Le ministère des Solidarités a annoncé, en fin de semaine dernière, la revalorisation de 50% de la pension alimentaire minimale, la faisant passer de 116 à 174 euros dès le mois de novembre. Une promesse du président-candidat Macron.
Le coup de pouce, promis lors de la campagne présidentielle par le candidat Emmanuel Macron, tombe à pic dans cette période d'inflation. Selon la feuille de route du ministère des Solidarités de Jean-Christophe Combe, la revalorisation de 50% de la pension alimentaire minimale interviendra « dès novembre ». Cette prestation versée par la caisse d'allocation familiale (CAF), soit pour compléter les petites pensions, soit en cas de non-paiement par le parent débiteur passera ainsi de 116 à 174 euros par enfant et par mois.
Durant le précédent quinquénat, Emmanuel Macron s'était atelé à l'injustice des impayés de pensions alimentaires, via la création d'un « service public » dédié. Depuis mars 2022, la CAF est ainsi médiateur financier entre les parents divorcés, ce qui permet aux parents qui perçoivent ces pensions de ne plus avoir à courir après leur ex-époux·se pour le recouvrement des sommes dues. En cas de non-paiement, la CAF se substitue aux mauvais·es payeur·ses afin que l'autre parent ne se retrouve pas en difficulté, le temps de régulariser la situation. Dans leur grande majorité (97%), ces parents qui ont la charge de leurs enfants et perçoivent des pensions sont des mères célibataires. Le système devrait être généralisé aux ex-couples non mariés ou dont le divorce n'a pas encore été prononcé en 2023.
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Mais un autre axe de travail permettant de renforcer l'équité de ces pensions alimentaires est sur la table des parlementaires : la députée MoDem (majorité) Aude Luquet a émis une proposition de loi pour inverser le régime fiscal de la pension alimentaire. Actuellement, le parent bénéficiaire doit déclarer à l'administration fiscale ces pensions (comme il bénéficie des parts fiscales des enfants à charge), qui intègrent donc son revenu imposable. A l'inverse, le parent qui verse la pension peut déduire cette somme de son revenu imposable. Or, explique la députée de Seine-et-Marne dans l'introduction de sa proposition de loi : « Il apparaît que le père verse une pension alimentaire parce que ses ressources sont supérieures à celles de la mère. Rappelons qu’aujourd’hui encore, les revenus des femmes sont largement inférieurs à ceux des hommes : compte tenu des inégalités en termes de volume de travail, les femmes perçoivent en moyenne une rémunération inférieure de 28,5 % à celle des hommes. » Aude Luquet souligne aussi que selon l'INSEE, « le revenu médian des femmes après une séparation se détériore de 31 % contre seulement 6 % pour les hommes ».
La défiscalisation, une proposition qui rassemble, d'Oxfam à… Valérie Pécresse
Pour remédier à ces inégalités dans un contexte où « il est rare que la pension alimentaire couvre le coût réel de la charge des enfants vivant dans le foyer », Aude Luquet propose donc de défiscaliser la pension alimentaire perçue. Elle a fixé une limite à cette défiscalisation de « 4 000 euros par enfant et par an, soit un versement d’un peu plus de 300 euros par mois ». La députée propose aussi de plafonner cet avantage à 12 000 euros par foyer, dans le cas où plusieurs pensions seraient versées pour plusieurs enfants. Afin de ne pas créer « de perte de recettes pour le budget de l’État », la proposition de loi envisage, a contrario, de ne plus « autoriser la déduction du versement des sommes correspondant à la pension alimentaire ». En d'autres termes, la défiscalisation des pensions alimentaires perçues serait compensée par la fiscalisation des pensions alimentaires distribuées, dans la limite du seuil précédemment cité.
Cette proposition n'est pas nouvelle : lors de la campagne présidentielle ce printemps, c'est la candidate Les Républicains Valérie Pécresse qui l'avait intégrée à son programme. Oxfam France l'avait également soumise en décembre 2021, à l'occasion de la publication de son Manifeste fiscal, juste, vert et féministe. L'ONG présentait l'argument de la « double peine » des mères célibataires : « Elles doivent non seulement intégrer les montants perçus dans leur revenu imposable et donc payer plus d’impôts, alors qu’il ne s’agit pas de leur revenu, mais d’une participation de l’ex-conjoint destiné à l’éducation de leur enfant ; mais elles peuvent aussi, par ce biais, perdre le bénéfice de certaines prestations sociales, comme par exemple l’aide au logement. »
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Aude Luquet souligne quant à elle que le système est déjà en vigueur dans plusieurs pays, comme au Canada depuis les années 90. Selon les informations de Capital, sa proposition de loi sera intégrée à l’ordre du jour de la niche parlementaire dédiée au groupe MoDem le 6 octobre prochain.