Joséphine Baker a fait son entrée au Panthéon ce 30 novembre. Ils et elles étaient nombreux·ses à venir rendre hommage à cette icône des années folles, figure de la Résistance et de la lutte antiraciste.
« Me revoilà Paris ». C’est sur cette chanson toute symbolique que Joséphine Baker, la plus Française des Américaines a fait son entrée au Panthéon ce 30 novembre. Le cénotaphe1 a remonté lentement le tapis rouge installé rue Soufflot menant à l’édifice, illuminé pour l’occasion aux couleurs tricolores. Débutée vers 17h40, la cérémonie organisée par l’Élysée et les enfants de Joséphine Baker a été tour à tour joyeuse – grâce aux chansons de l’artiste qui ont donné à l'événement des allures de cabaret – et émouvante avec le Chant des Partisans entonné par le chœur de l’armée française. Dans mon village, l’hymne de Joséphine Baker aux Milandes où elle avait installé sa tribu « arc-en-ciel » a lui été interprété par 60 enfants du chœur de l’Opéra Comique. Tout au long du cortège, la voix de la comédienne Sephora Bondi (pensionnaire de la Comédie française) a retracé la vie extraordinaire de Joséphine Baker.
![Les grands moments de la panthéonisation de Joséphine Baker 2 Capture d’écran 2021 12 01 à 14.35.18](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/12/Capture-d’écran-2021-12-01-à-14.35.18.jpg)
Quarante-six ans après la mort de cette icône des années-folles, résistante et militante antiraciste, elles et ils étaient nombreux·ses à braver le froid pour se masser le long de cette rue du Vème arrondissement de Paris et rendre hommage à celle qui est désormais la première personne noire à être panthéonisée. « Je me devais d’être là ce soir, affirme Georges, 81 ans, qui est arrivé avec une heure d’avance. Mes parents se sont rencontrés dans la résistance, Joséphine était un modèle pour eux. Plus tard, elle est devenue le mien lorsqu’elle s’est battue contre le racisme aux côtés de Martin Luther King. Joséphine Baker a ébloui l’Europe entière. » Les cinq médailles militaires, dont celle de la résistance, reposaient d’ailleurs sur le cénotaphe porté par des militaires de l’armée de l’air, dont elle a été la sous-lieutenante.
Émotions
Dans la foule, les yeux brillent : est-ce dû au froid sec de novembre ou à l’émotion de l’instant ? « Quelle femme elle était, souffle Mireille, 66 ans, très émue. On attendait ce moment avec beaucoup d’impatience, je dois dire et je suis très heureuse d’avoir pu le vivre de mon vivant. » Une pétition portée par l’essayiste Laurent Kupferman avait été lancée le 8 mai dernier pour demander à Emmanuel Macron la panthéonisation de Joséphine Baker. Soutenue par la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), elle avait réuni en trois mois plus de 37 920 signataires. « Je l'avais signée, déclare Audrey, 26 ans, qui était par hasard à Paris cette semaine. Le destin fait bien les choses car en tant que femme noire, c’est très important pour moi d’être ici. On a besoin de modèles de femmes noires et Joséphine Baker, par son engagement, son courage et sa générosité en est un pour moi. »
![Les grands moments de la panthéonisation de Joséphine Baker 3 Capture d’écran 2021 12 01 à 14.35.39](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/12/Capture-d’écran-2021-12-01-à-14.35.39.jpg)
Vers 18h30, le cercueil vide – symboliquement rempli de poignées des quatre terres chères à Joséphine Baker-2 est entré au Panthéon. « Vous entrez au Panthéon parce que, née Américaine, il n’y a pas plus Française que vous », a alors déclaré Emmanuel Macron dans un discours solennel. Joséphine Baker a rejoint les cinq autres « grandes femmes » et repose désormais symboliquement dans le caveau 13 de la crypte du monument.
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- Le cercueil ne contenait pas sa dépouille restée dans le caveau familial à Monaco selon la volonté de ses proches[↩]
- Sa ville américaine natale de Saint Louis, Paris qui l’a rendue célèbre, le château des Milandes en Dordogne où elle installa sa tribu « arc en ciel » et Monaco où elle vécut les dernières années de sa vie[↩]