Alors que les insultes et agressions physiques recensées contre les personnes LGBT+ sont en hausse en France, le gouvernement a annoncé un plan national de lutte contre les LGBTphobies ce lundi 10 juillet.
Cent mesures pour lutter contre la haine et les discriminations visant les personnes LGBT+. C’est ce que contient le plan 2023–2026 du gouvernement présenté ce lundi 10 juillet. La centaine de mesures prétend s’inscrire dans la continuité des actions réalisées en faveur de l’égalité des droits sous le précédent quinquennat.
Alors que dans son dernier rapport, l’association SOS homophobie dénonçait la hausse des agressions physiques (+28%) et de la haine transphobe (+27%) en 2022 et appelait le gouvernement à agir, la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, a annoncé sa volonté de faire « appliquer le droit ». « Une implacable machine judiciaire doit être actionnée et les sanctions doivent être renforcées », déclare-t-elle en préambule du plan national.
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Cela passera par une meilleure formation des forces de police et de gendarmerie afin de qualifier les faits dès le dépôt de plainte. L’objectif du gouvernement est de former 100% des effectifs des forces de l’ordre d’ici 2024. « Nous allons faire un état des lieux des agressions locales avec l’objectif de renforcer les patrouilles de sécurité aux bons endroits, au bon moment », indique le cabinet d’Isabelle Rome lors de la présentation du plan à la presse.
Cette mesure s’accompagnera d’ailleurs d’un large plan de formation, tous azimuts, à destination des enseignant·es, étudiant·es, professionnel·les de santé, animateur·trices encadrant des colonies de vacances et centres de loisirs et fonctionnaires. Une ambition qui peine à satisfaire l’association SOS homophobie. « Le plan précédent comprenait déjà des mesures de formation et elles n’avaient pas été mises en œuvre, a déploré ainsi son co-président, Joël Deumier auprès du Parisien. Il serait intéressant qu’on puisse avoir une évaluation de ce qui a été déjà fait. » C'est pourquoi il a demandé au gouvernement une « clause de revoyure » pour pouvoir modifier les mesures du plan.
Interdictions automatiques de stade en cas de propos homophobes
Le gouvernement veut aussi durcir la législation en cas de propos homophobes, en particulier dans les enceintes sportives. « Nous allons prévoir que lorsqu'une condamnation pour un acte ou un propos homophobe sera prononcée, il y aura par principe la condamnation complémentaire de l'interdiction du stade », a annoncé la ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, sur franceinfo ce lundi matin.
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Parmi les autres mesures, le plan prévoit d’ajouter sept millions d’euros aux trois millions déjà annoncés pour renforcer et pérenniser le soutien aux centres LGBT+, avec l’objectif de couvrir tout le territoire, y compris les zones rurales et l’outre-mer. La France compte actuellement trente-cinq centres. D’ici 2027, dix nouveaux verront le jour grâce à cette enveloppe, indique le cabinet d’Isabelle Rome. À l'image du centre de Tours, attaqué six fois en deux mois et demi, les centres sont souvent la cible de la haine LGBTphobe.
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Autre mesure : la mise en place dès la rentrée prochaine d’un formulaire scolaire inclusif. En septembre prochain, les élèves élevé·es par des couples d’hommes ou de femmes pourront indiquer qu’ils ont deux papas ou deux mamans. Pour lutter contre le harcèlement scolaire à caractère homophobe, le plan prévoit aussi de développer les ressources sur la prévention afin de renforcer la formation des équipes pédagogiques, mais aussi de mettre en place des adultes référents dans les collèges et les lycées. « La majorité des LGBTIphobies en milieu scolaire ont lieu au collège (34 %) et au lycée (35 %). Elles se manifestent surtout par du rejet, des insultes, notamment via l’utilisation de stéréotypes de genre, ou encore du harcèlement, notamment sur les réseaux sociaux », soulignait SOS homophobie dans son dernier rapport publié mi-mai.
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En mai toujours, à l'occasion de la journée mondiale contre l'homophobie et la transphobie, le ministère de l'Éducation nationale avait d'ailleurs dévoilé une nouvelle campagne de sensibilisation, composée d'une affiche, d'un guide d'accompagnement à l'usage de l'ensemble des personnels et d'un service d'écoute et d'aide à distance. Une prise de parole ministérielle qui intervenait quelques mois après le suicide du jeune Lucas, 13 ans, cible du harcèlement homophobe de certain·es de ses camarades.
Le gouvernement compte aussi « mieux intégrer » les problématiques des couples de même sexe dans le cadre des campagnes de sensibilisation sur les violences conjugales d’ici 2024. Le plan prévoit le déploiement d’une campagne de communication et la mise en place d'un groupe de travail semestriel réunissant des ministères et associations, afin de mieux prendre en compte les spécificités liées aux violences conjugales dans les couples de même sexe.