmi les vingt députés qui interrompent le plus » les séances au sein de l’hémicycle, ajoute le chercheur.
Pour Théo Delemazure – qui s'était fait connaitre en octobre pour avoir lancé le site degaucheoudedroite.delemazure.fr -, la raison principale se trouve surtout dans les comportements des élu·es. « Les hommes se gênent peut-être moins pour prendre la parole que les femmes, ou peut-être que les groupes décident moins de mettre en avant les femmes pour les prises de paroles importantes », avance le chercheur. La députée Les Républicains (LR) Annie Genevard déclarait en effet dans L’Humanité début janvier que « lors des réunions, les hommes prennent souvent la parole en premier et les femmes s’interrogent intérieurement pour savoir si elles doivent intervenir ». Avant de poursuivre : « Quand elles le font, il n’est pas rare de voir les hommes bavarder entre eux ou consulter leur téléphone ».