Mis en examen en 2021, Grégoire Chassaing sera jugé pour homicide involontaire en juin prochain. Au même moment, il sera promu chef de la circonscription de police nationale de Lyon.
Grégoire Chassaing, commissaire à la tête de l’opération accusée d’avoir causé la mort de Steve Caniço, sera jugé à partir du 10 juin prochain pour homicide involontaire au tribunal correctionnel de Rennes. Dix jours plus tôt, le policier de 53 ans se verra nommé chef de la circonscription de police nationale de Lyon, selon les informations du quotidien régional La Montagne.
Steve Caniço, animateur périscolaire de 24 ans, avait été porté disparu dans la nuit du 21 au 22 juin 2019, à la suite d’une intervention policière qui avait pour but de mettre fin à une soirée techno sur les quais de la Loire, à Nantes. Les forces de l’ordre avaient chargé les fêtard·es et lancé des grenades lacrymogènes, des balles de défense (LBD) et des grenades de désencerclement. Cette intervention avait entraîné la chute de sept personnes dans le fleuve. Le corps de Steve Caniço n’avait été retrouvé que le 29 juillet, quelques kilomètres plus loin.
Le 19 décembre 2023, la décision avait été rendue de renvoyer Grégoire Chassaing au tribunal correctionnel pour homicide involontaire. Les six autres policiers qui avaient été mis en examen ont, eux, bénéficié d’un non-lieu. D’après le procureur de la République Philippe Astruc, la nuit de la Fête de la musique 2019, le commissaire Chassaing avait continué d’ordonner des charges armées, alors que les quais n’étaient pas protégés par des barrières et que d’autres solutions auraient pu être envisagées.
Une mutation déroutante
L’annonce de la future mutation du policier a suscité la réaction de Cécile de Oliveira, l’avocate de la famille de Steve Caniço portée partie civile, dans le quotidien Ouest France : “La famille [de la victime, ndlr] apprend avec étonnement la promotion de monsieur Chassaing à un poste à responsabilité nationale, avec de probables missions d’ordre public, dans le contexte particulièrement difficile de la sécurité en France, déplore-t-elle. La famille entend rester à distance des questions administratives et disciplinaires concernant M. Chassaing. Mais il est très douloureux pour elle d’entendre aujourd’hui parler de promotion, alors même que le calendrier judiciaire est connu depuis déjà deux semaines…”
Cécile de Oliveira s’est dite stupéfaite par “la gestion de la carrière de M. Chassaing par la police nationale, alors même qu’il est mis en cause dans une affaire gravissime”, pointant un “calendrier qui le fait changer de poste à quelques jours d’une audience qui pourrait déboucher sur une décision susceptible de le gêner, voire de l’empêcher dans ses fonctions de policier”.
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