Chaque mois, un chercheur, une chercheuse, nous raconte sa thèse sans jargonner. L’historienne Caroline Muller a soutenu la sienne sur la direction de conscience, dans laquelle elle s’est interrogée sur les préoccupations quotidiennes des jeunes femmes du XIXe siècle dans leur intimité.

Causette : Qu’est-ce qu’un directeur de conscience ?
Caroline Muller : C’est un conseiller, censé tenir son autorité de Dieu et chargé de guider les hommes et les femmes dans leur vie spirituelle. Il ne faut pas confondre cette pratique avec la confession. Ce n’est pas obligatoire et on peut y livrer ce qu’on ne peut dire ailleurs. Les femmes les interrogent au sujet des nombreuses règles sociales, morales, religieuses… qui leur sont imposées. Par exemple, doivent-elles refuser d’aller au bal pour respecter la moralité alors même que c’est nécessaire pour entretenir les relations amicales et mondaines ? Elles confient aussi les souffrances liées à toutes ces obligations. C’est une pratique spirituelle… de soi.
En étudiant les lettres de ces femmes catholiques du XIXe siècle, on a accès à des confidences très intimes. N’étant pas limitées, elles se[…]